L'Expression

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À UN AN DE L´ELECTION PRÉSIDENTIELLE

Les dérives de la droite en France

«Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter»

Moins d´un an avant l´échéance des présidentielles en France, les candidats à la candidature présidentielle fourbissent leurs armes. Si on devait analyser leur programme électoral, force est de constater qu´ils ne brillent pas par leur imagination. Dans cet article, nous présentons trois figures de proue de la droite et de l´extrême droite en France. La position de Jean-Marie le Pen est connue et reconnue s´agissant de la lutte contre les émigrés, mais ses positions sur l´Islam sont plus nuancées que celles de deux personnalités dont nous allons décrire le sacerdoce. Jean-Marie Le Pen qui aime les «Arabes chez eux» - Il a rendu visite à Saddam Hussein au plus fort de la guerre du Golfe - est pour une France pure.
Parmi les nouveaux venus, le premier, le plus couru et courtisé à dessein par la presse, Nicolas Sarkozy, immigré lui aussi de la deuxième génération, s´en prend à des immigrés comme lui, mais venant d´une autre planète spirituelle et temporelle. En clair, son cheval de bataille est l´immigration, thème porteur s´il en est, puisque tous les hommes politiques s´y engouffrent. Ecoutons une de ses tirades -véritable cri du coeur: «...On en a plus qu´assez d´avoir en permanence le sentiment de s´excuser d´être français. On ne peut pas changer ses lois, ses coutumes parce qu´elles ne plaisent pas à une infime minorité», «Si certains n´aiment pas la France, qu´ils ne se gênent pas pour la quitter», a-t-il lancé. Cette phrase rappelle le slogan de Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF): «La France, tu l´aimes ou tu la quittes».
Par ailleurs, dans sa lutte contre les faibles, le ministre de l´intérieur, qui s´apprête à présenter son projet de loi sur l´immigration, a de nouveau proposé «qu´on supprime les régularisations au fil de l´eau», c´est-à-dire les régularisations quasiment automatiques au bout de dix ans de présence en France.

Laïcité à géométrie variable

Ce que M.Sarkozy oublie de dire c´est que ces immigrés diabolisés, qui en sont à leur sixième génération, sont toujours assignés à demeurer frappés du sceau de la honte et de l´infamie puisqu´ils ne sont pas cultuellement et culturellement assimilables. Eux aussi, ils ont, à leur façon, plus qu´assez de décliner leur identité de français à chaque contrôle de police ciblé, basé, on l´aura compris, sur le faciès qui est, naturellement, un délit. Plus qu´assez d´en rajouter pour être intégrable en gommant leurs aspérités identitaires et religieuses pour fondre dans la masse.
D´une façon insidieuse, la société française brise leur velléité de garder leur statut personnel au nom de la laïcité dont on connaît à présent les contours. Une laïcité de façade qui a permis à la république - censée être équidistante des religions - de laïciser les attributs de l´Eglise. Si on garde le jour du Seigneur comme jour de repos, la Noël, Pâques, la Pentecôte, la Toussaint comme jours fériés, que demande de plus le citoyen pour se donner un vernis de laïcité tout en gardant les attributs essentiels de sa religion. On sait comment la proposition de Bernard Stasi de fêter l´Aïd El Kébir comme «compensation» à l´interdiction du foulard a été descendue en flammes unanimement (les 570 députés de gauche à la droite en passant par les Verts ), ont voté comme un seul homme contre le foulard islamique.(1).
Sur ce chapitre de la laïcité à géométrie variable, le discours de Philippe de Villiers est ambigu. Le président du Mouvement pour la France (MPF), tête de liste aux élections européennes, estime que le «rappel» des «racines chrétiennes» ne nuit «en rien à la laïcité».Je m´étonne de ce refus de reconnaître une évidence historique dont le rappel ne (nuit) en rien à la laïcité à laquelle nous sommes attachés», «Quelle Europe peut-on construire demain si on commence par nier son histoire?», le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait déclaré que la France n´était pas «hostile» à une référence au christianisme dans la Constitution européenne, mais qu´elle souhaitait «un consensus». De Villiers écrit à Barnier à propos des «racines chrétiennes» de l´Europe.
D´ailleurs dans un courrier adressé le 29 mai 2004, au ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, M.de Villiers s´étonne du «refus» du chef de la diplomatie de «citer les racines chrétiennes de l´Europe auxquelles se rattache une majorité d´Européens, ne serait-ce qu´à égalité avec l´humanisme, chacun pouvant reconnaître son appartenance propre». «Vouloir l´occulter, c´est vouloir construire une Europe en apesanteur (...) Je n´ose croire que ce soit pour faciliter l´adhésion de la Turquie à l´UE que l´on refuse» cette mention, a ajouté M.de Villiers. L´expression «club chrétien» a été inventée par Erdogan. C´est de la propagande turque! Il n´y a pas de «club chrétien» en Europe. L´Europe est un ensemble de pays laïques. En revanche, il y a un problème islamiste en Turquie. L´imam du XIe arrondissement de Paris va être renvoyé en Turquie: qu´en sera-t-il quand la Turquie sera dans l´UE? (2).
Le président du Mouvement pour la France (MPF), intervenant sur Europe 1, a de nouveau rejeté la main tendue par Jean-Marie Le Pen en vue d´une «coalition des patriotes». «Je ne fais jamais confiance à un homme politique qui propose de doter l´Iran, mené par un fou furieux, de la bombe atomique islamique», a-t-il dit pour justifier sa défiance à l´égard du président du Front national.(3).
«Je suis le seul homme politique à dire la vérité aux Français sur l´islamisation de la France», a-t-il ajouté. Dans les Mosquées de Roissy, un livre à paraître jeudi, Philippe de Villiers affirme que le premier site aéroportuaire français a été infiltré par des centaines d´employés aux opinions radicales. «Il y a aujourd´hui une situation explosive à l´aéroport de Roissy.»
Lui répondant, Nicolas Sarkozy s´était rendu à l´aéroport parisien en compagnie du ministre des Transports, Dominique Perben. Le ministre de l´Intérieur y a notamment affirmé que l´alerte antiterroriste était «au niveau maximum depuis des mois» et que les forces de l´ordre avaient pris des mesures face aux dossiers sensibles, qui concernent 122 employés sur 83 000. (3).
Naturellement, Les Mosquées de Roissy suscite de vives réactions de la part de Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, et des protestations du syndicat SUD aérien. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a réclamé la vérité à propos des accusations d´infiltrations islamistes dans les aéroports. «Est-ce une révélation, une provocation, un mensonge? Nous voulons la vérité», a exigé le recteur de la grande mosquée de Paris. Il a aussi dénoncé «la caricature outrée et outrancière» de l´islam faite par Philippe de Villiers, candidat à la présidentielle de 2007.
Parallèlement, le président du MPF a jugé que «l´islam n´est pas compatible avec la République», affirmant: «je pense qu´il y a des musulmans modérés, c´est même l´immense majorité. Je ne crois pas qu´il y ait un islam modéré». «Je crois que l´islam n´est pas compatible avec la République», en raison des «trois principes de l´islam : l´ouma, la charia, et enfin le djihad», a-t-il expliqué. Affirmant que le débat sur l´islamisation du pays est tabou, il a notamment réclamé un moratoire sur la construction de mosquées, le démantèlement du CFCM et la fin de l´immigration, qu´elle soit subie ou choisie.
«Assimiler l´islam au jihad, c´est un peu court, il y a longtemps qu´on ne parle plus de l´islam de cette manière-là», a relevé Dalil Boubakeur, en dénonçant «les approximations, les partis pris et la désinformation qui entourent l´islam et les musulmans». «Cette caricature outrée et outrancière de l´islam est tellement excessive et absurde qu´elle ne mérite que haussements d´épaule et mépris», a-t-il poursuivi. La France a environ 10% de musulmans dans sa population et quelque 70.000 musulmans ont été tués à Verdun durant la Première guerre mondiale «pour défendre les valeurs républicaines de la France». On voit avec quel argumentaire, quelle force et protestation, naturellement inaudible, le président du CFCM compte rétablir la vérité.

