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Assassinat du général Souleimani

Trump voulait détruire l’axe pro-Iran, il l’a renforcé

Le président américain Donald Trump voulait briser la colonne vertébrale du camp chiite anti-américain au Moyen-Orient en assassinant Qassem Souleimani, l’architecte de la stratégie iranienne dans la région, mais cette frappe a unifié et même élargi les rangs du réseau de la «résistance», selon des experts. De Beyrouth à Téhéran, le choc a été immense, à la nouvelle de l’assassinat de Souleimani et de Abou Mehdi al-Mouhandis. Mais il a été bref et les factions armées irakiennes ont aussitôt repris leurs armes et leurs discours anti-Américains. Lors de la guerre contre le groupe Etat islamique (EI), les factions pro-Iran désormais intégrées à l’Etat irakien au sein du Hachd al-Chaabi ont combattu du même côté que les soldats américains. Mais aujourd’hui, l’EI défait et les Américains frappant des bases et des commandants du Hachd, la rhétorique anti-américaine des pro-Iran trouve plus d’écho.
Les brigades du Hezbollah, branche la plus radicale du Hachd, ont promis «le début de la fin de la présence américaine dans toute la région». Le leader chiite Moqtada Sadr a réactivé son Armée du Mehdi, qui a tué des dizaines de soldats américains, lors de l’occupation avant d’être réprimée et dissoute. Et il a appelé «toutes les factions irakiennes de la résistance (...) à former immédiatement ‘les bataillons de la résistance internationale’».
Son ancien lieutenant qui était jusqu’ici son grand ennemi personnel, Qaïs al-Khazali, est aujourd’hui sur la même ligne. Le chef d’Assaïb Ahl al-Haq a promis aux Américains de déchaîner «l’enfer au-dessus de leurs têtes». Signe que la situation, inédite, génère des réactions inédites, le grand ayatollah Ali Sistani, dont l’école chiite de Najaf est historiquement rivale de Qom dont se réclame le Guide suprême iranien Ali Khamenei, a pour la première fois envoyé un message de condoléances à l’Iran. Les députés chiites, qui depuis des mois s’écharpent sur la nomination du futur Premier ministre irakien, sont tous tombés d’accord dimanche: ils ont appelé le gouvernement à expulser les troupes étrangères du pays. Les minorités, elles, sont restées à l’écart. Les députés kurdes ont tous boycotté et les sunnites n’ont envoyé que quelques représentants. Après s’être divisés autour des gains politiques nés de la victoire sur l’EI en Irak, les partis et les factions pro-Iran «ont resserré leurs rangs et changé l’ordre de leurs priorités», affirme Qassem Qassir, spécialiste des mouvements islamistes.
«La priorité pour la résistance est de combattre les Etats-Unis», explique-t-il. Dans ce contexte, «assassiner Souleimani est une erreur stratégique car la réponse viendra de l’ensemble de la région et pas uniquement d’Irak».
Désormais, les discours sont les mêmes à Téhéran, Damas ou Beyrouth, le traditionnel «axe de la résistance» renforcé par des décennies de déplacements et de réunions stratégiques du général Souleimani. Mais aussi au Yémen et dans la bande de Gaza, frontaliers de l’Arabie saoudite et d’Israël, deux grands alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient. Dans la bande de Ghaza, si les petits partis islamistes ont toujours été proches de l’Iran, même le Hamas au pouvoir, un temps à couteaux tirés avec Téhéran, a qualifié l’assassinat de Souleimani d’«orgie de violence américaine» contre un homme ayant «joué un rôle de soutien majeur à la résistance palestinienne».
Au Yémen, les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran, ont réclamé des «représailles rapides et directes». Pour Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, l’assassinat de Souleimani, son proche ami, «n’est pas qu’une affaire iranienne, il concerne tout l’axe de la résistance, c’est-à-dire l’ensemble de la nation musulmane». Et si le pari de Washington était d’attirer à lui les forces qui tentent de résister à la mainmise de Téhéran à Baghdad notamment, il a échoué, assurent les observateurs. En Iran, mais aussi au Liban et en Irak, toutes les questions économiques, sociales et culturelles sont reléguées au second plan.

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