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LA HAICA A IMPOSÉ JEUDI LA FERMETURE DE NESSMA TV

Une décision forcément politique

Nessma est réduite au silence parce que son propriétaire, Nabil Karoui, a affiché sa candidature à l'élection présidentielle de novembre prochain.

Nessma TV a fermé ses portes, contrainte et forcée par une décision brutale du gendarme tunisien de l'audiovisuel, la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica). Dura lex sed lex (La loi est dure, mais c'est la loi), affirme cette instance qui a recouru à la force publique pour procéder à la saisie du matériel de la chaîne de télévision devenue incontournable au Maghreb. En s'emparant du matériel de Nessma TV, la Haica n'a laissé aucun choix aux responsables de la chaîne qui, dit-elle, ont reçu plusieurs avertissements et autres communiqués publics. Ce que les dirigeants de Nessma contestent avec véhémence en ciblant certains membres de la Haica comme Hichem Snoussi accusés de visées politiques. Le coup de théâtre a eu lieu jeudi dernier quand des policiers sont entrés en grand nombre dans les locaux de Nessma alors que les alentours du siège à Radès voyaient débarquer d'importants contingents sécuritaires. Les missionnaires ont saisi les équipements de la chaîne TV puis scellé les locaux. A 11h 45, Nessma TV n'existait plus!
Ce n'est pas la première fois qu'une telle opération a lieu. Déjà, en juillet 2015, la Haica avait «frappé» de la même manière la chaîne Zitouna TV, considérée comme «illégale» parce qu'elle ne respectait pas ses sommations. Dans les deux cas, les dirigeants des chaînes ont manifesté vivement leur déni et dans les deux cas ils ont été soutenus par de nombreuses personnalités politiques. C'est pourquoi hier, on a vu Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, convoquer une réunion extraordinaire pour débattre de cette fermeture et de son impact potentiel sur la liberté d'expression en Tunisie.
Si Zitouna TV a pu en fin de compte défier la Haica et l'Etat tunisien qui a prudemment évité le bras de fer plutôt que de courir le risque d'être accusé de liberticide par les professionnels de la communication, tel ne semble pas le cas de Nessma TV. Pour l'instant.
Quand on l'a interrogé hier, sur cette affaire de Zitouna TV, qui pratique le dénigrement et s'attaque à tous les opposants au courant islamiste, le président de la Haica, Nouri Lejmi, a reconnu une «impuissance» à «faire respecter la loi» compte tenu des soutiens politiques dont dispose la chaîne. Suivez mon regard!
Or, il semble bien que la mesure qui a frappé jeudi dernier Nessma TV soit avant tout politique. Tandis que la chaîne proche d'Ennahdha reçoit en grande pompe députés et hommes politiques sur ses plateaux tels Moncef Marzouki, Yassine Ayari et d'autres, Nessma est réduite au silence parce que son propriétaire, Nabil Karoui, a affiché sa candidature à l'élection présidentielle de novembre prochain. Après avoir longtemps bénéficié de soutiens majeurs au sein même du gouvernement et au palais de Carthage, Nessma est subitement devenue un média pestiféré. Pourtant, trois jours seulement avant l'ultime sommation de la Haica, Nessma accueillait le président Béji Caïd Essebsi qui ne semblait pas du tout considéré la chaîne comme illégale, comme le clame la Haica même si son président Nouri Lejmi a tancé publiquement le chef de l'Etat qui «n'aurait pas dû répondre à l'invitation de Nessma»!
Toujours est-il que la Haica, aussi indépendante qu'elle puisse se prétendre, ne saurait faire exécuter ses décisions sans le soutien zélé du pouvoir exécutif et judiciaire, ce dernier ayant la haute main sur la mobilisation de la force publique. Ce qui démontre, à l'évidence, que Nessma dont le patron est candidat à la présidentielle - un rival, donc, de certains autres candidats, et un rival sérieux puisque disposant d'une chaîne de télévision hautement compétitive - ne se trouve plus dans le cénacle des médias jalousement caressés par le pouvoir et les formations politiques majeures. Ainsi, la Haica a-t-elle trouvé le bras armé de sa décision à l'encontre de Nabil Karoui ou de Nessma TV, à sa guise, et la mesure de rétorsion, à la fois spontanée et efficace puisqu'elle a relevé du ministère de l'Intérieur, dont les bureaux sont jonchés de décisions municipales en attente d'exécution depuis belle lurette, montre de façon éloquente que c'est bien la politique qui agite le bras de l'Exécutif.

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