L'Expression

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VINGT-CINQ ANNÉES APRÈS LA CHUTE DU MUR DE BERLIN

La Russie opère un retour fracassant en Syrie

Le président Poutine rêve d'une Russie aux dimensions de la grande épopée de Pierre le Grand.

Tout le monde pensait que la Russie était rentrée dans ses petits souliers, depuis l'épisode Boris Elstine qui avait franchement rapetissé la Russie, en coupant l'herbe sous les pieds de Mikhail Gorbatchev qui croyait dur comme fer que l'opération de réformer l'Union soviétique de l'intérieur était possible. Le deal passé entre Gorbatchev et Helmut Kohl pour briser le mur qui divisait les deux Allemagnes a, en effet, donné cette impression de démantèlement du bloc soviétique. Les républiques qui lui étaient affiliées s'étaient effritées et la plupart ont pris leurs distances avec Moscou.
Mais l'avènement d'Elstine n'est pas totalement négatif puisqu'il a enfanté Poutine. Comme le phénix qui renaît toujours de ses cendres, le jeune Poutine a grandi au pouvoir de la Fédération qui s'étend, tout de même, de Volgograd à Vladivostok, pour donner à la Russie sa réelle dimension. Les enjeux sont apparus au grand jour en Ukraine. On ne le dira jamais assez, l'Ukraine constituait pour les Russes la matrice même de ce que fut l'Union soviétique. Et lorsque l'Union européenne s'est employé à faire miroiter l'avenir flamboyant de l'Europe libre et rayonnante, les Ukrainiens y ont cru, malgré le délitement de la Grèce au vu et au su de tous. Mais Kiev a gobé; des grèves à Maidan, comme en Egypte, puis prise du pouvoir par la force des pro-occidentaux à Kiev et le tour est joué. La Russie de Poutine a vite compris que l'annexion de Kiev par l'Occident était une question de survie pour le pays. S'en est suivie le rattachement par référendum de la Crimée, puis les charges en Ukraine de l'Est, à majorité russophone. Ainsi, l'Ukraine est depuis voilà trois ans déjà engluée dans une guerre de positions. Les événements en cours en Syrie ont offert à Poutine une plate-forme pour amorcer la course de reconquête des espaces perdus, depuis la chute du mur de Berlin. Il a saisi au vol l'opportunité qu'offre la tribune des Nations unies pour annoncer son ralliement à la lutte contre Daesh (l'autoproclamé «Etat islamique»). Le Poutine qui avait maté les Tchétchènes, montre devant le monde entier les menaces qui pèsent sur Moscou si la bête immonde n'est pas terrassée dans son lit, avant qu'elle n'étende ses tentacules. Aussitôt dit, aussitôt fait, la Russie entame les bombardements en Syrie, au lendemain même de la déclaration de Poutine à l'Assemblée générale de l'ONU. Et coup de théâtre, les Occidentaux affirment que Poutine ne bombarde que 5% des fiefs de Daesh en Syrie. Les Américains, par la voix du président Obama, l'accusent de cibler les rebelles «modérés» qui ont été entraînés et armés par les Américains eux-mêmes.
Le Premier ministre français, Manuel Valls, a appelé Moscou à ne pas se tromper de cible. Idem, pour son homologue britannique, David Cameron, et le président turc, Recep Tayyp Erdogan. Tout le monde soupçonne Poutine de faire «sa» guerre. Cynique jusqu'à la moelle épinière, il demande aux Occidentaux de lui expliquer comment est faite «l'opposition modérée» en Syrie. La Syrie est devenue un laboratoire d'expérimentation pour la Russie qui sait que les Occidentaux, assis sur leurs certitudes de maîtres du monde, ont échoué en Irak et en Afghanistan, sans toutefois le reconnaître. Et qu'ils ne sont plus capables d'ouvrir d'autres fronts. Et au moment où Bachar al Assad était éjectable, les Américains ont tendu la perche à l'Iran qu'ils considèrent désormais comme seul acteur au Moyen-Orient, capable de changer les choses. La Russie qui sait, mieux que tout autre, les limites de l'Occident dans cette partie du monde où les premiers concernés dorment sur leurs lauriers, veut se repositionner en dispersant les cartes pour mieux les ressaisir d'une main de fer.

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