Par quel bout commencer?

Que nous ont livré les médias sur la Kabylie ces deux dernières semaines? En réalité peu de chose sinon que le mouvement des ârchs, après avoir soutenu mordicus l´option du boycott aux élections du 30 mai dernier en bonne intelligence avec d´autres partis politiques, est resté sur ses positions d´avant le scrutin.
En d´autres termes rien dans les données qui constituent la stratégie des ârchs n´a changé sinon que dès que la nouvelle représentation nationale (députation) a été installée dans ses murs, les conclaves ont repris leur droit de cité. Pour parler de quoi? De l´avenir de leur mouvement bien évidemment et des voies les meilleures qui pourraient conduire à l´acceptation par le pouvoir de l´intégralité de la plate-forme d´El-Kseur dont il faut qu´au moins une revendication cardinale ait été honorée par une constitutionnalisation en bonne et due forme: celle de tamazight hissée désormais au rang de langue nationale. Nous l´avons dit plus haut: les deux conclaves, qui s´en tiennent à l´intégralité de la conduite du mouvement depuis 14 mois, n´ont rien proposé qui vaille la peine d´être considéré comme un facteur débloquant de la situation. Alors que faire?
La question, pertinente, est, en effet, toujours à l´ordre du jour dans la mesure où pour entreprendre quelque chose en commun, il faut être au moins deux. Nous connaissons déjà une partie qui est celle des ârchs en face de laquelle est l´Etat algérien dont la structure territoriale, pour ceux qui l´auraient oublié, se compose de 48 wilayas.
L´Etat algérien : la seconde partie. Des propositions concernant cette région du pays il y en a eues et pas que des meilleures. Ferhat M´henni n´a pas hésité à focaliser sur la notion de scission comme les observateurs qui ont prêté ces derniers temps à Ali Benflis des propos similaires concernant la Kabylie visant à l´intégrer dans une forme de régionalisation devant, fatalement, déboucher sur la concrétisation formulée par l´ancien troubadour du RCD. En réalité, Ali Benflis n´a jamais formulé une telle expression sinon lorsque, dans un contexte tout à fait différent, il avait parlé de rapprocher l´administration de l´administré pour plus d´efficacité en prenant l´exemple d´une décentralisation rationnelle à mettre en oeuvre pour permettre aux régions d´exercer des prérogatives plus proches de la réalité du terrain.
Outre cette digression institutionnelle sur la véracité ou non des déclarations du Chef du gouvernement, il est vrai qu´au cours de sa longue campagne électorale il a eu souvent l´occasion, en tant que secrétaire général du parti du FLN, d´évoquer la Kabylie et du dialogue qu´il y avait à relancer avec tous ceux qui désirent que cette querelle familiale soit vidée de sa substance pour permettre à l´ensemble du pays d´entrer de nouveau de plain-pied dans l´ère de la croissance.
D´ailleurs, à Bouira où il s´était rendu pour soutenir le candidat du FLN aux législatives du 30 mai dernier, il n´a pas manqué d´en appeler au dialogue en allant jusqu´à formuler son idée en tamazight, ce qui a donné lieu à un réchauffement instantané de la salle déjà largement surchauffée par sa présence.
A en croire des sources que les journaux n´hésitent pas à citer copieusement pour rendre compte de la situation en Kabylie, il apparaît de plus en plus, clairement que les ârchs après les récents conclaves, n´accordent aucune légitimité au nouveau gouvernement qu´ils ne reconnaissent pas comme tel.
Mais avec quelle institution de l´Etat, les ârchs voudraient-ils bien engager des pourparlers pour en finir avec la crise qui empêche en grande Kabylie la société civile, autrement dit la majorité numérique de la population, de s´exprimer? Avec le Président de la République?
Pourquoi pas si, dès le principe, l´idée pour décoincer la situation prenait soin d´éviter de poser quoi que ce soit comme préalable, sachant par avance que tout peut être discuté autour d´un tapis vert en toute urbanité.