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L’armée prête à se retirer du dialogue national au Soudan

Sit-in maintenu en attendant la réponse des civils

La promesse surprise de l’auteur du putsch d’octobre 2021 laisse manifestants et militants sceptiques car le général Burhane n’a pas annoncé de calendrier et s’est même envolé, hier, vers Nairobi pour «une réunion urgente» des chefs d’État de l’Igad.

Des manifestants maintenaient, hier, leurs sit-in contre le pouvoir militaire au Soudan, où le bloc politique civil doit se prononcer sur la proposition du général Abdel Fattah al-Burhane de laisser la place à un gouvernement civil. La promesse surprise de l'auteur du putsch d'octobre 2021 laisse manifestants et militants sceptiques car le général Burhane n'a pas annoncé de calendrier et s'est même envolé, hier, vers Nairobi pour «une réunion urgente» des chefs d'Etat de l'Igad, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Est. Son apparition, lundi soir, à la télévision pour annoncer le retrait de l'armée du dialogue national sous égide de l'ONU et de l'Igad afin de laisser les civils former un gouvernement, n'a pas convaincu les manifestants, en sit-in ininterrompu depuis vendredi dans la capitale soudanaise et ses banlieues. Les protestataires ont aussitôt monté de nouvelles barricades, esquivant des tentatives des forces de l'ordre de les disperser, ont rapporté des médecins pro démocratie qui ont recensé 114 morts et des milliers de blessés dans la répression des manifestations contre le pouvoir militaire depuis le putsch du 25 octobre 2021. «On ne fait pas confiance à Burhane, on veut seulement qu'il parte une fois pour toutes», a dit Mohannad Othmane, juché sur l'une des barricades.
Les capitales étrangères poussent depuis des mois civils et militaires à négocier un retour vers une transition démocratique, lancée avec la mise à l'écart par l'armée de la dictature d'Omar el-Béchir en 2019 sous la pression de la rue, et interrompue par le putsch. Mais jusqu'ici, elles n'ont pas commenté l'annonce du général Burhane, chef de l'armée et numéro un du Conseil souverain, plus haute autorité du pays. Seul aux commandes du Soudan depuis le putsch, il a annoncé dans une allocution télévisée vouloir laisser les forces civiles former un «gouvernement de personnalités compétentes». «Après sa formation, nous allons dissoudre le Conseil souverain et former un conseil suprême des forces armées» qui sera seulement en charge des questions de «défense et de sécurité.» Toutefois il n'a pas expliqué ni les modalité ni le calendrier pour une telle transition. Dans le camp du bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch, sont réunies depuis lundi soir et doivent annoncer leur position lors d'une conférence de presse annoncée pour 12h00 GMT hier. Dimanche encore, elles appelaient à des sit-in à travers le pays pour réclamer le transfert du pouvoir aux seuls civils dans un pays sous la coupe de l'armée quasiment en continu depuis son indépendance en 1956. Surtout, elles refusaient de rejoindre le dialogue sous égide de l'ONU. Maintenant que l'armée s'en est retirée, la donne pourrait changer. Pour Kholood Khair, spécialiste du Soudan pour Insight Strategy partners, avec son annonce «Burhane déplace désormais la pression sur les civils» dans le pays, l'un des plus pauvres au monde qui s'enfonce depuis le putsch dans la crise politique et économique.
Car depuis le putsch, la communauté internationale a fermé le robinet de l'aide, faisant exploser une économie déjà à genoux entre dévaluation exponentielle et inflation à plus de 200%. En laissant les civils en première ligne, le général Burhane «n'évoque pas la question de la responsabilité juridique ou financière» de la répression des manifestations et donc ne répond pas à «la principale demande» de la rue, décrypte Mme Khair. C'est exactement ce qu'a dit une manifestante, Oumeïma Hussein. «On veut que (Burhane) soit jugé pour tous ceux qui ont été tués depuis le putsch.» Et surtout, a souligné Mme Khair, le pouvoir militaire a «rétabli dans leurs fonctions des islamistes» du régime Béchir, écartés sous le gouvernement civil limogé par le putsch. Quant au «conseil suprême des forces armées» promis par le général Burhane «il permettra de maintenir les privilèges économiques» des militaires et paramilitaires, selon elle. En 2020, le gouvernement civil avait annoncé que 80% des ressources du pays n'étaient toujours pas sous le contrôle de son ministère des Finances. Nul ne sait quelle part de l'économie est entre les mains des militaires, mais ils tiennent de nombreuses entreprises allant de l'élevage de volailles au BTP.

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