L'Expression

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LES ISLAMISTES ÉPROUVÉS PAR LE PROCESSUS DÉMOCRATIQUE

La rançon de l'urne

Perdus sur les sentiers escarpés de la démocratie, les islamistes algériens ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Vingt-cinq ans après l'arrêt du processus électoral qui allait être l'enterrement de la démocratie en Algérie, l'option d'un Etat islamique ne figure plus sur les agendas politiques des partis islamistes de l'heure. Aujourd'hui et à la veille des élections locales, les islamistes, conscients que leur influence sur le jeu politique a décliné, ne semblent être qu'à la recherche de l'unité et de l'organisation afin de peser à nouveau dans la scène politique. Éclatée en de multiples formations, affaiblie par des luttes de pouvoir, la mouvance islamiste en Algérie ne semble plus en mesure d'imposer ses idées dans le jeu politique. D'ailleurs, malgré les alliances créées, les partis islamistes ont peiné à présenter des listes pour les prochaines élections locales. Faut-il rappeler que lors des dernières législatives, l'ensemble des partis islamistes n'a obtenu que 67 sièges. Un rebond certes, en comparaison à 2012 où ils n'avaient récolté que sept sièges de moins, mais qui restent en deçà de leurs espérances car ils avaient réalisé, il y a cinq ans, leur plus mauvais score depuis le premier scrutin pluraliste en 1990. En juin 1990, rappelons-le, le Front islamique du salut (FIS) avait raflé la majorité des communes. Quelques mois plus tard, au 1er tour des législatives de 1991, l'ex-FIS était également arrivé largement en tête. A cette époque, le parti de Abassi Madani, actuellement dissous, fort de sa victoire électorale, avait vite déployé sa stratégie, à savoir user du moyen de la démocratie pour arriver à ses fins en instaurant un Etat islamique qui considère que la démocratie est «Kofr» car «étrangère à l'islam». Le parti islamiste avait même confirmé son intention d'examiner les statuts de l'Etat pour n'en retenir que ce qui est conforme au Coran et à la Sunna. Prenant conscience de la menace qui pesait sur la République, le pouvoir de l'époque, qui avait perdu beaucoup de sa légitimité aux yeux des Algériens, a décidé de réagir en annulant les résultats des élections. La riposte de l'ex-FIS ne s'est pas fait attendre. Cependant, la direction de ce parti s'était rapidement révélée incapable de maîtriser pleinement sa base et au lendemain de l'interruption du processus électoral en janvier 1992, des milliers de militants prirent les armes entraînant le pays vers l'abîme, dix années durant. En versant dans la violence, le mouvement islamiste en Algérie a vite perdu sa légitimité. Coupables de massacres collectifs de civils et d'actes dont la brutalité marquera pour longtemps encore les esprits, les figures de l'islamisme extrémiste et radical ne représentaient plus l'alternative à laquelle aspirait la société algérienne. L'image altérée par la décennie noire, les partis islamistes décident de changer de méthode pour parvenir au pouvoir. Ils acceptent alors le jeu démocratique et le verdict de l'urne. Le MSP a même mis un pied dans le gouvernement. Cependant, sa participation à la gestion des affaires de l'Etat a démontré la faillite de l'expérience islamiste sur le terrain. Ce n'est qu'à la lumière du printemps arabe que les islamistes algériens vont, de nouveau, se réveiller, estimant que le moment était venu pour leur retour en force au pouvoir. Et cela notamment du fait de la victoire des islamistes en Egypte, en Tunisie ou encore en Libye. Mais ces derniers et malgré leur rassemblement sous l'Alliance pour l'Algérie verte et à leur grand désespoir, continuaient à être en perte de vitesse d'échéance électorale à une autre. Les élections législatives de 2012 ont vite fait d'enterrer le rêve de la mouvance islamiste en Algérie. Après cette déplorable expérience, les islamistes algériens, perdus sur les sentiers escarpés de la démocratie, ne sont devenus plus que l'ombre d'eux-mêmes. Ils tentent cependant de faire volte-face pour éviter le naufrage en s'orientant vers la création d'un bloc qui dépasserait les rivalités et mettrait fin à l'effritement actuel, dans l'espoir de négocier au mieux les prochaines échéances politiques. Mais ces derniers doivent produire un nouveau discours politique. Un discours qui réussira à faire oublier aux Algériens que les islamistes, qui ont mangé dans le même plat que le pouvoir, ont déjà fait leurs épreuves et ont montré leur faible capacité dans la gestion. Il y a aussi leur visage sanglant de l'époque du terrorisme à faire oublier. C'est dire que l'épreuve du pouvoir a peut-être discrédité et pour longtemps les islamistes en Algérie.

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