APRÈS LA VISITE D’AHMADINEJAD
La logique du soutien algérien
Jamais une visite d’un chef d’Etat étranger n’a suscité autant de commentaires.
Le nucléaire iranien fait peur. Jamais une visite d´Etat d´un président n´a suscité autant de commentaires. Observateurs, analystes, politiciens, notamment occidentaux, tous y sont allés chacun de sa théorie pour dénoncer le souhait de l´Iran de développer son capital nucléaire à des fins pacifistes. D´autant que l´Iran est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et s´est toujours ouvert aux inspections de l´Aiea (Agence de sûreté nucléaire de l´ONU). Aussi, la dernière visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à Alger, n´a laissé aucune capitale indifférente. Ahmadinejad a sollicité le soutien de l´Algérie, il l´ a eu. «Nous estimons inadmissible que des pays membres du Traité de non-prolifération des armes nucléaires soient contrariés, en raison d´interprétations unilatérales et sélectives, dans leur droit légitime et conventionnel d´acquérir des technologies nucléaires à des fins strictement pacifiques et de développement», a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika, le dernier jour de la visite d´Etat de Mahmoud Ahmadinejad en Algérie.
Clair, net et précis. Par cette mise au point, le chef de l´Etat affiche son soutien à l´Iran à développer sa technologie nucléaire à des fins civiles et pacifiques. L´Algérie a toujours défendu le droit des pays de la rive Sud à développer l´énergie nucléaire à des fins civiles. En outre, par ce soutien, l´Algérie marque sa sympathie pour l´Iran dans sa confrontation avec les grandes puissances sur son programme nucléaire. Se référant au droit international, l´Algérie juge inacceptable l´approche «unilatérale» qui interdirait à un pays de se doter de la technologie nucléaire. L´Algérie refuse la politique des deux poids, deux mesures. En effet, si des pays ayant acquis l´arme nucléaire comme l´Inde et le Pakistan ont été sanctionnés en leur temps, Israël en revanche, qui n´a jamais ni reconnu ni infirmé sa possession d´un arsenal nucléaire -sans que personne ne s´en inquiète outre mesure- n´a jamais fait l´objet d´aucune remontrance de la part de la «communauté internationale». En outre, la réalité du terrain n´indique pas non plus quels critères ont prévalu pour faire accéder certains pays à l´arme nucléaire alors que cet accès était refusé à d´autres.
Cette situation, préoccupante à plus d´un titre, devrait fortement interpeller les responsables politiques de tous bords. La lutte pour la paix et le désarmement doit faire partie des luttes constitutives les plus fortes de l´ONU et l´Aiea qui continuent à interdire aux pays de la rive Sud de développer leur technologie nucléaire. Cependant, le rôle de l´arme nucléaire s´est relativisé par rapport à l´évolution d´autre armes de destruction massive, (ADM) induite, notamment par les recherches américaines dans le domaine des armes spatiales. Outre ce fait, notons l´émergence du fait terroriste dont la responsabilité incombe directement aux grandes puissances dont les Etats-Unis.
L´un dans l´autre, les armes spatiales et la nuisance des terroristes qui ont utilisé des cutters pour se rendre maîtres des avions ayant percuté les WTC à New York, rendent obsolètes la dissuasion nucléaire, et l´absolue inutilité des stocks énormes d´armes nucléaires accumulés dans différents pays d´Occident et de l´absolue nécessité de s´engager dans leur destruction comme le préconisent les Nations unies.
Néanmoins, toutes ces actions de dissuasion veulent seulement freiner et isoler les quelques pays qui veulent acquérir le savoir-faire dans le développement de la technologie nucléaire. Et c´est tout cela l´enjeu des menaces occidentales contre l´Iran.