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7 ans ferme pour le papa tortionnaire

Comment qualifier un père qui torture son bébé de quatre mois jusqu'à lui laisser un corps violet? Aidez-nous!

L'auteur de coups et blessures volontaires ayant entraîné l'établissement d'un certificat médical de 21 jours sur la personne de son propre bébé de... quatre mois, soit 16 semaines à peine, ignorait tout de la justice, des procédures et surtout de Abdelhamid Bourezg, le redoutable président de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) et de son soldat «Kassem», le procureur.
La maman, qui a déposé plainte, a fait pleurer l'assistance en racontant la centaine de coups au niveau du visage, de tout le corps et surtout les fesses où pas moins de 20 bleus ont été relevés.
«Il a pris, à son âge, sa fillette qu'il a jetée à plat-ventre sur une table et a commencé un rite macabre de coups violents enveloppés de cris désespérés du bébé qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait!», a pleuré la mère qui n'a pas vu les larmes couler le long des joues de l'assistance, y compris d'un policier en faction dans la salle et d'une... détenue qui attendait son procès sur le banc réservé aux détenues femmes.
La maman avait dénoncé le sang-froid et la froideur de son mari qui ne voulait pas arrêter de battre le bébé.
Le visage fermé (pour une fois), le juge brun posera une demi-douzaine de questions relatives au pourquoi, quand où et surtout à quel moment de la journée?
L'épouse avait le coeur plein et répondait dans le désordre.
D'ailleurs, elle semblait se ficher de ces questions. L'essentiel pour elle était de raconter, raconter, raconter, histoire de se défouler et dégager la douleur qui la rongeait. L'inculpé, qu'une personne présente dans la salle avait appelé «père indigne», n'avait pas d'arguments en guise de circonstances atténuantes. Et puis, quelles circonstances atténuantes? aucune! Aux yeux de la loi et d'Allah! Et ce n'est pas Bourezg, ce juge au sens civique remarqué qui va verser une larme pour lui. C'était atroce comme récit. L'émotion avait noyé toute la salle. Une jeune avocate quitte précipitamment le siège pour la salle des pas perdus. Les pleurs et les sanglots se faisaient entendre. Seule la mine triste mais gardant son attitude d'un juge qui sait écouter, Bourezg faisait, de temps à autre, un commentaire: «C'est diabolique et qu'on ne vienne pas me raconter des versets ou hadiths, car toute violence est proscrite. Allah est le bien; la richesse de l'âme. Il est Amour, Miséricordieux, Sympathique (Latif), Tolérant (mais jamais dans ce cas d'espèce!) etc...
La maman, elle, était passée à la vitesse supérieure avant d'effectuer une chute de son récit qui allait laisser l'assistance bouche-bée:
«Et après avoir bien massacré son bébé, notre enfant, monsieur est allé se rasseoir au salon en fumant une ´´chicha´´ comme s'il venait d'achever une oeuvre d'art que personne n'a réussi!», dit-elle en larmes.
C'est à ce moment-là que le juge tourna la tête vers Kassem, le procureur, qui articula: «Incompétence du tribunal, à défaut, cinq années d'emprisonnement fermes, le maximum de la peine prévue dans l'article inhérent au délit.»
Ce ne sera pas l'avis de Abdelhamid Bourezg que d'aller vers l'incompétence car il sait par expérience que la «criminelle», c'est l'intime conviction et d'autres facteurs qui peuvent baisser la peine.
Il décide, sur le siège, de requalifier le délit et d'aller vers l'article 270 (ordonnance 75-47 du 17 juin 1975) qui dispose que: «Lorsqu'il est résulté des coups, blessures, violences, voies de fait ou privations visés à l'article précédent, une maladie, une immobilisation ou une incapacité totale de travail de plus de 15 jours ou s'il y a eu préméditation ou guet-apens, la peine est de trois à 10 ans d'emprisonnement et de 500 à 6000 DA d'amende.»
Sur ce, le juge inflige, sans sourciller, sept ans d'emprisonnement ferme pour coups et blessures volontaires ayant causé une maladie de 21 jours.
Abdenour blêmit. Il venait de réaliser la portée de son acte alors qu'une jeune avocate, maman de deux garçons, balança: «Ce genre de délits ne devrait pas être classé dans la liste de délinquants à gracier!».
Bourezg leva la tête: «Qui vient de troubler le débat? Nul n'a le droit de parler au moment et après la lecture du dispositif!».
La salle resta muette. Le condamné est ramené avec les autres codétenus dont, nous
dit-on, certains avaient voulu lui balancer une raclée, histoire qu'il comprenne sa douleur!

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