L'Expression

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Bouira

Virée à travers la commune de Saharidj

Ce temps privilégié, lumineux et éthéré, contraste singulièrement avec celui des derniers jours, couverts et venteux.

La joie est dans tous les coeurs et n'a d'autre raison d'y être que la perspective d'une belle journée. Dans le parc de la wilaya, le babil du groupe de journalistes qui attend l'heure du départ pour Saharidj, une localité à l'est de la wilaya, figurant dans le programme de visite du wali, est joyeux. Cet état d'âme se prolonge encore lorsque nous nous mettons en route. Des deux côtés de l'autoroute, ce n'est que champs, près, bois, collines et monts où le vert domine de façon ininterrompue et profonde. La plaine du Sahel qui commence bien avant El Esnam et se poursuit sans fin en direction de Béjaïa se fond harmonieusement dans cette mer de verdure qui, si elle ondoie, ne paraît l'être que par l'effet du relief et non par un quelconque souffle du vent. Ce temps privilégié, lumineux et éthéré, contraste singulièrement avec celui des derniers jours, couverts et venteux. Et que dire de celui de l'année dernière où l'été avait semblé commencer en mars, et où pour nos céréaliers catastrophés, la «messe» avait été dite bien avant ce mois? Mais pourquoi nous troubler par d'aussi lugubres souvenirs quand tout invite à la détente et à la réjouissance?
Abondance d'eau
Nous avons pris un raccourci pour atteindre la commune de Saharidj. Paradoxalement, parce que ce chemin est jalonné de nombreuses étapes, il a paru plus long encore. Quand nous atteindrons Saharidj, but ultime de notre équipée, nous ne serons pas seulement reclus de fatigue, mais l'après sera assez avancé. Mais n'est-ce pas, là une loi? Toute journée, aussi belle soit-elle, à moins qu'elle ne soit dédiée volontairement à quelque vice, doit être consacrée au travail. Et pour nous qui nous plions sans contrainte à cette règle, tout est clair quant à cela. Si le but des responsables que nous accompagnons dans cette visite est de faire en sorte que le citoyen ne se plaigne de rien, c'est-à-dire qu'il ne manque ni eau, ni gaz, ni électricité, le nôtre qui devons rendre compte de tout, est de tout voir, tout entendre et de tout noter. Sans bien entendu rien perdre des paysages grandioses que nous traversons. Nous voilà donc engagés dans une étroite vallée où coule un oued aux eaux rapides et transparentes. Ce cours d'eau qui descend de Lala Khédidja qui culmine à plus de 2 300m a un nom: oued El Bared. Défilent de part et d'autre de notre route des tableaux où l'on voudrait s'arrêter à chaque tour de roue pour les contempler. Hélas, par endroits, la terre se découvre et Hakim, notre voisin de gauche, nous explique la raison de ce dénuement: ici le sol est sujet à des glissements. Pendant les saisons de pluies, surtout. La route elle-même qui est un chemin communal a besoin de réfection.
Depuis combien de temps, nous cheminons ainsi? Notre voisin qui est d'une extrême obligeance confirme ce que nous devinons, à savoir que le chemin vicinal qui conduit jusqu'à Illithène, le village voisin, est le moyen le plus rapide pour atteindre Saharidj et que, suite aux revendications des citoyens, le wali avait promis de s'en occuper dans les plus brefs délais. Et puis, soudain, au milieu de cette conversation, un coup de frein. Le convoi s'arrête et nous voilà tous dehors. Une passerelle datant de l'époque coloniale enjambe la petite rivière. Des gens l'empruntent pour venir en délégation accueillir le wali. Quand nous la prenons à notre tour, la directrice de l'hydraulique, au milieu du passage, s'est déjà emparée d'un micro et donne d'utiles indications sur cet ouvrage au milieu du cours d'eau. C'est une cuve. Le courant est assez violent et par endroit, la sécurité n'est plus garantie. Aussi ne se penche-t-on d'un côté ou de l'autre qu'avec prudence. Le débit, crachote le micro, est estimé à 22 millions de m3/an. En un peu plus d'un an, il remplirait le barrage de oued Lakhal (Aïn Bessem), en un peu plus de sept ans, il remplirait celui de Tilzdit (Bechloul), et en 29 ans, Koudiet Acerdoune (Maala), s'il était raccordé à ces trois barrages. Toutes ces eaux qui filent à vive allure vers leur destin qui est de finir dans la mer, servaient, autrefois, à irriguer 120 ha dans la plaine du Sahel, selon un citoyen de la commune. Les réservoirs de 250 m3 chacun permettront désormais de réhabiliter cette pratique, selon les données fournies par les responsables du secteur.
Produire aussi
de l'électricité