«Racaille» et«sauvageons»

M.de Villiers n´en est pas à sa première agression envers ces Français de second collège. Pour lui les émeutes de novembre - véritable cri de désespoir des jeunes - est une expression de l´islamisation des banlieues. La finalité de l´excommunion des jeunes beurs est la même que celle de Sarkozy pour qui ces jeunes français c´est de la racaille. Des sauvageons a dit en son temps Jean-Pierre Chevènement...(4)
Ainsi, là où il y a un réel problème de société, là où l´intégration à la française s´apparente à une désintégration identitaire, Philippe de Villiers voit dans les évènements les preuves flagrantes de l´islamisation progressive de la société française. L´argumentaire est bien rodé, citons quelques faits d´islamisation de la France:
- les révélations sur l´explosion des mariages forcés concernant 120.000 jeunes filles originaires de l´Afrique subsaharienne, du Maghreb et de Turquie,
- les émeutes urbaines à Clichy-sous-Bois, prémices de la guerre civile qui menace la France,
- la diffusion de documents administratifs rédigés en arabe par l´ANPE pour les 430.000 étrangers demandeurs d´emploi,
- la prolifération des «rayons hallal» dans les supermarchés.
Il faut se demander en définitive d´où vient cette haine pour des citoyens aussi français que les autres dont les ascendants ont donné leurs vies, leurs bras et leurs neurones pour le rayonnement mondial de la France. L´explication est peut-être dans l´idéologie profonde de la droite. Ce texte de Malraux explique en creux le choc des civilisations prophétisé quanrante ans plus tard par Sameul Huntington. La prophétie de Malraux est sans appel et sans concession pour l´Islam. Lisons la: «La nature d´une civilisation, c´est ce qui s´agrège autour d´une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera.» «C´est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l´islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l´origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme ni les organisations patronales ou ouvrières n´ont trouvé la réponse. De même aujourd´hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l´islam. En théorie, la solution paraît d´ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l´aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d´Etat. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s´établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis «musulmane», je pense moins aux structures religieuses qu´aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet.
«Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu´en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l´islam, si elles avaient été appliquées à temps. Actuellement, il est trop tard! Les «misérables» ont d´ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l´intérieur d´une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d´eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l´avenir de leur race. L´Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c´est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d´en retarder l´évolution». (5).
* Ecole nationale polytechnique

(1). AFP. Pour Nicolas Sarkozy, «si certains n´aiment pas la France, qu´ils ne se gênent pas pour la quitter», Le Monde du 23 avril 2006.
(2). Interview de Philippe de Villiers Les Français sont-ils devenus anti-européens? propos recueillis par Christophe Barbier et Alain Louyot, L´Express du 31/05/2004.
3. Julien Bordier. Philippe de Villiers s´en prend au péril islamiste Reuters lundi 24 avril 2006.
4. Communiqués de presse de Philippe de Villiers 28/10/2005.
5. André Malraux, le 3 juin 1956. Elisabeth de Miribel, transcription par sténo Institut Charles de Gaulle. Valeurs Actuelles n°3395.

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