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LÉGISLATIVES 2017: LE TAUX D'ABSTENTION DÉPASSE LES 61%

L'inquiétant poids des sans-voix

Pour illustrer le danger, le taux de participation à Tizi Ouzou. Il est de 17%. C'est-à-dire, 83% d'abstention. Ce taux pourrait être national.

Si une consultation électorale a un point faible en Algérie, depuis l'ouverture démocratique, c'est bien l'abstention. Véritable casse-tête pour le personnel politique national, le boycott, volontaire ou pas, a toujours produit une certaine gêne lors de l'annonce des résultats. Les législatives de 2017 ne font pas exception. Le ministre de l'Intérieur a communiqué le taux de participation avec une «petite voix», comme le font d'ailleurs ses collègues dans les pays de développement égal à celui de l'Algérie.
Les 38,25% de participation, annonce en fait un autre chiffre autrement plus «terrible».Il s'agit de l'abstention. Un simple calcul de soustraction nous ramène à une proportion qui amène à réfléchir. En effet, quelque 61,5% des Algériens âgés de 18 ans ont boudé les urnes. Sur le total des électeurs inscrits, ils sont plus de 14 millions à s'être abstenus. Pour le cas des dernière législatives, il n'est pas question de défiance de l'ordre établi, puisque l'ensemble de la classe politique a pris la résolution de participer au scrutin. C'est donc un désintérêt de la chose politique qu'exprime une bonne majorité des citoyens.
La première explication à cet état de fait tient à la nature même de la consultation populaire. Il n'existe pas un retour immédiat dans l'élection d'un député. Une fois élu, le représentant du peuple se coupe généralement de la base et consacre l'essentiel de son temps aux réunions de commission et aux débats sur des lois proposées par l'Exécutif. Sachant le jeu de la majorité qui débouche sur des adoptions quasi automatiques de tous les textes déposés par le gouvernement, le citoyen ne voit pas l'utilité d'aider à l'élection d'une personne qu'il ne connaît pas et dont il ne voit pas l'utilité dans sa vie de tous les jours. Cette appréciation qu'on ne voit pas dans les pays développés à l'exemple de la France où se prépare les législatives de juin, est partagée par les populations des pays voisins de l'Algérie. Le Maroc, pour ne pas le citer, a élu, l'année dernière, son Parlement avec 40% de voix exprimées.

Le sens du désintérêt
De même pour la Tunisie qui a connu le même taux de participation, en 2011, dans le feu de la «révolution» du Jasmin. Bien que pour ce pays, les choses aient évolué de sorte à constater un nette évolution du taux de participation, à plus de 60% aux dernières législatives, il reste que dans les pays «nouvellement» démocratisés, les citoyens ne parviennent pas à «peser» leurs voix sur l'échiquier politique.
Au contraire des législatives, les élections communales et de wilayas intéressent plus les citoyens, puisqu'il s'agit de porter au pouvoir local une personne que l'on connaît bien et qu'on croise quasi quotidiennement dans la rue. Un maire ou un président d'APW est plus à même de gérer certaines situations du quotidien. Bien que cette perspective ne se réalise que rarement, les élections locales conservent une certaine popularité avec un taux de participation plus intéressant. Il était de 44, 26% en 2012 et 43,7% en 2007. Ce niveau de participation reste faible, en le comparant à celui de la Tunisie qui a réalisé en 2016, plus de 51% de participation, et celui du Maroc qui pointe à 53%, la même année.
L'Algérie est aux portes d'élections communales et de wilaya qui auront lieu le mois de novembre prochain. Dores et déjà, l'on peut prévoir une abstention moins importante que celle enregistrée pour les législatives d'avant-hier.
L'autre rendez-vous électoral, celui de la présidentielle, a un intérêt particulier. Les Algériens connaissent l'importance de cette institution. Généralement la participation à ce scrutin est bien plus appréciable. La prochaine échéance est pour 2019. Il y a cependant un préalable à satisfaire pour éviter une «plongée» électorale pour les locales et la présidentielle. Car, il faut bien reconnaître que les causes de la forte abstention ne se résument pas seulement dans le désintérêt «naturel» des citoyens. La responsabilité des pouvoirs publics, de la société politique et des médias nationaux est entièrement engagée. En effet, bien avant le début de la campagne électorale, la scène nationale s'est enflammée pour le sujet de l'argent sale lequel, disaient les leaders partisans eux-mêmes, avait souillé la pratique de la politique dans le pays. Il y a eu des campagnes sur les réseaux sociaux contre des députés, des ministres et autres personnalités publiques. Mais aucune suite judiciaire ou politique n'a été donnée à l'agitation politico-médiatique de précampagne.

L'angoisse des urnes vides
On avait l'impression que nos leaders n'écoutaient pas les Algériens. Il n'y a eu aucun changement notable dans l'attitude des partis, que ces derniers soient au pouvoir ou dans l'opposition. Les listes électorales ont été confectionnées sur des critères parfois incompréhensibles. L'opinion attendait à ce que telle ou telle autre formation politique sacrifie certains de ses cadres pour donner le change. Mais il n'en fut rien. Les listes avaient été confectionnées dans l'opacité et sans avoir à expliquer quoi que ce soit aux Algériens. L'impression qui s'était dégagée à l'entame de la campagne électorale était que rien n'allait changer. En fait, les partis n'ont pas fait d'efforts particuliers pour convaincre l'électorat.
De son côté, l'administration qui a affreusement manqué d'imagination, lorsqu'elle a concocté des spots appelant au vote, sans se soucier de leur impact sur les jeunes. Un discours décousu, une absence totale de sens politique, une absence d'enjeu dans les propos des communicateurs publics ont produit un effet contraire à celui escompté. Et pour cause, on disait aux Algériens d'aller voter pour que rien ne change. Le taux de 61% d'abstention illustre assez bien l'échec de la communication officielle sur le sujet. En fait, dans les centres de décision, on n'a rien fait pour sensibiliser les Algériens, malgré les moyens dont dispose l'administration et la multiplicité des supports médiatiques.
Il y a enfin le fait, que les médias n'ont pas pris sur eux pour convaincre les citoyens de la nécessité du vote. Sachant le consensus politique national qui a été réuni sur la nécessité de la participation, les médias avaient pour mission citoyenne de pousser dans ce sens pour faire au pays un saut qualitatif. Mais force est de constater que si l'envie ne manquait pas, l'imagination avait fait défaut à ce niveau également.
En fait, ce sont là les principales raisons de l'abstention qui pourrait malheureusement conduire à une situation d'impasse institutionnelle en Algérie, si on ne prend pas la situation en main. On retiendra pour illustrer ce danger, le taux de participation à Tizi Ouzou. Il est de 17%. C'est-à-dire, 83% d'abstention. Ce taux pourrait être national. Arrivé à cette extrême, il sera difficile de parler de nation.

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