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UN BOMBARDIER RUSSE ABATTU PAR DEUX F16 TURCS AU-DESSUS DE LA SYRIE

Les prémices d'une dangereuse escalade

L'état-major turc a insisté sur le fait que «ce n'est pas une action hostile envers tel ou tel pays, nos F-16 ont pris les mesures nécessaires pour protéger la souveraineté nationale turque».

Deux F16 turcs ont abattu hier un Sukhoï 24 russe parti de la base de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, qui, accuse Ankara, aurait violé son espace aérien, près de la frontière avec la Syrie. Moscou a aussitôt qualifié cet incident de «très sérieux», aggravant les tensions entre les deux pays, après de multiples incidents déjà intervenus tels que l'alerte de l'avion turc «menacé» par deux appareils russes et le drone «inconnu» abattu le16 octobre. «La perte d'aujourd'hui est un coup de poignard dans le dos qui nous a été porté par les complices des terroristes», a déclaré le président Poutine lors d'une conférence de presse en présence du roi de Jordanie Abdallah II.
«D'importantes quantités de pétrole sont écoulées par les insurgés syriens via la Turquie», accuse encore Vladimir Poutine. Saisie par la Turquie en tant que membre de l'organisation, l'Otan a aussitôt annoncé la tenue d'une «réunion extraordinaire pour suivre la situation au plus près» et surtout apporter son appui aux autorités turques.
L'appareil russe, un chasseur-bombardier de type Sukhoï Su-24, s'est écrasé dans l'extrême nord-ouest du territoire syrien, au nord de Lattaquié, théâtre depuis plusieurs jours de violents combats entre l'armée fidèle au président Bachar al-Assad, soutenue par l'aviation russe, et des groupes rebelles syriens. Les deux pilotes sont parvenus à s'éjecter mais l'un d'eux est mort tandis que l'autre serait aux mains des rebelles turcophones.
Depuis l'offensive russe en Syrie, les incidents de frontière se sont multipliés entre Ankara et Moscou qui a mené des bombardements, accuse Ankara, contre des villages de la minorité turcophone de Syrie. La Turquie a même convoqué vendredi dernier l'ambassadeur de Russie pour le mettre en garde contre les «sérieuses conséquences» de ces bombardements. Mais tout en annonçant cet incident, l'état-major turc a insisté sur le fait que «ce n'est pas une action hostile envers tel ou tel pays, (seulement) nos F-16 ont pris les mesures nécessaires pour protéger la souveraineté nationale turque». De son côté, le ministère russe de la Défense a rejeté formellement les allégations selon lesquelles le S24 a pénétré l'espace aérien turc. Il «se trouvait exclusivement dans l'espace aérien syrien», a-t-il rétorqué en indiquant que des recherches étaient en cours pour connaître le sort des pilotes. Ankara et Moscou se livrent à un bras de fer sur le dossier syrien, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan exigeant le départ immédiat de Bachar al Assad. Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov qui était attendu en Turquie aujourd'hui même pour y rencontrer son homologue, a annulé cette visite fixée antérieurement à cet incident, alors que Ankara affirmait qu'«elle est toujours au programme». M.Lavrov devrait par contre recevoir aujourd'hui, à Moscou, son homologue syrien Walid Mouallem pour un examen de la situation et nul doute que cet incident notable sera au menu des discussions entre les deux pays alliés. En effet, la Turquie soutient les rebelles syriens dont An Nosra, et contribue avec l'Arabie saoudite et le Qatar à une autre coalition, larvée celle-là, contre la progression, dans la région, de la mouvance chiite, encouragée par l'Iran qui fait peur, décidément, à beaucoup de monde, en général, et à la mouvance sunnite portée par le wahhabisme, en particulier. Sur le plan diplomatique, la tournée du président français François Hollande qui, après avoir reçu à Paris le Premier ministre britannique David Cameron, était hier aux Etats-Unis pour un entretien avec Obama avant de retrouver, aujourd'hui même, la chancelière allemande Angela Merkel, puis, demain à Moscou, le président Vladimir Poutine, ressemble davantage à un «affichage» destiné à situer les uns et les autres, et non plus désormais à la recherche d'une coalition consensuelle contre l'Etat islamique. L'incident du S24 intervient à point nommé pour briser l'élan initial qui tendait à rapprocher les points de vue de la Russie, avec ses alliés iranien et syrien, et des Etats-Unis, avec les pays occidentaux de la coalition. Premier et grand gagnant d'un durcissement des positions et d'un renvoi sine die du processus de dégel, engagé au lendemain des attentats de Paris, l'Etat islamique, bien sûr, mais également tous les pays qui soutiennent ses actions, sinon ses exactions, de façon latente et paradoxalement résolue. Compte tenu de la soudaine et inattendue volte-face américaine sur la question du départ préalable de Bachar al Assad avant toute coalition anti-Daesh, le président Hollande est contraint de revoir ses ambitions à la baisse et ne devrait plaider à Moscou que pour un «accord» a minima, sachant que le président russe a déclaré lundi à Téhéran où il rencontrait l'ayatollah Khamenei, guide suprême de l'Iran, que «personne ne peut et ne doit imposer de l'extérieur au peuple syrien des formes quelconques de gouvernance de leur Etat ou dire qui doit le diriger». Une constante que les pays occidentaux ont bien du mal à entendre et dont ils veulent faire toujours fi pour poursuivre une stratégie dont rien ne dit qu'elle va subitement devenir efficace alors qu'elle brille, depuis 2011, par sa singulière inefficience à cause de laquelle 250.000 Syriens ont payé l'ultime tribut alors que 4 millions de réfugiés errent sur les routes d'Europe centrale.

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