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GÉNOCIDE À FALLOUJAH

Silence, on tue

Un black-out total entoure le bilan des victimes civiles.

Mille deux cents morts, des centaines de blessés, plus de 150.000 réfugiés, tel est le macabre bilan de l´offensive contre la ville rebelle de Falloujah, un véritable génocide qui ne dit pas son non, une véritable guerre contre une ville et une population qui souffre en silence devant le mutisme surprenant de la communauté internationale. Sous prétexte de «résorber les poches de résistance», l´armée américaine ne semble reculer devant rien. Les Américains indiquent que la plus grande partie de Falloujah était sous contrôle, «mais que les opérations n´étaient pas terminées», dans cette offensive, la plus importante menée depuis l´invasion du pays l´an dernier. Et pourtant, samedi, le secrétaire d´Etat irakien à la Sécurité nationale, Kassem Daoud, avait annoncé la fin de l´offensive sur Falloujah, située à 50 km à l´ouest de Bagdad. La situation s´est ainsi aggravée alors que se profilent à l´horizon les élections générales prévues en janvier prochain. Mais cela semble peu préoccuper les actuelles autorités irakiennes. Dans ce contexte de violences, organiser des élections en Irak en janvier prochain «sera un grand défi», a affirmé le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh, estimant qu´il faudra, à l´approche du scrutin, «évaluer» la situation avec les Nations unies et la commission électorale indépendante. «Mon espoir est que nous stabilisions plusieurs des zones qui sont devenues des poches de combattants étrangers et de rebelles, car il est vital que chaque citoyen irakien puisse exercer le droit fondamental de choisir un gouvernement qui lui a été refusé depuis si longtemps», a-t-il ajouté. Notant dans ce sens que des élections générales sont prévues avant fin janvier 2005 pour désigner une Assemblée nationale, un parlement autonome pour le Kurdistan irakien et des conseils provinciaux.
Sur le terrain les quelques 2000 familles qui sont restées à Falloujah vivent complètement isolées du monde. Devant «les craintes» d´une crise humanitaire à Falloujah, les militaires américains insistent sur «le fait que tout a été mis en place pour soigner les blessés civils». «Les troupes avertissent les habitants de leur arrivée par haut-parleur et leur demandent s´ils ont besoin d´une aide médicale». Une déclaration quelque peu contrariée par les réalités de la situation sur le terrain. En effet, un convoi d´aide humanitaire du Croissant-Rouge irakien a quitté lundi l´hôpital général de Falloujah, à la lisière ouest de la ville, après le refus de l´armée américaine de laisser l´organisation humanitaire acheminer l´aide à l´intérieur du bastion sunnite, selon une responsable de cette organisation humanitaire. Le convoi, composé de quatre camions arborant un drapeau blanc, trois ambulances et un minibus, transportant de la nourriture, notamment du pain, du riz, de l´eau et des équipements médicaux, se dirigera vers des villages voisins où des milliers de personnes, fuyant les combats, ont trouvé refuge, a indiqué la porte-parole du Croissant-Rouge Ferdaous al-Ibadi. «Ils se retirent, parce qu´ils n´ont pas obtenu d´autorisation» d´entrer dans la ville, a-t-elle dit. Les forces américaines ont permis samedi au convoi de rentrer dans l´hôpital général. Selon une porte-parole militaire américaine, le convoi est parti «parce que l´hôpital de Falloujah n´accueille pas de blessés». «Tous les patients se trouvent dans l´hôpital de Ramadi (50 km à l´ouest de Falloujah) et l´hôpital de campagne jordanien jusqu´à ce que le pont menant à l´hôpital de Falloujah soit débarrassé des engins explosifs», a-t-elle dit. Le même sort risque d´être réservé au Croissant-Rouge koweïtien qui prévoit d´envoyer «quatre camions avec une cargaison de 100 tonnes d´aliments, de bougies et d´autres aides.
Par ailleurs un black-out total entoure le sort des victimes civiles. Les 1200 morts, officiellement répertoriées sont des membres des groupes armés, selon les affirmations de l´armée américaine qui ne donne en revanche aucun bilan des morts civils. Aussi, une semaine après le début de l´offensive sur Falloujah, l´on ignore toujours le nombre de morts qu´a occasionné cette opération coup de poing.
Dimanche, les marines ont découvert à Falloujah le cadavre d´une femme, «de type caucasien et ayant des cheveux blonds», amputée des bras et des jambes et la gorge tranchée, a rapporté un photographe de l´AFP. On ignore encore s´il s´agit d´une des deux étrangères, mariées à des Irakiens, qui ont été enlevées fin octobre, la responsable humanitaire britannique Margaret Hassan et une Polonaise, Teresa Borcz.
Parallèlement aux opérations de Falloujah, l´aviation américaine a effectué des raids aériens à la lisière sud de Baaqouba (60 km au nord-est de Bagdad) après de violents combats dans ce secteur entre les groupes armés et les forces de sécurité irakiennes.
Selon le sergent américain Steve Johnson, les affrontements ont fait «20 morts parmi les rebelles», qui seraient encore au nombre de 80, alors que quatre soldats américains ont été blessés.
Par ailleurs l´armée américaine et les gardes nationaux irakiens ont commencé lundi à réoccuper plusieurs postes de police de Mossoul, à 370 km au nord de Bagdad, qui avaient été attaqués jeudi, a indiqué un officier américain. «Nous reprenons ces postes de police que les éléments anti-irakiens (terminologie américaine pour désigner les rebelles) ont pillé, volant des armes, avant de les incendier», a indiqué le capitaine Duane Limpert, porte-parole du corps expéditionnaire américain Olympia, basé à Mossoul.
Enfin, 419 soldats américains blessés en Irak ont été transférés et traités depuis lundi à l´hôpital militaire américain de Landstuhl (ouest de l´Allemagne), a indiqué vendredi une porte-parole du plus grand hôpital militaire américain hors des USA. Plus de la moitié de ces blessés sont des soldats de l´armée, tandis qu´environ 38% sont des marines et la plupart viennent de Falloujah, indiquent des sources militaires américaines.

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