La nouvelle nous aurait renversés si nous n'étions pas au courant. Mais nous l'étions, et ce, d'autant plus que nous avions déjà visité le site par le passé. Selon l'aperçu donné à cette occasion, la centrale, située sur la rive droite de l'oued, est équipée de trois groupes. Deux d'entre eux sont en panne. Malgré cette défaillance technique qui affecte deux de ses turbines, l'unité produit 8 mégawatts. Un court entretien avec le technicien principal, Samir Chergui, nous a permis d'étoffer nos connaissances à ce sujet. L'eau arrive de la retenue collinaire réalisée tout en haut, sur le flanc nord de la montagne. Une grosse conduite l'amène jusqu'ici, visible seulement dans les derniers mètres qui la séparent de la centrale. Une autre centrale, beaucoup plus grande se trouve également en haut. Mais déclassée depuis longtemps, faute d'eau sans doute, elle n'en reçoit plus de la retenue collinaire, d'une capacité estimée par notre interlocuteur à 6 000 m3. La quantité d'électricité produite est estimée, elle, à 8 mégawatts et fluctue en fonction de la quantité d'eau fournie par la retenue collinaire. Elle est ensuite «injectée dans le réseau de 30 000 volts», déclare notre source. Cette opération s'appelle un piquage.
Le convoi reprend la route en direction d'Illithène. Deux chevaux, imperturbables, s'attaquent aux feuilles d'un arbuste sans se soucier de nous et des enjeux socio-économiques qui nous font courir sur ce trajet de 13 km. De l'eau et de la pâture, eux ne risquent jamais d'en manquer tant qu'il y aura la forêt, d'un côté et oued El Bared, de l'autre. La route, s'élevant progressivement, nous ne sommes plus au fond de la vallée, mais roulant à flanc de montagne, ce qui nous donne, autant que cela peut se faire et se dire, une vue en trois dimensions: la vallée qui serpente à nos pieds, le flanc de la montagne sur notre gauche et la montagne, au- dessus de nous, où persistent encore ici et là de petits tas de neige. Le village qui est M'Zarir, et qui a connu deux massifs exodes ruraux, explique notre voisin de siège. Deux mille âmes y vivent encore. L'isolement commençant à desserrer son étau, sous la pression du progrès, un retour timide de ses habitants s'opère.
De M'Zarir
à Talarana
Les voitures laissées en haut, le chemin se fait à pied jusqu'à cette structure de la dimension d'un stade qu'on appelle le «bassin». C'est dans cette enceinte que le projet d'alimentation en AEP de six communes a lieu. Nous pensons avoir relevé deux petites erreurs dans le court exposé qui en a été fait par la directrice de l'hydraulique. La même, trois jours plutôt, lors de la visite du ministre de l'Hydraulique, en présentant un état complet des lieux sur son secteur a parlé de six communes et, à propos de la source Aberkane qui doit les alimenter, d'un débit de 500 l/s en été et de 1 000 l/s en hiver. Or, ici devant les villageois de M'Zarir, elle a avancé les chiffres de 5 communes et un débit de 200 l/s. L'eau, grondante et tourbillonnante qui arrive de Ancer Aberkane par une galerie souterraine, réalisée du temps de la colonisation, est, en tout cas, assez forte pour démentir cette information concernant la force de son débit. L'espèce de vanne ou station à laquelle aboutit l'eau en provenance de la source Aberkane, visitée, il a fallu remonter péniblement la pente raide pour atteindre les voitures stationnées le long de la route. La réalisation d'un projet d'électrification qui, affichant partout un taux de 99%, et demeurant, pour ce qui concerne la commune de Saharidj à un taux de 89%, cette situation a suscité l'incompréhension du wali. S'il a, par ailleurs, déclaré sa satisfaction pour la grande majorité des communes qui ont réalisé de grandes performances dans l'exécution du programme 2023, il a, en revanche, pointé du doigt les 13 d'entre elles qui accusent dans ce domaine un grand retard, à l'instar de Aïn El Hadjar, Aïn Bessem, Mesdour etc. Et n'est-ce pas là où, tout en donnant le coup d'envoi du projet de raccordement en gaz pour 131 foyers qu'il a eu ce mot qui donne une idée précise sur sa conception du social: «13 milliards, c'est trop? Mais qu'est-ce qui est donc trop pour le bien-être et la santé du citoyen? À Illithène, il a entre autres projets, inspecté la mosquée du village.
C'est avec un léger retard que nous reprenons la route. Cette fois, ce n'est plus un chemin communal, mais la RN30 qui garde le souvenir des éboulements passés survenus sans doute l'hiver dernier. Quelques km plus loin et nous bifurquons à gauche. La piste que nous empruntons est bonne. Cependant, les trois ou quatre km que nous passons à rouler s'avèrent éprouvants. Non à cause des cahots (Il n'y en pas.), mais à cause de la poussière qui oblige à relever les vitres. Lorsque nous atteignons la source Talarana et regardons vers le sud, c'est le plus beau, le plus époustouflant spectacle qui s'offre à notre vue. La source Talarana est là, à plus de 1400 m d'altitude, selon un natif de l'endroit. Son eau qui pulse à 5 l/s sera captée au profit des localités voisines, ainsi que celle de Fassoussi, toute proche, mais d'un débit inférieur. Le retour via la RN30 nous conduit, cette fois, vers Saharidj où d'autres projets, comme les 120 Logements, dont certains connaissant un taux d'achèvement avancé, ont été inspectés. Étant cette fois plus près de M'Chedallah que d'Illithène et son raccourci, c'est par la ville des M'Chedalli, dynastie de savants, que nous rentrons. Il est près de 15 heures. Nous n'avons pas vu Anser Aberkane. Mais il n'y a pas de quoi se désoler. Elle nous est connue. 

De Quoi j'me Mêle

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