L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Le burkini de toutes les divergences

Nous savons que l'importance de la production d'un pays fait sa puissance économique. Il est de notoriété publique que la stabilité et la justesse des positions d'un pays lui permettent de gagner en respect et en positionnement au plan mondial et que la pertinence de ses recherches et l'avancement de sa technologie lui procurent une renommée scientifique. Mais, face à l'économique et au politique, il y a le social qui, lui, peut être en totale inadéquation avec le reste. En d'autres termes, un pays a beau être une puissance économique et avoir un grand poids politique, cela ne signifie pas nécessairement que, sur le plan social aussi, il soit bien portant. Pour s'en convaincre, il suffit de voir la fracture sociale, mille fois rouverte, dans les Etats-Unis d'Amérique, à cause d'une conception raciste qui ne veut pas quitter certaines mentalités véreuses. Les «accidents», trop nombreux, de policiers blancs qui tuent par balles, des enfants qui se trouvent toujours être de jeunes Noirs, est-ce une coïncidence? Vraiment?
Ce qui fait la puissance économique d'un pays, c'est lorsque les hommes et les femmes de ce pays, s'en vont, côte à côte, combattre le besoin, relever le défi de produire, lutter contre l'inconnu et briser les chaînes de la dépendance, vis-à-vis d'autrui. Ce qui fait son importance sur le plan politique, c'est quand son élite, qui ne tourne pas le dos à la morale et aux valeurs humaines, sait regarder les autres dans les yeux, lorsqu'elle parle de principes, de convictions et de rapports aux autres. Une élite qui sait avancer et faire avancer son pays, tout en gardant les pieds sur le chemin qui fait aboutir sans sombrer dans les marchandages de bas étage ou dans les tentations indignes. Une société bien portante, cependant, c'est celle où, lorsqu'on a à se regarder les uns les autres, nul ne rougit de colère ni de haine ni de frustration. Une société, où les uns ne demandent pas aux autres pardon d'exister ou d'avoir à les côtoyer. Une société qui ne penche pas, chaque matin la tête, pour regarder la couleur du fil qui a servi à coudre le vêtement de l'autre. Une société bien portante, c'est celle où les citoyens ne séparent pas ses enfants, ne réservent pas des écoles aux uns et d'autres écoles aux autres. C'est la société du vivre ensemble comme disent, de nos jours, les gens branchés. En France, et malgré les nombreux problèmes, parfois d'ordre structurel, que le pays rencontre, on ne peut pas nier que le côté économique soit assez solide. Politiquement, aussi, les Français ont une certaine place dans le concert des nations. Le passé colonial ayant certes, beaucoup servi et l'économie et la politique! Mais, que peut-on dire sur l'aspect social, sur ce qui a trait à la société? Peut-on prétendre que ça suit l'économique et le politique? Absolument pas! Le malaise qui traverse la société en France est visible à mille lieux. Ce n'est pas dû au nombre «d'étrangers» assez important, comme veulent le faire croire certains esprits malhonnêtes qui rôdent tant parmi les extrémistes du FN, que dans certains rangs de la droite. Ce n'est pas dû, non plus, au comportement, certes condamnable, de certains jeunes Français qui se sont retournés violemment contre leur pays. Ce malaise provient de l'incapacité d'une partie de la France à se détacher de ses démons qui l'habitent depuis une trop longue période, les pieds-noirs en tête. C'est cette partie de la société qui, traînant jusqu'à aujourd'hui une nostalgie déplacée et une envie rageuse de vengeance, sème la haine entre les citoyens d'un même pays.
Après avoir décrié les mosquées, interdit le port du voile dans les écoles et banni le niqab de l'espace public; après avoir dénoncé les merguez et la «chawarma», désapprouvé que soit servie de la nourriture hallal dans les écoles et même dans les restaurants, et après avoir accusé les jeunes des banlieues de faire trop de bruit, voilà que la France saute plusieurs siècles en arrière et tombe plusieurs mètres plus bas. Aujourd'hui, c'est toute la France qui regarde le burkini, qui en parle et qui en mange! Toutes les chaînes de télévision, tous les journaux, tous les hommes politiques, toutes les femmes politiques s'expriment sur le sujet. Les syndicats, les piétons, les conducteurs, les chanteurs, les fous, les petits, les vieillards, les nudistes, les nordistes, les sudistes... bref tout le monde, y compris les vaches, s'offusque de cette tenue. Bien entendu, on a droit à tous les argumentaires, des plus insensés aux plus corrects et l'on a droit à toutes les images, des plus impropres au plus pertinentes. Tout le monde parle.
La France est divisée sur le sujet. La France est divisée tout court. Les opportunistes, de la droite surtout, n'hésitent pas à sauter sur la vague comme l'a fait Nicolas Sarkozy qui, dit-il, veut «tout donner à la France», y compris son poison bien sûr! Certains maires aussi sautent dans le train - qui sait? - et s'empressent de légiférer sur ce que la République a toujours refusé de considérer comme un domaine de législation.
Mais si, en France, les débats sont tombés si bas, c'est qu'il y a certainement d'autres raisons à cela. C'est, entre autres, à cause des différents gouvernements qui n'ont ni su ni voulu améliorer le vivre ensemble sur le sol français. C'est parce que certains hommes politiques, trop occupés à faire les guerres, ont failli à leur mission.
Que la France entière reste là, à regarder le burkini et à en débattre, c'est une perte de temps terrible et c'est vraiment dommage.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours