L'Expression

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MOUSSA TOUATI, PRÉSIDENT DU FNA, À L'EXPRESSION

«Un plan de fraude est en cours d'élaboration»

Le président du FNA, Moussa Touati, ne croit pas à la volonté du pouvoir algérien d'organiser des élections législatives transparentes. Il dit que les islamistes sont loin de constituer le danger qu'on tente de faire admettre à l'opinion. Quant au mouvement de redressement qui traverse sa formation, il accuse les autorités de l'avoir fomenté dans l'objectif de déstabiliser le parti.

L'Expression: M.Moussa Touati, commençons notre interview par le commencement. Beaucoup de choses se passent sur le plan politique. Comment évaluez-vous la situation à la lumière de tous ces événements?
Moussa Touati: En réalité, c'est la pire phase politique que n'ait jamais connue le pays ces dernières années. Cette pratique politique n'a pas pu servir d'une manière claire et transparente le côté économique et social du citoyen. C'est cela qui menace aujourd'hui la stabilité de la société et de l'Etat. Le travail politique n'a pas respecté la mission qu'il est censé honorer dont le respect des droits de l'homme, des principes nationaux et les valeurs humaines. C'est cela peut-être qui est devenu aujourd'hui un phénomène qui nuit aux relations entre l'Algérien et son pays ainsi qu'avec ses responsables politiques et administratifs.
Notre évaluation de la situation maintenant est que cette phase est la pire phase de la vie de l'Algérie. Après une expérience de dix ans, période durant laquelle on a souhaité qu'il y ait la croissance économique, le confort social, du fait qu'il y avait des revenus financiers faramineux, accompagnée d'une politique d'exhibition des plus grands projets, ce que l'Algérien a récolté c'est que l'Algérie est en situation de faillite. C'est pourquoi nous disons que c'est la pire des phases politiques.

Cette situation et tous les événements qui se sont produits en Algérie et ailleurs ont poussé le pouvoir algérien à engager une série de réformes. Il dit que les prochaines élections législatives apporteront des solutions à la crise. Quel est votre avis sur la question et comment le FNA se prépare à ces échéances?
Le gouvernement parle de lui-même et non de l'opposition. Il sait qu'il y a des solutions, mais ces solutions doivent émaner de la volonté du peuple algérien et non comme les précédentes, introduites par la fraude, l'exclusion ou la manipulation des voix du peuple algérien. Nous disons que ces élections peuvent apporter des solutions dans le cas où la parole du peuple serait respectée et que c'est le candidat qui représente le peuple qui gère et non que l'élu soit sous la coupe d'un pouvoir administratif ou d'autres autorités. C'est ce qui pourrait peut-être être une solution définitive à cette crise. Car, dans le cas contraire, l'Algérie sera en butte à des catastrophes plus graves et plus dangereuses que celles déjà vécues.

Parmi ces catastrophes, une prise du pouvoir par les islamistes, estiment certains analystes. Et ces élections pourront profiter aux islamistes séduits qu'ils sont par la montée de leurs semblables dans les pays de l'Afrique du Nord. Quel avis portez-vous sur cette question?
Je crois qu'au FNA, on ne craint personne. On ne craint que l'ingérence française qui a été instaurée depuis l'Indépendance à nos jours, et nous sommes à l'approche du 50e anniversaire de l'indépendance, le 19 mars qui est la vraie date de l'indépendance et non le 5 juillet qui est une date où les Français ont envahi l'Algérie en 1830. Cette date travaille les intérêts de la France et non pas ceux de l'Algérie. Pour les islamistes, si le peuple les choisit, qu'on les laisse tranquilles. C'est le peuple qui sanctionne et c'est lui qui cautionne. C'est donc une campagne électorale qui vise à semer la peur dans la société car nous savons que les mosquées ne signifient pas que la religion soit politisée.
Si on regarde les mosquées, il faudrait aussi regarder les stades et lieux de loisirs. Pourquoi on permet à ceux qui fréquentent les stades et les lieux de loisirs d'y aller et ceux qui vont dans les mosquées, on veut les en empêcher. Laissons le choix au peuple, peut-être sera-t-il meilleur que ce que nous croyons aujourd'hui. Nous disons qu'il faut faire de cette échéance, comme la guerre de Libération. Il y avait tous les courants mais ceux qui avaient déclenché la révolution étaient les nationalistes.
Pourquoi ne pas dire donc qu'il y a un courant nationaliste plus fort et que les Algériens se rassembleront autour de ce courant en lieu et place de tel ou tel autre courant. Entre nous et eux, il y a le projet de sortie de crise multidimensionnelle que vit l'Algérie depuis l'Indépen-dance. Le choix est au peuple et on ne doit pas s'autoproclamer son tuteur. On ne peut juger quelqu'un avant qu'il ne prenne le pouvoir.

