La frénésie!

Jusqu'au bout de la nuit! Les soirées du Ramadhan sont plus longues que jamais. Depuis plus d'une semaine, la fièvre de Sidna Ramadhan a laissé place à celle de l'Aïd.
Les achats boulimiques de nourriture ont laissé place à la frénésie des vêtements. Dans les quatre coins du pays, c'est la folie. Un monde fou, composé essentiellement de femmes et d'enfants, envahit les rues à peine une heure après le f'tour. Bien aidé par la disponibilité des transports, publics ou privés, cette foule déferle vers les rues commerçantes comme un véritable tsunami. C'est le cas de la star de ce Ramadhan, en l'occurrence la commune de Rouiba. Avec ses nombreux magasins, sa fameuse braderie, et le grand marché du Ramadhan qui y a été installé, on vient de partout pour faire ses achats ou simplement du lèche-vitrine, en se trémoussant dans les belles rues de ce plat pays. « On n'a jamais vu autant de monde dans notre petite commune», confie les riverains.
La foule est tellement nombreuse que la circulation automobile y est quasiment impossible. Les services de sécurité sont mobilisés jusqu'à presque l'imsek pour la réguler, et surtout assurer la sécurité des passants. Leur présence se fait remarquer à chaque coin de rue, ce qui rassure ces dames et ces jeunes filles qui se baladent seules à la recherche de la bonne affaire du Ramadhan.
Bol d'air et sécurité...
Une belle image décomplexée de la nouvelle Algérie. Cette carte postale n'est pas unique à cette petite ville de banlieue. Dans toutes les villes du pays, c'est presque le même spectacle. Que dire alors du centre d'Alger ou des quartiers commerçants de la capitale, comme le boulevard du 11 Décembre à Chéraga. «Il y a des embouteillages même pour les piétons», ironise un automobiliste bloqué pendant des heures au milieu d'une vague humaine à l'air d'une marche de protestation. Néanmoins, ce n'est pas que pour le bol d'air frais qu'elles accourent d'un magasin à un autre. «On cherche les bonnes affaires», souligne avec un large sourire Lydia et ses deux soeurs. Les ont -elles trouvées? De l'avis de tous ceux que nous avons rencontrés, durant cette Sahra en mode shopping, c'est: «Oui! comme avec les produits alimentaires, on trouve de tout à divers prix», assure Lamia, une mère de famille, chargée de sacs qui contenait les «perles» qu'elles venaient de s'offrir. Pour Hakima, c'est le printemps des bonnes affaires. «Les prix ont baissé par rapport à l'an dernier», atteste-t-elle. Cette mère de deux enfants révèle qu'elle venait d'habiller complètement ses petits, à moins de 15 000 dinars les deux. «L'an dernier, c'était le double avec des habits de qualité moindre», révèle-t-elle. Chose que confirme Ahmed. Ce père de famille se réjouit que le ministère du Commerce ait autorisé de prolonger la période des soldes exceptionnellement durant ce mois sacré. «Ça nous permet d'habiller nos enfants à moindre coût, surtout chez les grandes boutiques de prêt-à-porter qui jouent à fond le jeu», indique-t-il.
Une offre abondante
Pour lui, le fait que les prix ne soient pas aussi «chauds» que l'an dernier est dû à une offre beaucoup plus abondante. «Les importations ont été ouvertes. La production nationale a aussi augmenté», met-il en avant. «On le remarque très vite avec des magasins pleins à craquer de marchandises. Ils se vident aujourd'hui, demain, ils sont encore plus achalandés. On trouve de toutes les qualités, et à tous les prix», ajoute-t-il, en rappelant que l'an dernier c'était presque la marchandise qui était chez tout le monde et que les magasins étaient quasiment vides. Il est vrai que les commerces durant le dernier Aïd avaient des allures de crises. C'était même déprimant. Ils sont en train de se rattraper avec cette frénésie qui gagne le pays. «C'est incroyable cette affluence! s'exclame Fatima, propriétaire d'une boutique de vêtements pour enfants. On reste ouvert jusqu'à tard dans la nuit pour satisfaire nos clients. Ils sont tellement nombreux à vouloir profiter des bonnes affaires avant l'Aïd», poursuit-elle avec un large sourire. «On a déjà battu nos records de vente de l'année dernière», confie Bassem, gérant d'une boutique de prêt-à-porter pour femmes. «Les gens sont à la recherche de la qualité à un prix abordable, et c'est ce qu'on leur propose.»
La joie des commerçants
Même son de cloche du côté des commerçants des centres commerciaux. «C'est de la folie ici!» déclare Karim, responsable d'une boutique de chaussures. «Les clients affluent, et on ne peut pas se permettre de fermer tôt. Les produits turcs sont vraiment populaires cette année», remarque Nadia, vendeuse dans une boutique de vêtements.
«Le rapport qualité-prix est excellent, et les clients en redemandent», soutient cette jeune fille qui ne sait plus où donner de la tête. «On s'attend à une explosion des ventes ce week-end», prédit-elle. «C'est le dernier avant l'Aïd, donc les gens vont se ruer dans les boutiques pour les derniers achats», estiment la majorité des commerçants. Quant à la mode de la vente au kilo, c'est l'effervescence totale. «C'est le moment idéal pour faire des affaires», affirme Samir, client fidèle d'un magasin de déstockage. «On trouve des produits de marque à des prix imbattables», rapporte ce jeune actif rencontré au niveau du magasin stock Europe de Dergana. Dans cette frénésie d'achats qui se prolonge jusqu'à l'aube, les centres commerciaux débordent littéralement. «C'est bondé de partout!» témoigne Leïla, une jeune maman en quête de jouets pour ses enfants. «On peut à peine se frayer un chemin tellement il y a de monde», rapporte celle qui cherchait un petit restaurant pour son «s'hour» après les courses avant de rentrer chez elle pour dormir quelques heures. Alors que Leïla s'en allait, le soleil pointe à l'horizon, illuminant les rues encore animées par les derniers acheteurs nocturnes. Cependant, une chose est claire: cette frénésie d'achats ne montre aucun signe de ralentissement. Dans cette course effrénée vers la préparation parfaite de l'Aïd, commerçants et clients se rejoignent dans une symphonie de satisfaction et d'enthousiasme. Ils créent ainsi un tableau vivant de joie et de bonne humeur à travers tout le pays. En attendant, la grande fête qui arrive dans moins d'une semaine. C'est l'Algérie comme on l'aime...