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ANKARA LES PILONNE POUR TESTER LA RÉACTION DES ETATS-UNIS

Les Kurdes de Syrie s'en remettent à Washington

Ces derniers jours, Ankara est passée des mises en garde à des pilonnages systématiques de positions de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), dans les régions de Kobané et de Tal Abyad.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan n'a pas cessé depuis plus d'un an de marteler que son pays n'acceptera jamais la menace que les Kurdes pourraient représenter à sa frontière avec la Syrie. Aussi, les a-t-il avertis, maintes fois, d'une grande offensive, traduite dans les faits, d'ailleurs, avec l'entrée de l'armée turque dans les provinces du nord de la Syrie, notamment à Afrine et Minbij où sont cantonnées des forces américaines.
Le risque probant d'un affrontement turco-américain a ainsi poussé les Etats-Unis à engager des «discussions» avec leur allié au sein de l'Otan pour prévenir une telle probabilité et des accords ont été conclus à la faveur d'une visite du secrétaire d'Etat Mike Pompéo à Ankara, selon lesquels des patrouilles communes sont depuis organisées. Reste que, malgré ces patrouilles, la Turquie ne veut pas entendre parler d'une présence quelconque à sa frontière des forces kurdes syriennes. Ces derniers jours, Ankara est passée des mises en garde à des pilonnages systématiques de positions de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans les régions de Kobané et de Tal Abyad.
Les Etats-Unis tentent une fois de plus de désamorcer la tension. Chef de file d'une coalition internationale, ils soutiennent les YPG et FDS dans la lutte contre le groupe terroriste Etat islamique (EI) et sont de ce fait dans une situation cornélienne vis-à-vis de leur allié turc à l'Otan où Ankara joue une partition stratégique dans la région du Proche-Orient, à distance des pays arabes et d'Israël avec lequel les relations demeurent, contre toute apparence, au beau fixe.
Depuis 2016, la Turquie s'est fortement engagée en Syrie où elle appuie certains groupes extrémistes rebelles, apparentés aux Frères musulmans, et elle a, de ce fait, mené deux offensives contre les forces kurdes, la toute dernière au niveau de l'enclave frontalière d'Afrine, conquise en mars dernier et confiée aux rebelles syriens pro-turcs. Pendant des mois après cette offensive, le président Erdogan n'a eu de cesse de répéter que son pays ne s'interdit aucune opération plus au nord, voire à l'est, tandis que les Américains faisaient la sourde oreille. Mais voilà que la semaine dernière, la Turquie a repris ses bombardements massifs sur les villes de Kobané et Tal al Abyadh, montrant clairement que les avertissements n'étaient pas une sinécure et qu'il fallait les prendre très au sérieux. Forts de leur rôle incontournable aussi bien dans le processus d'Astana aux côtés de la Russie et de l'Iran que dans les fora conduits par les Occidentaux, les dirigeants turcs entendent maintenir une forte pression sur les factions kurdes pour les contraindre à renoncer à des objectifs non explicites, mais réels selon Ankara.Tayyip Erdogan avait obtenu gain de cause, contre toute attente, auprès de Vladimir Poutine, allié majeur de Damas, un statu quo à Idlib où une offensive imminente de l'armée syrienne avait été reportée in extremis, permettant aux groupes terroristes comme Al Nosra de bénéficier d'un sursis inespéré. En préservant cet ultime grand bastion du terrorisme en Syrie, il s'est assuré une certaine bienveillance des puissances occidentales, mais rien ne dit que dans le cas d'une guerre totale contre les Kurdes cette bienveillance ne va pas voler en éclats. Pour le moment, on peut penser que le président Erdogan, enhardi par les retombées diplomatiques de l'affaire Khashoggi et par la libération du pasteur américain Andrew Brunsen, cherche à tester la réaction américaine dont la prudence a déjà alarmé ses «protégés» kurdes.

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