Comment expliquez-vous la victoire des islamistes dans les pays de l'Afrique du Nord?
Je pense que la victoire de ces courants islamistes dans les pays de l'Afrique du Nord, au Maroc ou en Tunisie, était le début. L'Algérie a connu cette expérience durant les années 1990. Aujourd'hui, nos frères en Tunisie et au Maroc ont voulu expérimenter ce courant qui a dit et dit encore qu'il est, à partir de la religion qui appelle à l'égalité et la fraternité, la meilleure solution pour sortir de la crise dans laquelle ils se débattent. C'est tout. C'est la première expérience chez eux mais il ne faut pas la prendre comme un thermomètre pour l'Algérie et ça ne veut pas dire que les Algériens feront le même choix car on a déjà fait l'expérience.

Le SG du FLN a déclaré que les islamistes n'auront pas plus de 35% des voix des électeurs et le SG du RND a indiqué qu'à moins d'un miracle, les islamistes n'auront jamais la majorité. Comment qualifiez-vous ces déclarations?
Je pense que les deux se font passer pour des devins. Je ne peux donc pas entrer dans les idées et les cerveaux des gens pour déclarer quoi que ce soit. Ce que je dis c'est que le citoyen algérien a la liberté, la souveraineté et le droit de choisir celui qu'il juge bien placé pour apporter une solution à la crise. Moi aussi, je dis que c'est le courant nationaliste qui prendra les destinées de l'Algérie.

De telles déclarations ne laissent-elles pas entendre, à votre avis, que la fraude est en voie de préparation?
On a dit que ceux qui dirigent le pays ne veulent pas respecter la voix des Algériens et par conséquent, on prévoit qu'il y aurait de la fraude. On a dit que le chiffre qu'ils ont annoncé, avançant qu'il y a 21 millions d'Algériens qui vont voter, est gonflé et que cette opération (établissement des listes électorales, Ndlr) n'a pas éliminé les morts, ni les émigrés, ni les corps constitués. Ils ont donc pris environ 3 ou 4 millions de plus pour gonfler les résultats des élections.
C'est connu et ils vont manoeuvrer avec ces 3 ou 4 millions pour manipuler le scrutin. Nous savons qu'il y a un plan de fraude et une étude minutieuse de la méthode de la fraude, mais on sera là pour déjouer ces manoeuvres. La solution n'est pas un gouvernement technocrate mais l'éloignement de l'administration de la gestion et du suivi des élections. On a demandé à ce que cela soit la justice qui assumera cette responsabilité pour que les élections soient transparentes et crédibles et que les fraudeurs soient sévèrement punis.

