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Référendums d’autodétermination de la nouvelle-Calédonie

Faut-il rester dans le giron français?

Les dimanches, 3 novembre 2018 et le 4 octobre 2020, les populations de la Nouvelle-Calédonie se sont prononcées sur leur avenir.

En 2022, un troisième référendum les attend encore pour choisir de rester dans le giron français ou l'indépendance. Je dis populations au pluriel parce que trois couches socioculturelles cohabitent dans ce pays du pacifique depuis 1853, date fatidique de la colonisation. A quelques éléments près, les similitudes existent avec l'Algérie à la veille de l'indépendance un 5 juillet 1962. Sauf que la communauté européenne a déserté le pays par la faute de l'OAS qui s'obstinait à vouloir garder l'Algérie dans le giron français, omettant d'ignorer sur le plan national l'âpre lutte de Libération Nationale et les sacrifices du peuple algérien alors même qu'au départ, l'appel du 1er novembre 1954 et à la fin les accords d'Evian garantissaient le droit de demeurer en Algérie. Sur le plan international, le grand portail africain de la décolonisation a été ouvert par les sacrifices du peuple algérien.
Les résultats de ces deux référendums d'autodétermination de ces dimanches des 3 novembre 2018 et 4 décembre 2020 intéressent les Algériens en raison d'importantes similitudes de la présence et de la fin coloniales sur ces deux territoires. Ensuite, les deux pays sont liés car une partie de la résistance populaire, incarnée par des Moudjahidine ont été éloignés de la patrie chérie, (les déportés), pour un monde dont ils ignoraient même l'existence.
Ceci dit, des similitudes avec l'Algérie quant à la composition des couches socioculturelles constituée par:-1) Les Algériens de Calédonie. En effet, 2166 compatriotes de plusieurs régions d'Algérie, (Souk Ahras, Laghouat, Bordj Bou Arréridj, Biskra, Bordj Ménaïel, Grande Kabylie, Oranie, Constantinois, Algérois, Seddouk, (Wilaya de Béjaïa), d'El Eulma et les insurgés de 1882 membres de la confrérie Rahmania (insurrection dite des Ouled Sidi Cheikh), condamnés pour rébellion ou pour participation à des insurrections, ou soulèvements contre la présence coloniale française en Algérie en application des dispositions du code de l'indigénat, puisque sujets, dénommés «français musulmans», et non citoyens français, ont été déportés en Nouvelle- Calédonie. Plus de la moitié était mariée en Algérie. Les dispositions des lois de 1870 et 1872 qui permettaient aux déportés d'être accompagnés de leurs épouses n'ont jamais été applicables aux Algériens.
A raison de 42 convois, ils ont été acheminés entre 1867 et 1895 vers la Nouvelle-Calédonie par le Cap de Bonne Espérance, Canal de Suez ou le Cap Horne), à bord de voiliers spécialement aménagés pour le transport de prisonniers, en parcourant environ 31.000 kilomètres pour une durée de 150 jours et regroupés à raison d'une soixantaine par cage. Sur les 2166, seuls 2106 ont survécu à la traversée maritime, (dont une centaine entre Marocains et Tunisiens). Comme nourriture, ils avaient droit à du pain 2 fois par jour avec une soupe aux haricots.
Chaque groupe a ses centres d'intérêts
C'est ainsi que faute d'être accompagnés de leur famille, ces Algériens feront foyer avec des communardes, (françaises éloignées de Métropole, d'autres avec des Canaques. A chaque groupe, ses intérêts, ceux mariés à des canaques soutiennent l'indépendance, les autres unis aux françaises se sont rangés du côté des Caldoches, («pieds-noirs»), si on peut les désigner ainsi, pour la compréhension des Algériens.
Ces Algériens bannis ont été connus ou «découverts» par le commun des mortels algériens grâce aux recherches et au travail colossal accomplis par feu Taouti Seddik de Laghouat, haut fonctionnaire des Finances, (que l'Eternel l'accueille en son vaste paradis) dont l'oncle faisait partie de ce cauchemar d'expédition.
Enfin, notons que le 1er février 1895, ils ont bénéficié d'une amnistie mais ils ont été assignés à résidence. Ils n'ont finalement jamais été autorisés à revenir en Algérie qu'en 1904. Les déportés Algériens sont à l'origine de l'introduction du palmier dattier en Nouvelle- Calédonie, certains avaient emporté avec eux des noyaux qu'ils ont semés à leur arrivée.
-2) Les Caldoches: ce sont les descendants d'Européens mais ce terme qualificatif est refusé par une partie d'origine européenne considéré comme péjoratif et s'estiment Calédoniens.
-3) les Kanaks ou canaques, mot d'origine polynésienne signifiant «homme»: cette dénomination devenue par la suite dépréciative car donnée par les blancs de la nouvelle-Calédonie vers 1899 aux Mélanésiens par rapport aux macaques, (primate). Les autochtones calédoniens ont repris ce qualificatif à leur compte comme pour lancer un défi aux blancs. Ce terme est ensuite considéré come valorisant puisqu'il est associé aux différentes revendications nationalistes autochtones. Ces deux communautés, caldoches et canaques, sont dans une situation de rivalité permanente. Ils se rejettent mutuellement le qualificatif péjoratif par le passé, inventé par l'autre. Inscrite sur les tablettes des Nations unies comme territoire non autonome, la Nouvelle- Calédonie est colonie de peuplement depuis son occupation en 1853. Elle s'est trouvée engagée dans un processus de décolonisation depuis 1983 et surtout depuis 1988 à la suite de la signature des accords de Matignon et celui de Nouméa, la capitale calédonienne de 1998, documents paraphés par l'État français, le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) et le Rassemblement Pour la Calédonie dans la République (RPCR).
