BOUTEFLIKA RÉAGIT AUX MENACES DES ETATS-UNIS
«Ne touchez pas à la Syrie !»
Le chef de l’Etat donne au concept de «<I>guerre préventive</I>» une signification autrement plus positive.
Dans son discours à Constantine, le Président de la République est revenu sur «la guerre menée contre l´Irak frère» qui «est loin d´être un titre de fierté pour l´histoire de l´humanité du XXIe siècle», elle marquera sans doute, affirme le chef de l´Etat, «ces millions de personnes qui ont le sentiment d´avoir été injustement affaiblies et humiliées».
Cette déclaration est faite au moment où les Etats-Unis multiplient les déclarations en direction d´un autre pays arabe qui fut dans le même front du refus que l´Algérie, face aux sionisme dans les années 70. Même si dans le discours officiel, transmis par l´APS, le Président de la République n´a pas nommément cité la Syrie, il n´en demeure pas moins qu´en filigrane, il lance un appel pressant à ce que ce qui s´est produit en Irak ne soit pas réédité en Syrie. «On n´acceptera pas une agression contre la Syrie», a-t-il déclaré, sans que cela soit porté sur le texte qu´il a lu à l´assistance. Le fait que l´agence APS n´ait pas relevé cette phrase est susceptible d´être interprété par le fait que cette déclaration, précisément, est destinée à la consommation nationale, d´autant qu´entre les deux nations, existe une relation assez profonde dans tous les domaines. Les échanges humains, à travers le commerce informel, sont là pour confirmer, si besoin est, que les deux peuples entretiennent des rapports assez étroits, cela en sus d´un passé commun, où durant la lutte de libération, la Syrie a été aux côtés des Algériens dans leur lutte contre le colonialisme.
Ces relations remontent en fait à plus d´un siècle, puisque c´est ce pays qui a constitué la terre d´exil de l´Emir Abdelkader après sa défaite face à l´armée française.
Le Président de la République ne croyait pas si bien dire, pour la simple raison que plus que pour les autres nations, ce pays aujourd´hui menacé d´une guerre, est l´un des plus proches des Algériens.
Cependant, réaliste, le chef de l´Etat a relevé que «l´Algérie ne saurait, à elle seule, empêcher la guerre et Dieu sait qu´elle n´aura ménagé aucun effort pour le faire dans tous les espaces et forums».
Aussi, Bouteflika regrette-t-il: «Notre monde d´aujourd´hui n´est point, à l´image de cet idéal tant espéré par l´humanité entière.»
Cela étant dit, il affiche un certain optimisme en affirmant que les «conflits d´intérêts vont tôt ou tard provoquer un déclic» et «on enregistrera des réactions qui déboucheront sur l´émergence d´autres blocs. Ces derniers favoriseront à leur tour un monde multipolaire en cohérence avec les aspirations de l´humanité et, sans doute, plus équitable à l´égard des pays faibles.»Revenant sur le sujet, initialement l´objet de sa visite, le chef de l´Etat insistera sur l´apport de la science dans l´édification des sociétés et le renforcement des positions des pays en voie de développement. Il dira à ce propos: «Les pays affaiblis ne peuvent fuir ce qui est à venir ou lui résister ils ne peuvent pas non plus s´y adapter avec leurs modestes moyens. Mais rien ne dit qu´ils ne peuvent pas mener une guerre préventive pour ne pas dire de survie et qui aurait pour scène l´école. En effet, les enjeux ne se situent plus au niveau politique ou économique, mais culturel et les bancs d´écoles et les amphithéâtres permettent au cerveau de créer les moyens, de les maîtriser et de les utiliser pour contrôler les autres domaines.»
L´on relèvera le concept de «guerre préventive», auquel le Président de la République donne une signification autrement plus positive.
Enfin, dans la ville de Constantine, Bouteflika s´est recueilli sur la tombe de Abdelhamid Ibn Badis et a inspecté le chantier de réalisation du nouvel aéroport, ainsi que celui de la réhabilitation de la vieille ville.