Observateurs internationaux, implication de la justice dans l'opération et urnes transparentes. Ces garanties ne suffisent-elles pas pour assurer des élections transparentes?
Il ne s'agit pas là de garanties, car les observateurs internationaux ne peuvent pas couvrir tous les bureaux de vote au niveau national. Les juges également. Ils ne sont pas des superviseurs mais seulement des observateurs. Le superviseur doit être sur place et émettre ses jugements sur place et c'est lui qui gère les organisateurs de ces élections. Si on met trois juges dans chaque wilaya, ça ne veut pas dire qu'ils sont des superviseurs mais des observateurs. La supervision est une chose, l'observation en est une autre. Ils restent avec les walis et valident les décisions que prendra l'administration et signent les PV. Donc, on veut que le juge soit le décideur.

La dispersion des démocrates et l'échec des partis au pouvoir ne favorisent-ils justement pas une montée de cette mouvance?
Pensez-vous qu'il y a des démocrates en Algérie?

On vous a posé la question M.Touati, et c'est à vous de répondre....
Je ne pense pas qu'il y a des démocrates en Algérie. Il y a une opposition mais elle joue le même jeu que ceux qui sont au pouvoir. Et s'ils arrivent au pouvoir, ils vont faire pire que ça parce que dans leurs partis il n'y a pas de démocratie. Car, quand on parle de démocratie, elle doit régner au sein des partis eux-mêmes. Les militants sont-ils égaux dans les partis? L'opposition à l'intérieur des partis est-elle écoutée? Ils sont démocrates par des slogans mais il faut montrer qu'ils sont des démocrates dans la pratique en recevant tous les militants sans distinction.
Est-ce que vous voyez ces démocrates circuler dans les rues, parler avec les citoyens? Non, on les lit dans les journaux, on les voit dans les médias, mais on ne les voit pas y côtoyer le peuple quotidiennement. Donc un démocrate, c'est celui qui respecte l'autre. Il faut connaître la définition de la démocratie qui n'est pas un slogan mais une pratique.

Et que dites-vous donc à propos du mouvement de redressement qui secoue votre parti ces derniers temps?
Au FNA, on n'a pas de dissidents. Ce sont des choses qui se disent ici et là mais si ces gens-là qui répandent de telles rumeurs se présentaient ici, on leur donnerait les preuves que ces gens sont exclus par la force de la loi du parti et certains parmi eux sont poursuivis en justice pour faux et usage de faux. Et si vous voulez, je vous donnerai toutes les preuves, des décisions de justice, des exclusions du parti, des réunions du conseil national en présence d'un huissier de justice. Cela veut dire qu'il n'y a pas de redresseurs. Le parti a connu plusieurs coups avant cela comme ce qui s'est passé à Aïn Defla (tenue du congrès en 2008 par les redresseurs, Ndlr), avec la complicité de hautes instances administratives de l'Etat algérien. Cette fois-ci encore, ils ont voulu organiser ce congrès avec des décisions politiques émanant des hautes autorités de l'Etat. On n'a donc pas de problème. Ce parti est devenu influent dans la société algérienne, et a pris une grande dimension qui dérange. Ils ont vu qu'il constitue un danger et ils lui ont créé des problèmes. Je vous donne toutes les preuves puisque vous êtes ici, que ces gens n'ont rien à voir avec le FNA. On n'a rien à cacher et s'ils veulent faire un congrès, le congrès se fait conformément au règlement intérieur et au statut du parti.
On ne peut pas venir comme ça dans la rue et faire un congrès. Est-ce que le mot «redressement» existe dans la loi? Existe-t-il dans le monde? Un pays ou une administration qui se respectent reconnaissent-ils une chose qui s'appelle «mouvement de redressement»? Ce qui est demandé à ceux qui délivrent les autorisations à ces gens doivent s'enquérir des règlements du FNA et je vous jure que le parti qui respecte le plus la loi est bien le FNA. Je pense qu'il s'agit là de manoeuvres qui visent à déstabiliser le parti et à le détourner des prochaines élections.

On vous laisse le soin de conclure...
L'opposition est rejetée et est indésirable en Algérie. Le FNA veut rendre le pouvoir au peuple qui est souverain. Il faut que cette souveraineté soit respectée. On ne veut pas un régime d'élite en Algérie.

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