Matoub Lounès à côté d'Albert Camus

L'immortalité de Matoub Lounès ne cesse de s'affirmer et de se confirmer et bien que presque dix-sept ans se soient déjà écoulés depuis qu'il fut lâchement et cruellement assassiné, le Rebelle ou le patriote de toutes les patries opprimées continue de revenir au-devant de la scène. C'est ainsi que dans les tout prochains jours, deux nouvelles rues porteront désormais le nom de cet immense artiste berbère d'expression kabyle, le plus adulé et le plus engagé ayant payé de sa vie son combat contre l'injustice et pour la liberté. La première rue est située dans la ville de Lyon où déjà une esplanade porte le nom du Rebelle, depuis quelques années et à Saint-Etienne. Dans la région Rhône-Alpes, le nom de Matoub-Lounès sera immortalisé aux côtés de nombreuses autres sommités dont le Nobel de littérature en 1957, auteur du célèbre roman L'Etranger, Albert Camus. Des rues porteront désormais les noms de l'enfant de Taourirt Moussa et d'Albert Camus dans le nouveau quartier de Vénissieux.
Les noms des personnalités qui seront attribués aux rues en question ont été choisis par le conseil municipal de la localité. Dans le même sillage et cela se passe à la veille de la commémoration du dix-septième anniversaire du plus grand chanteur kabyle de tous les temps, une deuxième rue sera également baptisée au nom du poète assassiné à Saint-Etienne.
La date où est annoncée une grandiose fête pour marquer l'événement est le 6 juin prochain. Et de nombreux chanteurs algériens d'expression kabyle seront présents pour animer des spectacles en hommage au Rebelle. C'est le cas de Idir, Takfarinas, Ferhat Imazighen Imula, Malika Domrane, Ferhat Iguercha, Saïd Khazem, Ali Amrane, Akli D. et Malek Bellili.
Le grand gala-hommage à Matoub Lounès se tiendra le 6 juin prochain au niveau du Centre des congrès de Saint-Etienne et le coup d'envoi de la soirée sera donné à 20 heures. Dans un communiqué rendu public par les organisateurs, ces derniers soulignent: «La Ville de Saint-Étienne située dans le quart sud-est du pays, dans le département de la Loire en région Rhône-Alpes, les associations amazighes (Espace culturel amazigh de Loire Ecla) et l'association Numidia organiseront samedi 6 juin 2015 à 18 heures l'inauguration d'une «Allée Lounès-Matoub» au parc François-Mitterand». Avec ces deux nouvelles rues et cette allée, le nombre d'espaces publics portant le nom de Matoub Lounès dans différentes villes en France dépasse les douze. C'est le cas dans les villes de Paris, Aubervilliers, Saint-Martin-d'Hères près de Grenoble, Vaulx-en-Velin non loin de Lyon, Pierrefitte-sur-Seine, Nancy, Argenteuil, Arcueil, Sarcelles, Dijon. Aussi, une maison de quartier ainsi qu'une crèche portent également le nom du grand militant de la cause berbère, notamment à Montreuil. Né en 1956 à Taourit Moussa, Matoub Lounès produit son premier album en 1978 et s'impose vite comme le chanteur kabyle le plus talentueux et le plus populaire. Durant sa carrière artistique de vingt ans, il produisait au minimum deux albums par année. Parallèlement à son parcours d'artiste à succès immense et indétrônable, Matoub Lounès s'est battu pacifiquement mais avec toutes ses forces contre l'exclusion qui frappait sa langue maternelle tamazight mais aussi contre le régime du parti unique et contre l'intégrisme. Il échappe plusieurs fois à la mort par balle, notamment en 1988 et en 1994 après avoir été kidnappé par un groupe armé. Mais en 1998, il est assassiné à Tala Bounane sur la route qui mène vers son village natal dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dix-sept ans après son assassinat, Matoub Lounès demeure le repère incontournable de l'amazighité, un véritable et incontestable symbole de la contestation et le héros de tous les Berbères qu'ils soient d'Algérie, du Maroc, de Libye ou de la diaspora.