L'Expression

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Les bombes et le couffin

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un pays, les Etats-Unis, bombarde un autre pays, l’Afghanistan, tout en lui larguant «concomitamment» des vivres.

«Mijoté» depuis près d´un mois, ce scénario original a été rendu nécessaire pour plusieurs raisons. D´abord, il fallait apporter une réponse à l´équation récurrente du terrorisme qui doit ses recrues à la misère. Ce qui explique l´importance de l´aide débloquée par les Américains, qui s´élève à 320 millions de dollars en faveur de la population afghane. Mais, au-delà de cette considération générique, les modalités adoptées pour la distribution de cette aide démontrent que les Etats-Unis ont eu le souci d´atténuer le choc psychologique subi par le peuple d´Afghanistan lors des premières frappes. Les vivres largués simultanément donnent à l´ennemi qui frappe un visage plus humain. Donc plus acceptable. Dans cet ordre d´idées, les Etats-Unis ne désespèrent pas de voir la population afghane se désolidariser des taliban et se ranger du côté des forces de l´Alliance du Nord. Et pourquoi pas essayer de produire le même effet au sein même de troupes des taliban, pour enregistrer des désertions. D´autant qu´une forte présence de la légion étrangère arabe a été très souvent tenue pour responsable de l´extrémisme qui anime les forces talibanes.
Parmi toutes ces raisons, il y a aussi celle de la guerre qui est faite aux terroristes et non pas aux civils auxquels, bien au contraire, on largue des vivres.
Le monde arabo-musulman, lui aussi, devait être ménagé dans cette guerre qui n´est pas du tout «un affrontement de civilisations» comme n´a pas cessé de le réaffirmer George W.Bush.
Et puis de toute évidence, tout conflit armé entraîne des mouvements de populations. C´est justement pour prévenir l´exode des civils afghans vers les pays voisins et les problèmes que doivent affronter les pays hôtes de campement de réfugiés que les largages humanitaires ont été décidés. Surtout que l´Iran et le Pakistan, pays frontaliers, pour des raisons diverses et à des degrés différents, n´ont pas accordé leur adhésion aux frappes et qu´il fallait tout entreprendre pour ne pas exacerber leur position de refus.
Tout ceci n´exclut pas que la guerre «militaro-humanitaire» décidée ne répond pas seulement à des considérations locales et régionales.
Il y a aussi le rôle trouble des ONG humanitaires qui ne ratent jamais de telles occasions pour entrer en action. De toute évidence, le Pentagone avait, dans son scénario, l´intention de «leur couper l´herbe sous le pied» et de rendre inutile leur intrusion.
Il en est une, parmi les plus agissantes, qui a déjà fait part de sa désapprobation et dénoncé «le danger de cette confusion» née de la double action américaine. Médecins sans frontières (MSF) n´a, en effet, pas manqué de revendiquer «l´impérieuse nécessité d´une action humanitaire indépendante». Une indépendance dont les Etats-Unis ne sont pas du tout, convaincus. Ils l´ont manifesté en confiant la poursuite de l´aide humanitaire aux agences de l´ONU. Soit, la partie la plus importante avec 295 millions de dollars, sur les 320 millions débloqués.
Le volet humanitaire de cette guerre contre l´Afghanistan a été réfléchi dans des prolongements insoupçonnables. On est loin de la guerre conventionnelle.

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