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POLÉMIQUE AUTOUR DE L’INVITATION DE BOUTEFLIKA

Le Quai d’Orsay met le holà

La controverse s’amplifie au fur et à mesure qu’approche la date du 15 août. Elle est l’oeuvre d’une agitation loin d’être innocente.

Le chef de la diplomatie française, Michel Barnier sort de son mutisme en répondant par écrit aux députés français qui protestent contre l´invitation du président algérien aux cérémonies de commémoration du débarquement de Provence le 15 août. La porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Cécile Bozzo di Borgo, dans une déclaration publique, a précisé que la lettre a été prise au sérieux en haut lieu. Il s´avère, selon la diplomate française, que la réponse écrite, sans, pour autant divulguer son contenu, a fait «l´objet d´une concertation interministérielle». La lettre envoyée lundi dernier au comité des protestataires sera rendue publique «dès qu´elle sera parvenue aux destinataires».
Concernant le contentieux historique qui empoisonne les relations entre les deux rives, la porte-parole de la chancellerie hexagonale s´est longuement attardée sur «le travail de mémoire commun qui a été engagé entre la France et l´Algérie et qui a déjà produit des résultats sur des questions concrètes comme la libre circulation des harkis, la réhabilitation des cimetières français en Algérie et la duplication des actes d´état civil des rapatriés.» Dans le même ordre d´idées, elle a ajouté que les services du ministère des Affaires étrangères ont rendu public un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) de 1963 sur les disparus français de la guerre d´Algérie dont ils ont dressé une liste. Pour rappel, la contestation à laquelle les autorités françaises tentent de mettre un terme est le fait d´une quarantaine de députés UMP (Union pour un mouvement populaire), le parti au pouvoir du président Jacques Chirac) dont le chef de file n´est autre qu´Alain Madelin connu pour son animosité envers les autorités algériennes. La poignée de parlementaires avaient adressé, à la mi-juillet, un véritable brûlot dans lequel ils vilipendent le président algérien pour ses propos qu´ils jugent incongrus envers les harkis. Bouteflika les avaient traités, dans une déclaration antérieure de «collabos». Certains iront jusqu´à exiger que le chef d´Etat algérien se ravise et demande des excuses. L´un d´entre eux, Claude Goasguen, député de Paris, a estimé ce mardi qu´il (le président Bouteflika) devrait se désavouer et «revenir sur ses propos». Ces parlementaires qui veulent semer la discorde sont relayés par l´Union nationale des harkis (UNH), représentant les Algériens ayant servi comme supplétifs dans l´armée française pendant la guerre d´Algérie (1954-1962). Les membres de cette organisation s´indignent et se disent «profondément choqués de l´invitation faite par le gouvernement français au chef de l´Etat algérien».
Il appartient au gouvernement français de déjouer le travail de sape qui remet sur le tapis une vieille histoire afin d´éviter de contrarier la normalisation des relations entre les deux pays. Celle-ci a pris un bon départ avec d´abord «le partenariat d´exception» et prochainement le traité d´amitié prévu pour 2005. L´invitation faite par le gouvernement français au chef de l´Etat algérien revêt, selon l´AFP un caractère particulier «le gouvernement français attache un grand prix à la venue de M.Bouteflika, que le président Jacques Chirac avait été le premier à aller féliciter, le 15 avril dernier, pour sa réélection». Des associations favorables au réchauffement des relations entre Alger et Paris tentent de dépassionner le débat en le ramenant à sa juste mesure. Le ministre délégué aux anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, a déclaré qu´«il est utile de préciser qu´aucune confusion n´est à faire entre cette page d´histoire écrite en commun en août 1944 et d´autres événements ultérieurs, aussi douloureux soient-ils».
De son côté, Lucien Bitterlin, président de l´Association de solidarité franco-arabe créée en 1967 à l´initiative du général de Gaulle, qualifie le débat d´inapproprié et qu´«à propos du devoir de mémoire soulevé par quelques parlementaires français en ce qui concerne le président Bouteflika, le temps est venu d´une véritable réconciliation entre Français». L´Association France-Algérie, qui regroupe des partisans de l´amitié franco-algérienne de toutes sensibilités politiques, s´insurge, quant à elle, contre «les campagnes anti-Bouteflika, menées sur la base d´amalgames». Elle demande aux Français, notamment aux beurs de ne pas y céder.
La polémique s´amplifie au fur et à mesure qu´approche la date du 15 août . Elle est l´oeuvre d´une agitation loin d´être innocente qui vise en premier lieu le chef d´Etat français. Ce dernier n´est pas en odeur de sainteté avec certains de ses détracteurs à recruter dans son entourage immédiat, qui veulent le mettre à l´écart. Ceux-là mêmes qui n´apprécient pas le rapprochement car ils s´accrochent à des chimères aux relents nostalgiques. Ils regardent toujours les Algériens comme des sous-fifres qui devront faire des courbettes à leur ancienne colonie. Il est évident que l´histoire des harkis qu´on vient d´exhumer sert de levier à une haine viscérale dont ils ont du mal à se départir. Les supplétifs sont considérés comme la plèbe que les autorités françaises avaient parquée dans des ghettos dès les premières années de leur insertion forcée dans la société française. Jusqu´à présent, leur situation n´a pas changé d´un iota. Ils ne sont toujours pas sortis de leur état d´engeance. Ces parlementaires qui ont cru de leur devoir de courir au secours des harkis pour demander réparation à un soi-disant affront qui leur a été infligé par le président algérien, devront d´abord s´inquiéter des conditions de vie lamentables au demeurant, de ces citoyens français de seconde zone qui sont frappés d´ostracisme par leur patrie d´accueil.

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