L'Expression

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YACINE OULD MOUSSA, EXPERT FINANCIER, À L'EXPRESSION

"Le risque d'une inflation n'est pas à exclure"

L'Expression: Quel est votre avis sur la situation qui prévaut en matière de prix des produits de consommation courante?
Yacine Ould Moussa:
Si pour l'instant les prix sont plus ou moins stables par rapport au mois dernier, une chose est sûre: les prix de nombreux produits alimentaires vont augmenter alors que d'autres font faire l'objet de pénurie et pourquoi? tout simplement par la faute d'une part d'une décision administrative, à savoir celle interdisant l'importation de produits alimentaires ayant leurs équivalents en Algérie et d'autre part du fait de l'esprit mercantile de bon nombre de nos producteurs nationaux versés dans le secteur de l'industrie agroalimentaire

Et donc vous rejoignez l'approche de l'Anca qui avance les mêmes arguments sur la question de l'évolution que va connaître le marché de la distribution des produits de consommation, en général?
J'irai encore plus loin: cette interdiction d'importation de 851 produits n'a rien de réaliste.
J'admets que l'on peut se passer de nombreux produits alimentaires importés car inscrits au rayon du superflu, mais c'est plutôt ceux dont notre outil de production n'est pas encore arrivé à satisfaire les besoins de consommation qui m'inquiète car cela n'arrivera pas de sitôt. Comme je dirai aussi qu'en interdisant l'importation de certains intrants, cela ne va qu'aiguiser l'appétit mercantile des producteurs nationaux de ces intrants.
De plus, le nombre restreint de ces derniers sera l'occasion pour eux d'accorder leurs violons sur la question du prix sorti d'usine c'est-à- dire en d'autres termes imposer des prix qui leur assurent des marges de bénéfices importantes sur le dos des producteurs clients. Et du coup ces derniers vont encore une fois se sentir sanctionnés par le fait de, aussi paradoxal que cela puisse paraître, en plus de payer plus d'impôt par rapport aux opérateurs qui importent et revendent en l'état, de se retrouver soumis au diktat de leurs fournisseurs d'intrants.

Et pourtant, les initiateurs de cette décision arguent qu'elle va d'une part protéger la production nationale et d'autre part réduire quelque peu notre facture d'importation des produits alimentaires. Quelle est votre lecture de cette explication?
A mon humble avis ce n'est pas avec une telle décision que l'on pourra protéger notre production car il aurait mieux valu se pencher plutôt sur l'urgence de développer notre outil de production c'est- à-dire d'encourager nos hommes d'affaires à s'investir beaucoup dans le créneau de l'agroalimentaire, d'autant plus que la matière première est disponible et en profusion; de plus elle est de grande qualité.
C'est d'autant plus très indiqué dans la mesure où nous continuons à importer plus de 60% de nos besoins alimentaires. Au lieu de cela,on n'a eu de cesse de fragiliser le tissu de production en place et dresser des barrières sur de nombreux projets dont il n'est plus besoin de démontrer leur intérêt tant ils pourraient épargner au pays des sorties de devises importantes.

Quelle est la chose que vous déplorez le plus dans cette décision d'interdire l'importation de 851 produits.
Franchement, elle va détruire plutôt que construire. Je m'explique: de nombreux patrons d'entreprises manufacturières vont se retrouver sans de sérieux concurrents et du coup ils ne sentiront plus le besoin de mettre en place une stratégie de développement. Pis encore, la médiocrité de leur production sera le dernier de leur souci.
Comme je reste convaincu que le marché va être marqué par des épisodes de pénurie à moins d'une décision courageuse de la part des pouvoirs publics qui va remettre cette fatidique liste de produits interdits à l'importation.

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