"Fermez ce bar, sinon..."

La station balnéaire de Tichy a renoué en fin d'après-midi de mercredi dernier avec l'agitation lorsqu'un groupe de citoyens, dont le nombre ne dépasserait pas une quinzaine, ont procédé, sans préavis, à la fermeture de la RN 09 qui traverse la ville pour exiger la fermeture d'un dépôt de vente de boissons alcoolisées qui venait de rouvrir légalement au centre-ville après une année de fermeture.
Cette protestation, initiée par un groupe de riverains, a duré près d'une heure, provoquant un énorme bouchon sur la RN 09 qui traverse la ville.
C'est la première manifestation du genre enregistrée dans cette localité balnéaire en relation avec la consommation et la vente d'alcool puis la fameuse période qui a engendré le saccage de nombreux établissements hôteliers.
Même si cette manifestation n'obéissait à aucune considération politique ou religieuse, relevant plutôt d'une relation de voisinage, avons-nous appris sur place, elle reste tout de même une action dont la portée pourrait se traduire négativement sur la saison estivale si elle venait à se reproduire. Sur la dizaine de points de vente en activité dans cette station balnéaire, seul ce point est contesté. Bien qu'il ait été dûment autorisé suivant une procédure administrative de plusieurs mois, le propriétaire éprouve toutes les difficultés du monde à exercer alors que d'autres le font illégalement.
C'est l'incompréhension soulevée lors de notre arrivée sur les lieux. «J'ai été sujet à une enquête approfondie aboutissant à l'octroi d'une licence d'exploitation mais je ne peux pas ouvrir parce que des gens ne le veulent pas», s'indigne le propriétaire qui relève amèrement que «c'est la police qui a procédé à la baisse du rideau de ma boutique». Si le geste de la police était sans doute motivé par le souci d'éviter que la situation s'envenime davantage, le propriétaire ne le voit pas du même oeil. « Au lieu de protéger mon activité légale, on se plaît devant une manifestation pendant que d'autres exercent la même fonction illégalement», renchérit-il.
Un désaccord entre voisins qui déborde sur la voie publique. Un fait rarissime jusque-là mais qui risque de faire tâche d'huile d'autant plus que les parties concernées n'interviennent que rarement dans le bon sens.
En effet, jusque-là, toutes les contestations qui ont secoué cette localité étaient d'ordre politique et religieux. Il y a un peu plus de deux années, les opposants à la vente de l'alcool et la présence féminine localement ont beaucoup fait parler d'eux. Tout comme ce qui s'est passé lors du mois sacré à Béjaïa, le risque de voir se réveiller les vieux démons inquiète d'autant plus que la nuit d'avant la manifestation, le passage de nombreux visiteurs n'est pas passé inaperçu. Il a été trop «bruyant» selon certains témoignages recueillis sur place.
La nuit du deuxième jour de l'Aïd a été bien arrosée par les premiers estivants arrivés à Tichy. De longues files se sont formées chez les deux principaux dépositaires de liqueurs de la ville et des jeunes ne se sont pas empêchés de boire dans la discrétion, a-t-on raconté.