L'Expression

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ALGÉRIE-MAROC

A nouveau, la crise

Tout recentrage des relations entre Alger et Paris, se fera en fonction des développements du dossier sahraoui. La France doit se rendre à l'évidence que le double discours n'est plus payant.

Le tournant, c'est le mot qui conviendrait pour qualifier les derniers rebondissements dans le conflit du Sahara occidental. En s'entêtant à faire fi des mises en garde du Congrès américain, des ONG internationales et de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU, Rabat ne se doutait pas qu'il allait être lâchés, même par ses alliés supposés. Le bras de fer entre les Etats-Unis et le Maroc concernant les droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, n'a pas manqué de créer un climat tendu entre les deux capitales. Depuis la déclaration de l'ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Samuel Kaplan, considérant que la proposition marocaine d'autonomie «ne peut pas servir de seule base dans les négociations», les choses semblent se compliquer entre Washington et le palais royal. A commencer par l'annulation par Rabat des manoeuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis lesquelles devaient se tenir à la fin du mois en cours. La position de Washington concernant l'élargissement de la mission de la Minurso au dossier des droits de l'homme, qui sera soumis le 22 avril au vote du Conseil de sécurité, est la goutte qui a fait déborder le vase. Le projet de résolution, qui va être présenté par les Etats-Unis aux 14 autres pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, et qui pourrait constituer un virage décisif dans la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, a suscité un climat de panique au sein de la classe politique et dirigeante marocaine. Dans son document, Washington va surtout se baser sur des faits établis par des rapports des organisations de défense des droits de l'homme, à l'image de la fondation Kennedy, Human Rights Watch et Amnesty International. Même l'émissaire du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, avait déjà fait état de tortures infligées par les autorités marocaines à des militants sahraouis. Le rapport américain coïncidera d'ailleurs avec la présentation par M.Ross devant la même instance des conclusions de sa dernière tournée régionale qui l'avait mené au Maroc, au Sahara occidental, en Algérie et en Mauritanie. Ainsi, le dossier des droits de l'homme, constituerait le déclic pour une prise de conscience de la communauté internationale - du moins les pays les plus réticents - par rapport aux graves atteintes aux droits humains dans les territoires sahraouis occupés. Cependant, l' «inconnue» dans l'équation demeure, comme de tradition, la France. En déclarant ne pas s'opposer à la résolution américaine, va-t-elle pour une fois opérer une rupture, en se mettant du côté de la légalité internationale? Faisant de la question des droits de l'homme et des libertés son cheval de bataille diplomatique, comme c'est le cas en Syrie, allant jusqu'à proposer un soutien militaire aux groupes armés, la France va-t-elle mettre un terme à son attitude complaisante à l'égard du Maroc? A noter que la dernière visite du président français au Maroc et sa position «mi-figue, mi-raisin» sur la question sahraouie, n'a pas manqué de susciter des grincements de dents à Alger. En voulant ménager la chèvre et le choux, d'une part, inscrire la position de son pays dans le sillage des résolutions de l'ONU sur le Sahara occidental et d'autre part, soutenir le projet d' «autonomie» marocain, François Hollande sera cette fois mis à l'épreuve. L'Algérie qui n'a pas apprécié la sortie marocaine du président français, jugera définitivement son partenaire de la rive Nord sur la base du dossier des droits de l'homme.Tout recentrage des relations entre Alger et Paris, se fera en fonction des développements du dossier sahraoui. La France doit se rendre à l'évidence que le double discours n'est plus payant. A défaut d'une position réaliste de la France - en phase avec le droit international et les résolutions pertinentes de l'ONU sur le dossier sahraoui - ce sont les démons de la «guerre froide» qui risqueraient de marquer ses relations avec l'Algérie. Sur un autre chapitre, la campagne anti-algérienne menée par la presse marocaine et les allégations de l'agence AFP quant à une supposée infiltration de nombreux terroristes venus du Mali dans les territoires sahraouis, entre dans une manoeuvre de diversion. En somme, le Maroc peut-il se permettre de se mettre à dos les Etats-Unis et de compter qu'il bénéficierait dans tous les cas de figure de l'appui français sur qui il compte pour torpiller une résolution qui lui serait défavorable au Conseil de sécurité de l'ONU? Après le secrétaire général de l'ONU, la Grande-Bretagne et les Etats Unis qui se disent favorables à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental, l'utilisation par la France de son droit de veto au Conseil de sécurité - outre de mettre Paris aux côtés des tortionnaires des militants sahraouis - jouera-t-elle en faveur du président français qui s'est empêtré dans des «affaires» intérieures embarrassantes?

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