L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

L’exception démocratique

Qui a dit que Bouteflika sera réélu avec près de 84% des suffrages exprimés? Ce n´est plus un plébiscite, c´est un séisme politique qui a secoué, hier, toute l´Algérie. Comment expliquer ce déferlement inédit en faveur du président-candidat que l´on disait fini parce qu´il était, soutenait-on, en déphasage total avec le pays profond? Pouvait-on tricher à une si grande échelle en bourrant les urnes ou en maquillant les procès-verbaux des opérations de dépouillement, alors que les représentants des candidats en lice surveillaient comme le lait sur le feu le moindre faux geste de leur vis-à-vis? Quel besoin avait le candidat Bouteflika de se faire réélire à une si écrasante majorité, puisqu´il était certain de sceller le sort de cette élection en enlevant la victoire dès le premier tour? Le chiffre de 84% reflète-t-il la réalité d´un scrutin régulier, propre et honnête? Pourquoi pas? Le taux de participation renseigne éloquemment, puisqu´il frise les 60%. Il est en nette hausse par rapport à ceux des années précédentes. L´engouement affiché par les Algériens, à voter ce jeudi, trouve son explication dans leur angoisse des lendemains qui pourraient redevenir incertains si un autre que Bouteflika prenait les rênes du pays.
Ce saut dans l´inconnu, ne l´ont-ils pas déjà fait en décembre1991, en choisissant le FIS qui avait précipité l´Algérie dans une effroyable tragédie? Le peuple vient de tirer la leçon. Il ne veut plus jouer l´avenir de la nation à pile ou face.
Les cinq années de gouvernance de Bouteflika lui ont permis de renouer tout doucement avec les délices d´un passé fait de solidarité nationale, de paix, de gloire et de puissance sous le sceau de la sécurité. Le maître mot du succès électoral de Bouteflika réside bien dans ce besoin pressant que ressent la majorité de ce peuple à chasser les démons du terrorisme et de la fitna. En élisant Bouteflika, le peuple a opté pour le vote refuge. Il est payant. De la même manière, il a sanctionné le rêve brisé des islamistes en n´accordant à Abdallah Djaballah que quelques miettes de ce festin électoral. Les Algériens viennent de rompre - définitivement ? - avec le projet islamiste, solution unique à tous leurs maux, qu´on leur a fait tant miroiter. Le fameux réservoir électoral du camp islamiste est devenu aujourd´hui une lubie. La concorde civile a produit ses effets.
Quant aux autres candidats, Benflis, Sadi, Louisa Hanoune et Fawzi Rebaïne, ils subissent une défection à laquelle ils ne se sont pas véritablement bien préparés.
Benflis n´a pas réussi à entraîner avec lui la base du FLN avec tout ce qu´elle comporte de réseaux intégrés dans la société et d´influence sur le corps électoral. Le vieux parti a choisi de lui tourner le dos. Pour preuve, voyez à qui le bastion traditionnel du FLN, de Batna, de Tébessa et de Souk Ahras a finalement accordé ses suffrages. Pouvait-on, dès lors, douter que le choix du peuple a été entaché de fraude, comme le soutiennent aujourd´hui mordicus les partisans des candidats malheureux?
L´opposition, puisqu´il s´agit d´elle, a pris une raclée historique. Elle ne finit pas d´entretenir un climat délétère et méphitique autour d´une fraude peut-être imaginaire qu´elle a brandie dès le premier coup de gong de la campagne électorale. Ne dit-on pas que, dans la défaite, les politiques sont réputés pour être de mauvais perdants? Dans ce genre de situation, ils réagissent tous à l´identique en criant au loup.
Tout ce qui avait enflammé les joutes électorales et les prestations médiatiques, tout ce beau feu s´est éteint. Des cinq candidats entrés en lice contre Bouteflika, y en a-t-il au moins un qui peut se targuer d´avoir le pedigree requis?
A un moment, beaucoup pensaient que Bouteflika était passé de mode et qu´il a fini par sombrer dans la boursouflure.
Ne retenir de cette élection que la fable de la fraude, c´est vouloir abuser de la bonne foi du peuple. L´heure est enfin venue pour les Algériens de sortir des jeux stériles et ravageurs de la politique politicienne. La vieille logique du lynchage réapparaît sous les oripeaux d´une fraude générale et systématique qui aurait éclaboussé ce scrutin.
Ne dit-on pas que c´est quand tout est fini, que tout recommence? Benflis, Sadi et Djaballah auraient menacé de mobiliser la rue pour dénoncer la fraude.
Mais quelle rue leur reste-t-il donc aujourd´hui, après la bérézina qu´ils viennent d´essuyer?
Un Etat est puissant, s´il est démocratique. Les Algériens viennent d´écrire une très belle page de leur Histoire moderne.
Apprenons à nous immerger dans le pays vivant. La jeunesse algérienne avait trouvé dans le terrorisme un exutoire à son exclusion et à l´injustice sociale. N´avait-on pas parlé de l´Etat régalien face au peuple pressé d´en découdre?
Qu´on le veuille ou non, Bouteflika II est une réalité politique incontournable. Le peuple l´a jugé d´abord sur ses actes en termes de transparence, en termes d´imagination et en termes de qualité.
Un changement profond est en train de s´opérer chez les Algériens dans leurs analyses, leurs objectifs et leurs comportements. Durant la campagne électorale, Bouteflika a retrouvé son peuple avec tout son pouvoir de fascination pour le convaincre. Il a gagné.
Mais demain?

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours