Les symboles de l’Etat sont ciblés

Machiavélique! C´est le moins que l´ont puisse dire après cet attentat qui a visé le président de la République et qui a fait 19 morts et 107 blessés dans la wilaya de Batna. Machiavélique parce que le précédent attentat, qui a coûté la vie au président du HCE, Mohammed Boudiaf, le 29 juin 1992, a eu lieu en direct à la télévision, lors d´un déplacement du président à Annaba. Il y a donc là trop de similitude. Les commanditaires de l´attentat de Batna visaient les mêmes objectifs: commettre un massacre en direct à la télé, devant des millions d´Algériens assis devant leur petit écran, et par là il s´agit de renouer avec le climat de terreur. C´est-à-dire que chaque fois qu´en Algérie il y a une lueur d´espoir, une main criminelle vient semer le doute et l´épouvante, pour que ce pays ne se remette pas debout. Il y a environ cinq mois, soit le 11 avril 2007, un attentat avait ciblé le Palais du gouvernement en plein coeur de la capitale.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est clair que les symboles de l´Etat sont visés: en plus des commissariats et des brigades de gendarmerie, les terroristes essaient d´atteindre la tête même du pouvoir en Algérie.
Les bains de foule du président, qui sont un indice qui ne trompe pas sur sa popularité, doivent certainement déranger tous ses détracteurs, les adversaires du processus de réconciliation, mais aussi les ennemis de tous les plans de développement qui ont été lancés par le président, notamment le plan de consolidation du plan de la croissance économique de 140 milliards de dollars.
L´inauguration du barrage de Béni Haroun par le président de la République, malgré les imperfections qui ont été constatées, - par le chef de l´Etat lui-même qui a donné des instructions fermes pour leur réparation -, est un ouvrage de première importance, qui va régler pour longtemps le problème de l´approvisionnement de l´eau dans la région est du pays; que ce soit pour l´eau potable ou pour ce qui est de l´irrigation.
S´il s´agit de donner un coup d´arrêt à la dynamique de développement qui est née dans le pays, s´il s´agit de faire fuir les investisseurs au moment où l´on annonce des projets se chiffrant en dizaines de milliards de dollars, s´il s´agit d´empêcher le président de la République de finir son mandat dans de bonnes conditions, à ce moment la chose est claire. Les parties qui sont derrière de tels agissements et comportements ne font rien d´autre que bloquer le processus du retour à la normale en Algérie. Pour eux, récupérer, au nom des idéologies, une parcelle du pouvoir, voire tout le pouvoir, est une donnée vitale, quitte à passer sur le cadavre de milliers d´Algériens.
On peut également poser une autre question: quel lien y a-t-il entre l´attentat de Batna et la flambée des prix? M.Ouyahia, membre de l´Alliance présidentielle, avait lui-même parlé d´une mafia qui serait derrière l´envolée des prix de la pomme de terre, et il est possible de remarquer qu´un faisceau de preuves peuvent être présentées pour prouver qu´il n´existe pas une seule mafia, mais plusieurs, qui agissent de concert ou séparément, mais visant le même objectif, celui de faire basculer l´Algérie dans l´anarchie, pour que eux, puissent continuer à tirer les ficelles et à faire profit d´une telle situation.
Les commanditaires agissent dans l´ombre, mais en fait leur jeu est clair: en multipliant les facteurs de désordre, en mettant le feu sur les fronts social et sécuritaire, ils espèrent parvenir à leur fin, celui de l´effondrement de l´Etat.
Quant au président de la République, il a tenu une conférence devant les moudjahidine de la wilaya de Batna pour dénoncer les extrémistes des deux bords, mais il a fait plus que cela: en décidant de continuer sa tournée d´inspection à Batna, le président a relevé un défi très important.
Celui de ne pas se laisser intimider ni dicter son code de conduite. Il sait que l´Algérie a besoin de stabilité et rien ne justifie qu´elle replonge dans le chaos.