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INTERDICTION DES RASSEMBLEMENTS EN SEMAINE

Ces ordres que personne n'assume

Qui peut donner cette instruction, évidemment «verbale», pour interdire les manifestations et les marches les jours de semaine?

L'interdiction des rassemblements de citoyens en semaine relève d'une tentative de museler l'expression citoyenne. Il est désormais interdit aux Algérois de se retrouver sur les escaliers de la Grande Poste. Cette mesure de restriction des libertés individuelles et collectives, prise il y a quelques jours, ne relève pas de la rumeur, comme on aurait pu le penser. Hier encore, des dizaines de personnes se sont vues empêchées de s'asseoir en cet endroit pour discuter de la crise institutionnelle et de la situation que traverse le pays. Libéré par les grandes manifestations des vendredis, il semble que Dieu sait quelle autorité a pris la décision d'instruire les policiers pour ne permettre que les rendez-vous hebdomadaires. Les autres jours de la semaine, il est interdit aux Algérois d'occuper l'espace public, sous peine d'être embarqués par les forces de l'ordre pour être libérés quelques heures plus tard. Ce n'est pas de l'intox ou une fake news, c'est une réalité constatée hier vers 17 heures, à hauteur de la Grande Poste d'Alger. Empêché par un cordon de policiers d'accéder aux escaliers de cet établissement emblématique de la capitale, un groupe de militants s'est filmé en Live Facebook, pour démontrer qu'il y a bel et bien entrave à la liberté d'expression et de réunion au coeur d'Alger.
Quelques heures avant cette atteinte à la liberté, L'Expression a cherché à comprendre comment la chose a été rendue possible, après tout ce que dit le Premier ministre et son ministre de l'Intérieur sur la garantie des libertés dans le pays et notamment à Alger.
Sachant que la rue demandait des explications, notre reporter a tenté de lever l'équivoque... Premier constat et première surprise: aucune instruction «écrite» n'a été donnée pour fermer les alentours de la Grande Poste aux citoyens. Pourtant, des interpellations ont été décidées. Qui peut donner cette instruction, évidemment, «verbale», pour interdire les manifestations et les marches les jours de semaine?

Aucun écrit ni communiqué
Interdire les manifestations les jours de semaine a eu l'effet d'une bombe. Cette information, qui tombe dans un contexte assez particulier, a fait couler beaucoup d'encre. La rue a rebondi et des militants ont réagi à ce potentiel projet de répression. Un véritable paradoxe en l'absence d'une communication institutionnelle transparente. Depuis cette semaine, des rassemblements ont été interdits et des manifestants ont été dispersés. Visiblement, aucune instruction «écrite» n'a été donnée. Pourtant, des interpellations ont été décidées. Qui peut donner cette instruction, évidemment, «verbale», pour interdire les manifestations et les marches les jours de semaine?
«Aucune instruction n'a été donnée par le ministère de l'Intérieur pour interdire les manifestations et les marches, les jours de semaine», a révélé, hier à L'Expression, sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire. Si l'Intérieur n'a pas donné d'instructions pour empêcher les rassemblements, qui donc a donné cet ordre? Qui a été bel et bien exécuté sur le terrain. «Nous n'avons reçu aucune instruction pour disperser les rassemblements, ni les jours de semaine ni autre», a démenti un haut officier supérieur de la Gendarmerie nationale. «L'information ne circulait que sur les réseaux sociaux», niant que cette information soit vraie. Par ailleurs, un autre officier de la Brigade de recherche et d'intervention relevant de la police judiciaire de la sûreté d'Alger, BRI, nous a confirmé la même chose. Il a nié avoir reçu des instructions ou autre pour intervenir et disperser les manifestants. «Depuis le début des manifestations, notre travail consiste à encadrer et protéger les manifestants. En civil ou en tenue, nous avons tous la même mission (encadrer les rassemblements), dans le respect de la loi.»

Qui est derière
Dans ce même sillage, nous avons contacté le service de la communication de la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) pour avoir plus d'informations concernant le sujet. Aucune réponse officielle n'a été communiquée. Cependant, selon un officier supérieur de la Sûreté nationale d'Alger, aucun ordre n'a été donné pour réprimer ou disperser. «J'infirme que cette information soit vraie, aucune instruction n'a été donnée aux agents du maintien de l'ordre pour disperser les rassemblements», fait savoir l'officier supérieur sous le couvert de l'anonymat. Il nie toute responsabilité concernant la répression des manifestants. Pourtant, ce ne sont pas les jeunes artistes, étudiants et autres, persécutés qui ont inventé leur interpellation. Selon les observateurs avertis, ce genre de pratiques pourraient avoir des conséquences dévastatrices. Et par effet boule de neige, les instructions verbales, qui proviennent de source inconnue, peuvent nuire, notamment dans ce contexte assez particulier, où l'information doit être transparente et communiquée pour éviter la propagande et l'amalgame, note-t-on. Les administrations doivent communiquer abondamment pour éviter de tomber dans le piège des fake news.

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