L’IAAF INTERVIENT
L’athlétisme proche de la suspension
C’est là une navrante situation qui aurait dû être évitée par l’utilisation d’une démarche plus pragmatique.
Le sport algérien est sur le point d´être exclu de toutes les compétitions internationales au niveau de le première des disciplines olympiques: l´athlétisme. Ce que l´on avait craint s´est finalement produit, à savoir que la Fédération internationale d´athlétisme (IAAF) a décidé de s´impliquer dans l´affaire qui a conduit le ministère algérien de la Jeunesse et des Sports à suspendre le président et le bureau fédéral de la Fédération algérienne d´athlétisme et à préparer une assemblée générale élective en vue de les remplacer. L´IAAF a saisi par courrier le président de la FAA, celui là même qui a été suspendu, M.Toufik Chaouch Teyara de même que les services du MJS pour leur faire savoir qu´elle ne reconnaîtrait aucune autre structure que celle qui était en place et qu´en cas de refus, l´Algérie ne pourrait plus participer à une compétition internationale en athlétisme. On imagine ce qu´une telle menace signifie. Nos athlètes ne pourront plus prendre part à tous les meetings et réunions qui sont organisés à travers la planète. A quelques mois du début des Jeux africains que notre pays organise cela ferait désordre, puisque l´IAAF ne reconnaissant pas la FAA, l´athlétisme sera rayé du programme. Dans une compétition qui se déroule sous l´égide du CIO, une telle éventualité ternirait l´image de marque de notre pays à l´étranger. Des jeux sans la discipline reine, voilà le risque encouru par notre pays.
Le MJS a ses raisons de suspendre le président et le bureau fédéral de la FAA. Des raisons qu´il met sur le compte «d´une mauvaise gestion et d´une régression de l´athlétisme algérien». Pour la mauvaise gestion, on a toujours pensé que la structure qui devait en premier lieu juger ces gens, était celle qui les avait investis de sa confiance en votant pour eux, à savoir l´assemblée générale de la FAA. Ceci conformément aux dispositions de la loi 90-31 sur les associations qui fait de l´assemblée générale, l´organe souverain d´une fédération. On ajoutera que ceux qui ont eu à gérer, doivent toujours venir présenter et défendre leurs bilans devant l´AG. Pour ce qui de la régression, il est tout de même paradoxal que le ministère ait fait mention de cette raison alors que son premier responsable, comme l´a affirmé Chaouch Teyara, avait fait part de ses encouragements pour la discipline lorsqu´au début de l´année fut organisée une cérémonie de récompenses pour les sportifs qui s´étaient illustrés et au cours de laquelle l´athlétisme avait été parmi les plus titrées. Toujours est-il que selon les dispositions de la loi 04-10 sur le sport, tout responsable sportif ayant fait l´objet d´une sanction disciplinaire a le droit d´introduire un recours. Or, dans la démarche suivie par le ministère on a l´impression que tout a été bouclé avant même que toutes les voies de recours aient été utilisées, puisqu´un directoire a été installé à la tête de la FAA avec pour mission de préparer une assemblée générale élective dans un mois. Il semblerait, d´ailleurs, que l´IAAF ait fait montre de sa surprise de voir qu´une assemblée générale extraordinaire de la FAA n´ait pas été organisée pour permettre à ceux que l´on veut sanctionner, de se défendre.
Cette affaire est intervenue à quelques jours seulement de la tenue d´un colloque international organisé par le Comité international olympique sur l´autonomie du mouvement olympique et sportif vis-à-vis des pouvoirs publics. Ce colloque, qui s´est déroulé ces jeudi et vendredi à Lausanne, a abouti à une résolution qui invite les Fédérations sportives internationales à garantir par le biais de leurs statuts cette autonomie. Comme quoi cela ne touchera plus seulement le football et l´athlétisme mais bien toutes les disciplines. Pendant ce temps, Chaouch Teyara se dit être le véritable patron de l´athlétisme algérien, mission que lui a confiée l´assemblée générale de la FAA. Privé des bureaux de celle-ci (on a changé les serrures), il s´apprête à ouvrir un bureau en ville de manière à donner une adresse à l´IAAFpour que cette dernière puisse lui envoyer son courrier. Une navrante situation qui aurait dût être évitée par l´utilisation d´une démarche beaucoup plus pragmatique. En tout cas cela n´est pas sans nous rappeler ce qui s´était passé avec le football au début des années 90 lorsque le MJS avait procédé à la suspension du bureau fédéral de la FAF, puis à l´élection d´une nouvelle équipe dirigeante. Une équipe dont le mandat n´avait pas excédé un mois puisque sur intervention de la FIFA, elle avait du quitter la scène. Cela avait eu lieu à une époque où les AG de la FAF se déroulaient à une allure vertigineuse, des AG qui avaient trop coûté au Trésor public.