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LE BATEAU A ÉTÉ REFUSÉ PAR L'ITALIE AVEC 629 MIGRANTS À BORD

L'extrême-droite à l'abordage

Sur ce plan, l'UE aura atteint, ces temps derniers, le comble de l'inconséquence. En témoigne la manoeuvre qui consiste à maintenir, malgré la décision objective de la Cour européenne, les produits du Sahara occidental comme relevant du commerce «légal» avec le Maroc...

La mise en quarantaine du bateau L'Aquarius, affrété par l'ONG SOS-Méditerranée, d'abord par Malte puis par l'Italie, a défrayé la chronique, ces dernières 48 heures, mettant en péril la survie de 629 migrants, dont de nombreux enfants, avant que l'Espagne ne vienne à la rescousse en proposant d'accueillir le navire et ses malheureux passagers. A cet égard, la directrice générale de l'ONG, Mme Sophie Beau, a dressé un véritable réquisitoire contre la décision italienne, faisant valoir à juste titre que contraindre L'Aquarius à effectuer 1 500 kilomètres, aller puis retour jusqu'à Valence, constitue une tentative de sabordage. «Ce sont des morts qui sont annoncées sous nos yeux!», s'est-elle indignée, appelant les Etats européens à «mettre en place une flotte adéquate pour mener les opérations de sauvetage».«Il est urgent, a dit Mme Beau, de trouver un mécanisme pour organiser la préservation des vies humaines avant toute considération politique. Cette émotion mondiale est bien tardive. Cela fait 28 mois que nous sommes en mer, 28 mois que nous le répétons et personne ne nous écoute», s'est-elle encore indignée, évaluant à 15 000 le nombre de victimes disparues en Méditerranée, depuis trois ans, au large des seules côtes libyennes. De nombreuses voix se sont également élevées, aussi bien du côté d'autres ONG que de partis politiques de gauche, tandis que L'Aquarius, navire de l'association présidée par Sophie Beau, poursuit sa route, en direction du port de Valence, en Espagne, pays qui a accepté de recevoir les 629 personnes sauvées en mer au cours du week-end dernier au large de la Libye. Pour la plupart des responsables qui se sont exprimés, en pleine polémique entre les gouvernements français et italiens, l'inaction de l'Europe est qualifiée de «criminelle» et le silence du gouvernement français d'«assourdissant». Le fait est que depuis plusieurs années, l'Union européenne s'est gardée d'intervenir clairement sur ce sujet, laissant l'Italie se débrouiller seule malgré ses appels de détresse et ses doléances répétées quant à un partage équitable des demandeurs d'asile. Du coup, la situation n'a fait qu'empirer, plusieurs pays membres ayant basculé au profit de gouvernements de droite dure, voire même d'extrême-droite, ayant radicalisé leur politique sur fond de critique véhémente de la stratégie adoptée alors par la chancelière allemande Angela Merkel, soucieuse de contrebalancer une natalité poussive par un accueil massif de migrants. C'est la raison pour laquelle la majorité des ONG et certains partis considèrent que tous les Etats européens sans exception, sont responsables de la situation actuelle et des dérives auxquelles on assiste, médusés, avec l'affaire de L'Aquarius. Certes, les codes internationaux sont limpides et les lois mêmes dont se gargarise l'Union européenne le disent sans ambiguïté aucune: l'accueil, temporaire ou définitif, des personnes en détresse est une obligation morale dont ne saurait dispenser aucune argutie de type politique ou socio-économique. Le fait que l'Italie soit, depuis quelques jours à peine, entre les mains de nouveaux responsables issus de l'extrême droite n'excuse donc en rien leur comportement, qui foule aux pieds les règles élémentaires du droit d'asile. C'est même à se demander si les pays de la rive sud de la Méditerranée comme l'Algérie, ont intérêt à poursuivre des relations politiques et économiques avec ce genre de dirigeants! Quant aux larmes de crocodile versées par les dirigeants français, prompts à distribuer les leçons de morale mais dont la vertu en la matière est plus que sujette à caution, il n'est pas besoin d'en disserter davantage quand on connaît leur propension à exiger qu'on fasse ce qu'ils disent mais qu'on ne s'attarde pas sur le fait qu'ils ne le fassent pas eux-mêmes. Sur ce plan, l'UE aura atteint, ces temps derniers, le comble de l'inconséquence. En témoigne la manoeuvre qui consiste à maintenir, malgré la décision objective de la Cour européenne, les produits du Sahara occidental comme relevant du commerce «légal» avec le Maroc, foulant au pied les décisions du Conseil de sécurité de l'ONU et les arrêts de ses propres juridictions. On connaît les raisons qui la motivent, de façon ouverte comme en sous-sol, ainsi que les artisans récurrents de ces concessions indues au Royaume marocain. Quant à la passe d'armes italo-française actuelle, c'est plus de l'esbroufe entre radicaux transalpins et républicains en marche cadencée qui cherchent, à travers un épais écran de fumée autour de L'Aquarius, à masquer une politique face à laquelle plus personne ne nourrit la moindre illusion..

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