L'Expression

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SIGNATURE D'UNE CONVENTION ENTRE L'ENA-ALGÉRIE ET L'ENA-FRANCE

A quoi faut-il s'attendre?

La coopération entre les Etats est nécessaire. Mais celle-ci est fort sensible quand elle touche les hauts cadres de l'Etat. Y a-t-il donc anguille sous roche?

Une convention de coopération a été signée hier entre l'Ecole nationale d'administration (ENA) d'Algérie et son homologue française. Cet accord qui intervient dans le sillage du renforcement des relations bilatérales et de l'extraction des rapports algéro-français de «la guerre des mémoires» dont ils sont restés dépendants des décennies durant, vise à asseoir une tradition d'échanges et de coopération entre les deux institutions mais aussi, sans doute, à faire bénéficier l'Algérie de «l'expérience» française dans l'administration. En effet, les exploits de l'ENA française résident dans le fait de fournir en cadres l'administration française, à toutes les échelles, aussi bien en quantité qu'en qualité.
Créée en 1945 dans le cadre de la démocratisation de l'accès à la haute fonction publique de l'État, l'Ecole nationale d'administration a donné nombre de cadres de valeur à l'Etat français. Pierre Moscovici, Philippe Bas, Pierre Lévy, Bruno Lafont, François Hollande, Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Philippe de Villiers, Bernard Bajolet, Laurent Fabius sont entre autres les quelques grands noms que l'ENA a fournis à la France.
De plus, aujourd'hui, les migrations entre les différentes classes sociales en France et l'accès devenu possible, même aux immigrés, aux hautes fonctions de l'Etat, ont eu lieu en grande partie grâce à l'ENA. Ayant atteint un stade de maturité assez développé, l'ENA française est en phase de devenir un modèle à exporter. Sauf que, dans l'absolu comme dans la pratique, il est des expériences «inexportables». Et celle de l'Ecole nationale d'administration basée à Strasbourg en est bien une. L'Algérie a-t-elle quelque chose de particulier à apprendre de la France en matière de gestion et de gouvernance administratives? L'administration française est-elle le modèle auquel aspire l'Algérie indépendante après plus de 50 ans de son indépendance?
Après le départ des pieds-noirs au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, l'Administration algérienne s'est retrouvée orpheline. Sans cadres, sans expérience, rien ne présageait un re-décollage de l'Administration algérienne. Pourtant, grâce à Ahmed Medeghri, qui est resté à la tête du ministère de l'Intérieur de 1962 jusqu'à 1972 et auquel tout le monde reconnaît aujourd'hui le rôle central de la mise en place et du développement de l'administration algérienne, que l'Etat algérien a pu se constituer et échapper ainsi aux tempêtes postcoloniales qui n'étaient pourtant pas de nature à lui permettre une quelconque possibilité de se relever.
Ahmed Medeghri n'était cependant pas le seul bâtisseur. Missoum Sbih, docteur en droit et auteur de plusieurs livres sur l'administration en Algérie et au Maghreb, sera lui aussi de la partie. En effet, Missoum Sbih a participé activement à la création de l'Ecole nationale d'administration algérienne dont il sera le directeur de 1964 à 1979.
L'Algérie peut-elle continuer à être gérée dans son architecture actuelle? L'Ecole nationale d'administration continuera-t-elle à former les cadres algériens, comme elle le fait depuis sa création, selon la vieille tradition héritée des années Sbih? La signature d'une convention de coopération avec l'ENA-France n'est-elle pas une ré-affirmation à peine voilée de l'attachement de l'Algérie, en termes de valeurs, au centralisme cher aux «sans-culottes» de la Révolution française?
Pourtant, lors de sa création en 1964, l'Ecole nationale d'administration «incarnait, dans l'esprit de ses fondateurs, la volonté du jeune État algérien de bâtir une administration à la hauteur des défis du développement national.»
Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et l'Algérie a réalisé bien des bonds en avant. L'ENA algérienne constitue elle aussi, à l'image de l'ENA française, un élément incontournable dans le paysage politico-administratif algérien. En effet, en à peine 50 ans d'existence, l'ENA a fourni des milliers de cadres à l'Etat algérien.
Des petites administrations locales, en passant par les administrations territoriales, jusqu'aux plus hautes fonctions de l'Etat. Des cadres de valeur à l'image de Laichoubi, Seriak, Attar, etc. ainsi que des hommes politiques, à l'image de Ouyahia, Sellal et Lamamra qui, restent des symboles de l'Algérie indépendante, ont été formés à l'ENA. C'est dire que, aujourd'hui, il ne s'agit plus pour l'Algérie dont l'approfondissement du processus démocratique relève d'une exigence hautement stratégique, de chercher des modèles, encore moins des maîtres à penser.
Des actions de coopération dans les domaines de la pédagogie, de la recherche et de la documentation, des visites d'études et accueil des professeurs et des étudiants, l'échange de documentation et de publications, l'organisation conjointe de manifestations scientifiques, études et recherche, etc., toutes ces activités, par ailleurs courantes à travers le monde, peuvent sans doute apporter un plus aux étudiants algérien de l'ENA qui ont besoin d'échanger avec ceux de France certes, mais aussi des autres pays. Mais il va de soi que la France jacobine est loin de constituer un modèle pour l'Algérie dont les aspirations démocratiques et la décentralisation lui collent à la peau comme des sangsues. Encore moins en matière de gestion du territoire.

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