L'Expression

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A UNE SEMAINE DE LA TENUE DU GNL16

Les Oranais brisent le silence

Les Oranais déboussolés entre le «tout-va-bien» des médias officiels et «l’alarmisme» de la presse privée.

«On ne sait plus à quel saint se vouer» avoue désorienté, Mesbah Mahfoud, un habitant d´Al Bahia. «La deuxième capitale du pays s´organise difficilement pour abriter un congrès qui est une petite formalité dans d´autres pays», regrette pour sa part, Achour Azebouj. Pour cet ingénieur en génie civil, «la 16e Conférence internationale du gaz naturel a mis à nu plusieurs pratiques».
A quelques jours de la tenue du 16e Congrès mondial pour le gaz naturel liquéfié (GNL 16), les Oranais semblent perdus entre le «tout-va-bien» des médias officiels et «l´alarmisme» de la presse privée. Cela non sans se poser une multitude de questions: pourquoi déclencher autant d´enquêtes sur la corruption à Oran en un temps record? Pourquoi a-t-on ouvert autant de dossiers à la veille d´un événement mondial censé donner un nouveau départ à l´Algérie, en particulier la confirmation de sa crédibilité au plan international? Les avis sont variés, mais ces questions n´auront jamais de réponse. Autant d´affaires d´associations de malfaiteurs, dilapidation des deniers publics, détournements, complicité dans les détournements, abus de pouvoir, abus d´autorité, surfacturations, passation de contrats en violation du Code des marchés...etc. Au moins une trentaine d´affaires sont entre les mains des juges d´instruction, une dizaine de personnes sont écrouées tandis que plusieurs autres sont sous contrôle judiciaire. La Sonatrach se taille la part du lion des affaires en justice et des enquêtes en cours. C´est dans ce contexte particulier qu´Oran se prépare à abriter cet événement planétaire. El Bahia connue pour son côté paisible, se découvre brusquement comme un lieu de toutes les malversations.
Les détournements reviennent comme un leitmotiv sur toutes les bouches. Plusieurs universitaires ne sont pas sceptiques: «déclencher autant d´enquêtes d´envergure à la veille du GNL16 est un signe avant-coureur d´une volonté de faire le pas de l´avant dans le cadre de la lutte contre la corruption», explique-t-on ajoutant que cette corruption est légion à Oran. Aucun secteur n´est épargné par la «gangrène».
Le port, l´APC, les oeuvres universitaires et tant d´autres créneaux qui sont infectés nécessitent des ablations à la hauteur du délit commis. Saluant les efforts consentis pour l´embellissement de leur ville, ils recommandent de passer aux enquêtes sérieuses sur le GNL qui est un événement budgétivore. «Ils doivent nous dire combien d´argent dépensé pour une manifestation de trois jours et qui ne changera rien dans la vie du simple citoyen», s´insurge un citoyen. «Mettons fin à la politique de prestige», recommande un autre. Des centaines de milliards ont été dépensés pour le replâtrage et remaquillage de la cité en décomposition avancée. Oran se veut être la capitale mondiale du gaz. Des dizaines de chantiers ont été lancés. De jour comme de nuit, les travaux sont menés à un rythme infernal.
Un montant faramineux y a été mobilisé: 500 millions. «En euros ou en dollars?» Les Oranais ricanent et ironisent: «C´est kif kif, tout se fait en devise, le dinar est réservé aux marchés locaux de la tomate, la patate et les oignons.» Les responsables locaux se font de plus en plus discrets. Ils deviennent avares à la faveur de l´éclatement de ces affaires de corruption.
Le maire d´Oran renvoie la balle dans le camp de la Sonatrach estimant que celle-ci est mieux placée pour apporter toutes les réponses sur le GNL 16. Mais silence tombal du côté de la Sonatrach. «Toute déclaration peut être prise pour argent comptant» nous répond gentiment un employé de cette entreprise parlant sous l´anonymat. C´est connu depuis longtemps, les Oranais sont désintéressés par la chose politique mais cette fois, ils sont en plein dedans. Ils suivent, discutent et commentent dans le plus petit détail les événements qui concernent leur ville, en particulier le GNL 16. Aussi, abandonnent-ils leur légendaire docilité pour devenir plus critiques.
«Pourquoi veut-on plaquer sur Oran une image qui n´est pas la sienne?», se défend-on. Les organisateurs du GNL, à leur tête le ministre de l´Energie, Chakib Khelil, sont unanimes: «L´organisation du GNL 16 à Oran, animera le tourisme d´affaires, les habitants d´Oran seront les premiers bénéficiaires.» Mais a-t-on préparé les Oranais à ces changements? En attendant la Providence, rien n´est encore fait en ce sens. Après les folles rumeurs qui circulent ces derniers jours sur l´inachèvement des travaux de l´hôtel Le Méridien, la réponse tombe à point nommé. «L´hôtel est fin prêt, il hébergera tous les invités de l´Algérie», a indiqué Abdelhak Kazi Tani, responsable de la communication auprès de l´activité Aval.

20.000 policiers mobilisés

«Nous sommes prêts à sécuriser tout événement, national ou international soit-il» a affirmé un officier de police une semaine avant la tenue de l´événement. Les forces de l´ordre sont en place. Leur mission est la sécurisation des 3000 participants venant des 25 pays. Un plan d´action spécial GNL16 a été avalisé et mis en oeuvre. Le défilé des policiers est visible, perceptible un peu partout dans les différentes artères de la ville d´Oran. Cela est un signe révélateur de l´importance capitale que revêt l´événement. Au total, ce sont près 20.000 policiers qui seront réquisitionnés à l´effet de veiller sur le bon déroulement des travaux de la 16e conférence, sans incident. Sur le plan technique, le dispositif de sécurité est infranchissable. Celui-ci est équipé de tous les moyens permettant le filtrage des personnes suspectes. Des actions de fouille exceptionnelle et de contrôle d´identité et d´opérations coups de poing sont prévues dans le cadre de la sécurisation de la ville.

300 SDF interdits de ville

Comme à l´accoutumée, la ville d´Oran cache sa misère. A chacun des événements majeurs, la politique de prestige bat son plein dans une ville qui cherche vainement à rivaliser avec Tunis, Barcelone, Genève, Marrakech ou Vienne. En effet, dernière des inventions des responsables locaux, 300 SDF ont été recueillis discrètement et placés dans différentes structures d´accueil et d´assistance sociale. Une centaine de femmes a été placée, par les services de l´action sociale dans des maisons de Diar Rahma de Misserghine tandis qu´une soixantaine d´enfants, dont une trentaine mentalement handicapée, a été casée dans des centres spécialisés en attendant la manifestation de leurs parents qui ont été convoqués afin de les récupérer.

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