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A ASTANA, LES GROUPES REBELLES REFUSENT LES POURPARLERS DIRECTS

La carte de la surenchère

Le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, dont le pays accueille ces discussions, a priori «directes» dans l'esprit des initiateurs russe, iranien et turc, a estimé que «le seul chemin pour régler la situation en Syrie doit être celui des pourparlers».

Astana vivait hier au rythme des premiers pourparlers de paix entre rebelles syriens et représentants de Damas, lesquels ont débuté sous de sombres auspices puisque c'est à la toute dernière minute que la délégation des insurgés a manifesté son refus de négocier directement avec les émissaires du président Bachar al Assad. L'opposition syrienne n'en est pas, d'ailleurs, à sa première volte-face, en témoignent les manoeuvres qui avaient caractérisé les réunions de Genève où elle avait tout fait pour torpiller des pourparlers qu'elle jugeait éloignées de ses revendications. Cela était peut-être de bonne guerre, à cette époque où tous les ingrédients étaient réunis pour faire dire aux parrains de la coalition internationale que la «chute du régime de Bachar était une question de jours». Depuis, on a vu comment les choses ont évolué et cette même opposition, dominée par des groupes terroristes inféodés à Al Nosra et plusieurs autres factions salafistes, a dû se replier, bon gré mal gré, sur Idleb et sa région, au lendemain de la reprise d'Alep, capitale économique du pays, par l'armée syrienne et ses alliés.
Le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, dont le pays accueille ces discussions, a priori «directes» dans l'esprit des initiateurs russe, iranien et turc, a estimé que «le seul chemin pour régler la situation en Syrie doit être celui des pourparlers». Cette rencontre est une démonstration claire des efforts de la communauté internationale pour un règlement pacifique de la situation en Syrie», souligne encore la déclaration du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev. «Le seul chemin pour régler la situation en Syrie doit être celui des pourparlers fondés sur une confiance et une compréhension mutuelle», ont souhaité les dirigeants kazakhs, comme s'ils pressentaient les difficultés aussitôt orchestrées par les représentants de l'opposition armée. Pourtant, l'objectif assigné aux uns et aux autres, à Astana, reste bien modeste par rapport aux multiples défis et aux attentes de la population civile. Il ne s'agit en effet que de cerner les moyens de renforcer le cessez-le-feu obtenu par la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar al Assad et les groupes armés rebelles soutenus par la Turquie et la coalition internationale, cette dernière s'étant retrouvée marginalisée dans les préparatifs de ces discussions.
Globalement, le rendez-vous d'Astana résulte des changements profonds qui ont caractérisé le terrain militaire en Syrie où l'armée régulière a repris pied dans maintes régions et localités, mettant aux abois les groupes insurgés et les factions terroristes qui subissent, de surcroît, un revirement spectaculaire de la Turquie, inquiète de la surenchère kurde sur son flanc oriental. Ajoutée au désengagement progressif des Etats-Unis qui n'ont pas donné suite aux ambitions de plusieurs de leurs alliés, notamment la France et la Grande-Bretagne pour la partie occidentale, et les pays du CCG, pour la partie arabe, et ont privilégié la guerre contre Daesh plutôt qu'une aventure incertaine contre le régime syrien, cette donne a modifié en profondeur les rapports militaires et politiques au point que l'opposition ne parvient pas à s'y résoudre. Non seulement ses éléments armés sont contraints de plus en plus à se replier sur Idleb, mais la question d'un départ du président Bachar al Assad ne se pose plus. Les pourparlers d'Astana étant prévus pour deux jours, on ne voit pas comment cette tentative pourrait ne pas être aussi vaine que celles de Genève. Et quand les représentants des groupes armés commencent par un refus de discuter «directement» avec les émissaires du gouvernement et «menacent de reprendre la lutte» au cas où leurs exigences ne trouvent pas d'écho, on devine aisément quelle sera la finalité. On pourra toujours arguer du fait que les opposants qui «négociaient» à Genève ne sont plus que des «conseillers» des groupes armés présents à Astana, mais la déception sera aussi importante. Leur attitude se justifie par le fait que Damas «n'a pas respecté les termes de l'accord sur le cessez-le-feu du 30 décembre 2016». Et ils ne se prononcent guère sur la suite des évènements, laissant planer le doute tant que l'armée syrienne n'aura pas cessé les combats à Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de la capitale, Damas, en proie à un chantage et aux risques d'empoisonnement. Alors que l'armée assiège Madaya, ville à la frontière libanaise et resserre l'étau sur Homs, on comprend que la rébellion opte pour la surenchère pour arracher des mécanismes de surveillance du cessez-le-feu et l'accès à l'aide humanitaire dans les zones assiégées.

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