LUTTE ANTITERRORISTE ET RÉCONCILIATION NATIONALE
L’arme et la colombe
Le président de la République fait de ces deux concepts le fer de lance de sa politique.
L´une appelle à l´autre. Entre réconciliation nationale et lutte antiterroriste, le chef de l´Etat entend faire la part des choses. Sa démarche à la tête de l´Etat, notamment depuis sa réélection le 8 avril dernier, vient, de sceller deux concepts politiques, jadis, diamétralement opposés et sujets, de surcroît, à nombre de polémiques «à couteaux tirés» dont se sont fait notoriété dans les années quatre-vingt-dix, les partis et autres personnalités politiques, ce qui a valu, d´ailleurs, la séparation de la famille politique en deux tendances, farouchement antagonistes : éradicateurs et réconciliateurs. Le président de la République, dans son discours de dimanche à l´occasion de la commémoration de l´indépendance nationale, a mis en évidence ces deux thèmes qui constituent les principaux leviers de sa politique tant intérieure qu´internationale. En considérant la lutte antiterroriste comme «condition de la poursuite du renforcement du processus démocratique» le chef de l´Etat cherche, visiblement, à tempérer les inquiétudes et les craintes exprimées, çà et là, quant aux «atteintes» par le gouvernement à la nature pluraliste et démocratique du régime. Ainsi, le retour, sous une forme ou une autre, à l´époque du tout-sécuritaire et les conséquences y découlant, semble complètement exclu avec la mise en oeuvre de la réconciliation nationale : «La réconciliation nationale n´est pas incompatible avec la lutte antiterroriste dès lors que cette dernière vise, avant tout, à restaurer la sécurité et l´autorité de l´Etat», a-t-on encore expliqué.
Poursuivant son prêche réconciliateur avec la verve qu´on lui connaît, le premier magistrat du pays salue le retour à la paix, impulsé, selon lui, par la mise en pratique de la politique de la concorde civile à une époque où il n´était pas sans difficulté de convaincre une population meurtrie par la horde sanguinaire, du bien-fondé de cette loi. Aussitôt appliquée, la concorde civile avait, soutient Bouteflika, porté ses fruits en permettant à de nombreux terroristes de déposer les armes et de réintégrer, grâce à ce dispositif juridique, la vie sociale.
De fil en aiguille, et à la faveur du raz-de-marée électoral lors de la dernière présidentielle ayant revigoré l´image de Bouteflika aussi bien sur le plan national qu´à l´étranger, ce dernier a eu les coudées franches et a procédé à la mise en oeuvre de la réconciliation nationale, le projet qu´il n´a cessé, tout au long, de la campagne électorale, de promettre aux Algériens «afin d´éliminer les germes des divisions néfastes et rassembler dans l´effort national (...) toutes les énergies et toutes les bonnes volontés», a-t-il poursuivi, non sans avoir, au préalable, rappelé l´environnement : climat de sécurité et de stabilité dans lequel la réconciliation nationale est appelée à se développer. Dans son discours, Abdelaziz Bouteflika, avait, par ailleurs, loué les mérites de la poursuite de la lutte antiterroriste que l´ANP mène avec force et détermination. Bien que «le terrorisme soit vaincu» comme il l´a rappelé, son anéantissement total n´a pas encore eu lieu. Justement, Bouteflika, sur un ton mobilisateur, appelle à l´implication de tous les Algériens à même de combattre toutes les formes du terrorisme contre lequel il a promis une lutte implacable. En clair, telle est, en substance, la vision politique du chef de l´Etat, qui fait de la lutte contre le terrorisme avec la réconciliation nationale sa principale arme contre extrémisme des uns et des autres.