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Face à une opposition tardivement unie au Gabon

Le président Bongo brigue un troisième mandat

Les scrutins présidentiel et législatifs sont regroupés en un seul vote par le truchement d'un bulletin unique pour les candidats à la présidentielle et à la députation issus d'un même parti. Un «bulletin inique», vocifère l'opposition.

Les Gabonais votaient hier pour décider s'ils confient ou non un troisième mandat au président Ali Bongo Ondimba, face à Albert Ondo Ossa, son plus sérieux rival, derrière lequel s'est rangée tardivement la plus grande partie de l'opposition. Quatorze prétendants s'affrontent pour cette présidentielle, un peu moins de 850.000 électeurs inscrits sur quelque 2,3 millions d'habitants étant aussi appelés à voter pour les élections législatives et municipales, le tout en un tour de scrutin. En fin de matinée, des dizaines d'électeurs patientaient devant des bureaux de vote du centre de Libreville, dont les rues, pavoisées aux seules couleurs du camp Bongo, étaient étonnamment quasi-désertes pour un samedi. Ces élections se déroulent en l'absence de médias étrangers, qui se sont vu refuser des accréditations ou l'entrée dans le pays, a dénoncé vendredi Reporter sans Frontières (RSF), et sans observateurs internationaux, africains comme européens. Ondo Ossa promet de «chasser» du pouvoir par les urnes le président et son tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) et de mettre un terme à une «dynastie Bongo» à la tête depuis plus de 55 ans d'un pouvoir que l'opposition accuse de mauvaise gouvernance et d'être gangrené par «la corruption». Ali Bongo, président depuis 14 ans, avait été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans. En milieu de matinée, Ondo Ossa dénonçait déjà sur son compte Facebook la «malice» du camp adverse, en assurant que les bulletins de cinq candidats de l'opposition qui se sont officiellement désistés en sa faveur étaient toujours présents dans certains bureaux de vote, ou le sien absent dans d'autres. Interrogé, le Centre Gabonais des Elections (CGE), l'instance qui organise les scrutins, a refusé de répondre et renvoyé aux responsables des bureaux incriminés par l'opposition pour tout commentaire. Ondo Ossa, 69 ans, peu connu du grand public jusqu'alors, avait été choisi par les principaux partis de l'opposition, rassemblés dans la plateforme Alternance 2023, à huit jours seulement du scrutin et n'en a eu que six pour mener campagne. Quand M. Bongo, 64 ans, poursuit tambour battant depuis plusieurs mois une tournée très médiatisée dans tout le pays, et conduit une campagne massive depuis deux semaines, le tout avec des moyens considérables, «ceux de l'Etat» accuse l'opposition.Le chef de l'Etat a rassemblé systématiquement des milliers, voire des dizaines de milliers, de supporteurs mais Ondo Ossa, dans un marathon sur six jours, a drainé par endroits des foules comparables. En une semaine, la très grande majorité des autres partis et plates-formes de l'opposition ont appelé à voter pour lui. Les scrutins présidentiel et législatifs sont regroupés en un seul vote par le truchement d'un bulletin unique pour les candidats à la présidentielle et à la députation issus d'un même parti. Un «bulletin inique», vocifère l'opposition, qui dénonce une «manoeuvre frauduleuse» pour favoriser le camp Bongo, en bafouant «la liberté de vote» et «la séparation des pouvoirs». Ondo Ossa, professeur d'université agrégé d'économie, ancien ministre d'Omar Bongo, exhorte les Gabonais à «ignorer» les législatives pour se concentrer sur la présidentielle, «seul enjeu des élections». Car, candidat indépendant, son bulletin unique ne comprend pas de prétendant à la députation.
Il a promis de dissoudre l'Assemblée nationale issue du vote de samedi s'il était élu président.L'opposition avait déjà critiqué une «modification des règles du jeu» il y a cinq mois pour tailler une réélection sur mesure au sortant, en faisant repasser le scrutin de deux à un tour gagnable donc à la majorité relative pour Bongo, face à 13 candidats. En 2016, il avait été réélu mais laborieusement, avec 5.500 voix seulement d'avance sur l'opposant Jean Ping, qui dénonçait des «fraudes». Un AVC en octobre 2018 avait laissé Bongo de longs mois invisible et une partie de l'opposition continue, bientôt cinq ans après, de mettre en doute ses capacités physiques et intellectuelles à diriger le pays. La majorité, elle, dénonce des campagnes centrées sur sa santé, «sans aucun autre programme». Le Gabon est l'un des pays les plus riches d'Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son manganèse et son bois notamment. Mais «le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive» et un tiers (32,9%) de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, écrivait la Banque mondiale en avril 2023.

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