L'Expression

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SONATRACH, KHALIFA, AUTOROUTE EST-OUEST ET OULTACHE

Les quatre procès qui feront date

Les trois premiers ont mis en évidence la corruption, les pots-de-vin, les malversations, tandis que le dernier cité qui s'est tenu hier doit livrer les véritables motivations qui ont conduit à l'assassinat du patron de la Police nationale.

Ces quatre affaires auront eu en commun de défrayer la chronique de cette dernière décennie. Les trois premières ont dévoilé que les projets de développement du pays qui sont dotés d'enveloppes financières faramineuses ont attisé les appétits personnels, voire familiaux, au point d'ériger l'abus de biens sociaux, la corruption, les pots-de-vin, les malversations en type de gestion. Des reflexes nouveaux, élevés au rang de culture: celle du gain facile et du moindre effort dont se serait passée certes, une Algérie en devenir. Une Algérie sortie d'à peine un demi-siècle d'une colonisation féroce qui a réduit la majorité de sa population à la misère, la spoliant de ses terres, son seul bien, la privant de moyens d'accès au bien-être. Elle a pu y parvenir après que les meilleurs de ses enfants ont fait don de leur vie pour parvenir à l'indépendance. Une référence qui ne représente plus un repère pour certains dont l'objectif essentiel est guidé par la constitution de grosses fortunes, de comptes en banque domiciliés à l'étranger, d'acquisition de biens immobiliers...
Tout cela en abusant des biens de l'Etat, du Trésor public ou de sociétés nationales importantes. Un contexte favorisé par le statut que leur offrent les postes de premier plan qu'ils occupent au sein d'institutions importantes. Ce fut le cas de Sonatrach. Véritable poumon de l'économie nationale, mais aussi manne financière fabuleuse, la compagnie nationale des hydrocarbures a été abusée par certaines personnalités et non des moindres qui n'ont pas hésité à se servir avec un appétit toujours croissant. Au point de confondre Trésor public et porte-monnaie personnel. L'affaire qui l'a éclaboussée s'apparente à une histoire de poupées russes. Cette affaire aux ramifications tentaculaires a emporté dans son sillage pas moins de 14 cadres de la compagnie dont Mohamed Meziane ex-P-DG de Sonatrach et ses deux fils, le directeur exécutif des activités centrales, la directrice du bureau d'études, le directeur du groupe allemandFunkwerkPlettacContel et l'ancien directeur général du CPA. L'enquête les concernant avait révélé qu'ils avaient conclu de gros contrats douteux avec des entreprises étrangères alors que certains d'entre eux détenaient des comptes à l'étranger alimentés grâce à ces transactions illégales. Même l'ex-ministre de l'Energie et des Mines avait fini par être éclaboussé par ce gros scandale qui commençait à prendre des allures d'affaire d'Etat. L'ex-patron de Sonatrach, Mohamed Meziane, a cependant toujours nié avoir déclaré «agir sous l'influence de l'ex-ministre Chakib Khelil», avait affirmé, à l'époque Mohcène Amara, son avocat. Pour ce qui est du dossier de l'autoroute Est-Ouest, qualifié de marché le plus élevé pour un contrat en Afrique: 11,4 milliards de dollars, il a donné lieu à une spectaculaire entreprise de corruption. Les commissions ont été chiffrées à plus d'1 milliard de dollars. Principal accusé, à l'origine, l'ex-directeur des nouveaux projets à l'ANA, placé sous mandat de dépôt, avait fait des révélations graves sur les malversations dans les marchés de réalisation des tronçons d'autoroute, notamment à l'est du pays, attribués au groupe japonais Kojal. Mais aussi, la sous-traitance dont ont bénéficié de nombreuses sociétés, appartenant aux proches de hauts responsables. Des noms de ministres ont été cités, ceux de nombreux intermédiaires ont circulé autour de l'homme d'affaires français Pierre Falcone à la réputation sulfureuse. L'ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui supervisait le chantier, au moment des faits, avait été appelé comme témoin. Son secrétaire général emprisonné fut finalement acquitté. Des peines allant jusqu'à 10 ans de prison ont été prononcées. Sept entreprises étrangères impliquées dans ce vaste réseau de pots-de-vin ont écopé de 5 millions de dinars d'amende. L'affaire Khalifa, qui devait quant à elle consacrer la réussite fracassante d'une nouvelle génération d'entrepreneurs s'est avérée une véritable escroquerie financière qui a surtout mis sur la paille de nombreux épargnants. Symbole de la réussite individuelle, Rafik Khalifa, qui fut à la tête d'un empire économique vers la fin des années 1990 qui signèrent dans le même temps la défaite des groupes islamistes armés en Algérie, et qui fut à l'origine de sa faillite, a été condamné en juin 2015 à 18 ans de prison après un long feuilleton qui a vu défiler à la barre de hauts responsables et des ministres en exercice à l'époque. L'assassinat de l'ancien directeur général de la Dgsn, Ali Tounsi par l'ex-chef de l'unité aérienne de la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), le colonel Chouaïb Oultache, se situe quant à elle en décalage avec toutes ces affaires qui puent l'argent sale. Il pourrait nous révéler, toutefois, d'autres motivations que celui du crime gratuit. Auront-elles une odeur de fric? On le saura dans les prochains jours, si les langues se délient. Ce qui est certain c'est que dans cette histoire l'Algérie aura perdu un grand homme.

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