L'Expression

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La hogra, vous connaissez ?

N’a-t-on pas vu des plaignants devenir accusés et inculpés sans autre forme de procès ?

Interrogé lors d´un forum organisé par le quotidien El Moudjahid, le professeur Issaad avait déclaré: «Le rapport sur la justice est entre les mains du Président. C´est tout ce que je peux dire». Pourquoi mettre en place des commissions qui se réunissent, consomment un budget, rédigent des rapports dont personne ne tient compte? N´y a-t-il pas une perte de temps et d´argent, mais aussi une atteinte aux cadres que l´on a fait travailler pour rien et à l´opinion qui attend toujours les résultats de ces travaux? Le moins que l´on puisse dire, c´est que la réforme de la justice a connu le même sort que les autres secteurs, à savoir le système éducatif, l´économie ou l´Etat lui-même. Dans l´enthousiasme des années 1999 et 2000, où le mot réforme était employé à toutes les sauces, celle de la justice était apparue comme un chantier prioritaire, notamment au regard des dépassements, des irrégularités, des abus de pouvoir constatés. Aux lenteurs devenues légendaires de l´appareil judiciaire, sans doute imputables au manque de moyens mais aussi à un bureaucratisme mâtiné d´un juridisme tatillon, il fallait aussi ajouter les passe-droits et les dénis de justice. N´a-t-on pas vu des plaignants devenir accusés et inculpés sans autre forme de procès? Et pourquoi cela? Tout simplement parce que le vis-à-vis a le bras long et qu´il peut actionner le balancier des tribunaux avec plus de facilité.
Il se trouve que l´actuel Premier ministre occupait le portefeuille de la Justice à l´époque où le projet était lancé sur les rails, et lui-même avait promis que des équipes étaient au travail à l´effet de défricher le terrain, de faire des propositions et de présenter une réforme bien ficelée. Il avait insisté sur le fait que c´était un travail de longue haleine, faisant même un parallèle avec la réforme opérée en France. Dans le sillage de tout ce qui se disait et se dit toujours d´ailleurs, 450 magistrats furent révoqués, mais nul ne connaît la suite donnée à ce dossier. S´il y a des magistrats véreux, pourquoi ne pas les juger et ainsi laver l´honneur d´une profession de laquelle les citoyens attendent beaucoup? Alors que le barreau est une profession où le mot Etat de droit est attaché. Dès qu´on parle de la hogra, mot intraduisible en français, c´est à la justice qu´on demande la protection. Mais comment une profession qui est elle-même empêtrée dans de faux problèmes de conflits de compétence, d´ingérence politique, de manque de moyens et de lenteurs, peut-elle venir au secours des justiciables? Là est la question. Parmi tous les concepts mis en avant, il y a celui de l´indépendance du juge, qui ne doit pas subir de pressions politiques. «C´est ce qui explique, a déclaré le président du Syndicat national des magistrats, que la réforme est devenue davantage une question de théorie que de pratique concrète». En d´autres termes, et mis à part les brebis galeuses qui ont fait du tort à une aussi noble profession, les magistrats eux-mêmes qui sont partie prenante des efforts faits dans le sens d´une meilleure prise en charge des problèmes posés par un système judiciaire qui ne répond plus aux exigences d´une Algérie moderne.
Au moment où la justice s´occupe à récupérer les espaces qu´elle a perdus au fil des années et des décennies, le dernier mouvement opéré dans le corps des magistrats vient nous rappeler que beaucoup de choses restent à faire pour la libérer de la gangue et de la torpeur.

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