L'Expression

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UN DÉLICE POUR LES UNS, UNE DÉLIVRANCE POUR D’AUTRES

Le f’tour des impatients

Ils s’attablent à «l’autel de la bouffe» bien avant l’heure de la rupture du jeûne.

C´est l´heure, la minute...presque la seconde de se mettre à table. Les jeûneurs vont passer à «l´attaque». Nombre d´entre - eux sont déjà attablés depuis un certain temps. Ils attendent, souvent avec un brin d´impatience, parfois avec énervement, humant savoureusement du nez et dévorant des yeux, les plats et salades garnissant la meïda ou «l´autel de la bouffe» que «Maman» a préparé joliment avec art et goût. N´en déplaise aux recommandations de la religion qui interdit ce genre d´attitude, car remettant en cause l´offrande même de la journée de jeûne à Dieu, ces mauvais jeûneurs sont toujours là en attente.
D´autres mets foisonnant de viandes rouges ou blanches continuent à mijoter à feux doux dans un délicieux clapotis de jus de sauce chantant sur le feu. De folles odeurs se répandent à travers la maison en taquinant avec ironie les narines de ces jeûneurs en attente. Les mets seront servis tantôt en pâture à ces ventres creux qui ne tiennent plus après une longue journée d´abstinence de privation et de retenue devant une multitude d´envies souvent mal dissimulées. Une curieuse sensation de victime s´empare de ce jeûneur à l´affût d´El Adhan.
Les minutes s´égrènent alors avec plus de lenteur en ces derniers instants. Plus à l´aise, se trouve le jeûneur pieux qui se rend à la mosquée et rompt le jeûne avec une datte ou une gorgée d´eau avant même de faire la prière. Lui, ce jeûneur impatient, il est là, languissant devant des plats qui seront à lui dans un instant. Moult appréciations défilent alors dans sa tête avant de transiter vers son ventre «meurtri» via une bouche salivante. Il arrive même à imaginer le goût du plat qu´il va «dévorer», il ne prendra guère le temps de le savourer, ce qui déclenche en lui une humectation abondante de ses babines asséchées par une journée de jeûne.
Les yeux somnolants scrutent d´un regard qui se veut «neutre» la belle meïda sur laquelle trône la délicieuse chorba à la mektfa (petites pâtes roulées à la main). Cette variante ne concerne bien sûr que les vieilles familles algéroises, et encore, elles-mêmes gagnées par le progrès utilisent simplement des vermicelles sorties de ces monstres qu´on appelle des usines de fabrication de pâtes alimentaires. Certaines familles se sont converties avec bonheur au fric de blé dur pilé ou le mermaz préparé de la même manière avec du blé tendre.
Tout autour de la soupière de chorba s´alignent des salades variées, comme celle aux poivrons doux grillés (bien sûr) et agrémentée de tomates pelées formant une palette de couleurs qui fait briller les yeux de ce jeûneur déjà attablé. Il imagine déjà l´ham lehlou, dessert chaud légèrement aromatisé de cannelle, plat incontournable pendant le Ramadhan sur la table des familles algéroises. Composé de pruneaux d´Agen, d´abricots séchés et parfois garni de raisins secs de Corinthe, ce plat est la touche finale de ce somptueux festin quotidien...et tant pis pour le porte-monnaie!

De Quoi j'me Mêle

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