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APRÈS L'ACCORD DE PAIX ENTRE LES MAIRES DE TAOUARGA ET DE MISRATA

La Libye au bout de son rêve?

Début 2018, on avait enregistré un accord tout aussi exceptionnel, entre les milices de Misrata et celles de Zintan qui avaient décidé d'enterrer la hache de guerre et de conjuguer leurs efforts en vue de normaliser les rapports avec les autres cités...

Quelques jours à peine après la signature à Paris sous l'égide de l'ONU d'un accord entre les parties libyennes pour faciliter la tenue des élections législatives et présidentielle prévues dans la feuille de route de l'émissaire onusien Ghassan Salamé que le Conseil de sécurité de l'ONU a validé en décembre 2017, voilà que le gouvernement d'union nationale conduit par Fayez al Serraj annonce une bonne nouvelle pour les milliers d'habitants de la ville de Taouarga, contraints à un exil massif après leur soutien en 2011 à Maammar el Gueddafi.
Les 35.000 habitants de Taouarga s'étaient battus en effet jusqu'à la dernière heure en faveur du régime puis, la défaite étant consommée, ils avaient été emprisonnés pendant plus de sept ans dans des camps disséminés tout autour de Tripoli, la capitale libyenne. Vivant dans des conditions lamentables, ils étaient frappés d'interdiction de revenir dans leur cité. A cela veillaient les milices de Misrata, une ville distante de 200 km, qui avaient combattu les forces d'El Gueddafi avant de condamner à l'exil la population de Taouarga dans son ensemble.
Un pacte de réconciliation aurait été signé dans la nuit de dimanche à lundi entre les maires de ces deux villes, ce dont se félicite à juste titre Fayez al Serraj qui y voit un pas décisif pour la mise en oeuvre des décisions de Paris et la promesse d'une sortie de crise peut-être plus rapide qu'on ne l'espérait.
Mais ce serait aller vite en besogne car la situation reste encore problématique en ce qui concerne les milices de Misrata, d'une part, et l'Armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar. Leurs rapports sont aussi incertains et violents que par le passé et, qui plus est, les dirigeants de Misrata ont refusé le voyage à Paris au motif que leurs exigences quant à la représentativité n'ont pas été prises en considération. L'enthousiasme d'al Serraj fait certes plaisir à voir, surtout quand il écrit sur la page Facebook du gouvernement que le retour des habitants de Taouarga «sera le début du retour de tous les déplacés et exilés libyens à l'intérieur et à l'extérieur du pays».
Et pour cause, n'a-t-il pas annoncé en décembre 2017 le retour des déplacés sur la base de cet accord conclu fin août 2016 puis revisité en juin 2017, et n'y a-t-il pas eu début février le refoulement manu militari de centaines de familles aux portes même de la ville par des groupes armés de Misrata hostiles à cette initiative? C'est la preuve que chaque avancée, pour aussi spectaculaire qu'elle apparaisse, doit être accueillie avec la plus grande prudence. En témoignent à leur corps défendant ces familles de Taouarga condamnées à demeurer en plein désert, quatre mois durant, sous des tentes affrétées par l'ONU ou des abris offerts par les villes de Zintan et Syrte.
Début 2018, on avait enregistré un accord tout aussi exceptionnel, entre les milices de Misrata et celles de Zintan qui avaient décidé d'enterrer la hache de guerre et de conjuguer leurs efforts en vue de normaliser les rapports avec les autres cités afin d'accélérer le processus de réconciliation. Comme en ce temps-là, le maire de Misrata, Mustapha Karwad, n'a pas tari d'éloges vis-à-vis des parties signataires dont le souci de «tourner la page du passé» peut apparaître louable. Mais pour parvenir à instaurer réellement ls principes de bon voisinage, il faudra du temps et beaucoup de volonté pour surmonter les rancoeurs ainsi que les ambitions Dont se prévalent les différentes factions qui «gouvernent» dans les trois régions majeures de la Libye.
Passée l'euphorie des embrassades et des paraphes de la Déclaration de Paris, on entend déjà, ici et là, des mises en garde ou des critiques qui confèrent à l'ambition de la feuille de route validée pour une énième fois, mais de façon strictement verbale, un sort dont on se demande s'il ne sera pas aussi peu enviable que celui des multiples initiatives qui ont précédé. Pourtant, il faut se garder de bouder le plaisir des parties libyennes elles-mêmes, convaincues en apparence de la faisabilité du processus et de la tenue conséquente des élections. D'ici là, quoi de mieux que le «wait and see»?

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