L'état d'urgence est instauré
Les indépendantistes incarnés par la population kanaque, autochtone et colonisée est presque devenue au fil des temps minoritaire dans son propre territoire ce qui peut lamentablement voir ses aspirations reléguées aux calendres grecques, s'agissant de l'autodétermination visant l'indépendance du pays par rapport à une métropole située à des milliers de kilomètres. C'est principalement pour cette raison que les votes des deux dimanches sont cruciaux, extrêmement sensibles en Nouvelle-Calédonie sur une consultation électorale n'aboutissant pas à l'accession du pays à la pleine souveraineté. C'est pour cette raison que les Nations unies ont déployé une mission d'observatrices en 2016 et en 2017 chargées de rendre compte sur l'établissement et la révision des listes électorales.
Avec un non à 53% à ce second référendum, la Nouvelle-Calédonie semble être sur les mêmes rails du destin que ses voisins, l'Australie et la Nouvelle- Zélande, une présence européenne irréversible et indétrônable. La Nouvelle-Calédonie constitue avec l'Algérie les seules colonies de peuplement françaises. C'est un ensemble d'îles, situées à 2000 kilomètres de l'Australie, avec une superficie de 18500 km2. En 1984, non satisfait des propositions françaises, le Front de Libération Nationale kanak et Socialiste érige un gouvernement provisoire de kanaky ayant comme objectif de préparer l'indépendance. C'est le début d'une guerre civile de quatre années où s'affrontent les deux camps par milices interposées. L'état d'urgence est instauré. Le conflit armé abouti à son paroxysme en 1988. Une prise d'otage et la mort de six gendarmes et 19 indépendantistes choquent l'opinion calédonienne qui poussera les deux camps à négocier une issue pacifique. La Nouvelle-Calédonie est alors placée sous statut provisoire. Un référendum d'autodétermination est programmé pour 1998. Devant l'éventualité d'un non à l'indépendance et dans un souci de préserver la paix sociale l'accord de Nouméa du 5 mai 1998 prévoit la mise en place d'une forte autonomie avec transferts progressifs de compétences, la naissance d'une citoyenneté néocalédonienne et la tenue d'un référendum d'autodétermination en 2018. Aujourd'hui, le débat politique concerne le vivre ensemble dans une société calédonienne évoluant vers une pluralité d'ethnies. Suite à une consultation électorale de deux des trois provinces sont aux mains des indépendantistes mais c'est les provinces les moins peuplées et les moins riches. La province où se situe la capitale Nouméa, située au Sud du pays est la zone «blanche». C'est le centre névralgique du territoire. Elle est dirigée par les loyalistes et concentre à elle seule 70% de la population. Elle représente économiquement la moitié du PIB. Pour les caldoches, il n'est plus question de se prononcer sur l'indépendance en 2022 mais sur un nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie. Cela est dangereux pour la communauté canaque autochtone qui peut balancer sur une forme d'Apartheid à l'israélienne Les enjeux internationaux. Ce dimanche 4 octobre 2020 encore une fois, la Nouvelle- Calédonie n'accèdera pas à une indépendance. Elle ne pourra pas quitter le giron français dans la mesure où la France est une puissance occidentale, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Dans un monde où le centre d'intérêts s'est déplacé et se joue en Asie, il est difficile à une jeune nation de se frayer un coin pacifique pour préserver sa liberté économique et même politique sans le parapluie français d'autant que la France dispose d'une forte communauté installée dans la zone pacifique et compte un dispositif diplomatique puissant, face à une Nouvelle- Calédonie placée par le fait colonial à l'extérieur des relations internationales.
La nouvelle donne régionale
Compte tenu: -1) de la faiblesse des kanaks au plan économique, les leviers sont aux mains essentiellement des caldoches, -2) lorsque vous observez que la figure historique qui incarnait l'indépendance, déclare en plein campagne électorale historique, responsable quant à la destinée du pays que la France a changé son regard, sous entendu, «ne plus la considérer comme puissance coloniale», que reste-il alors au mouvement indépendantiste autochtone
dont le résultat ne peut faire aucun doute, -3) la France est loin de lâcher la Nouvelle-Calédonie, position stratégique dans le pacifique où l'avenir économique est en Asie, centre d'intérêts planétaires, preuve en est, le président français s'est prononcé sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie avant même la clôture du vote, en pleine consultation électorale. -4) les couches socio-culturelles en présence ne sont pas de nature à un résultat d'espoir d'autant que le métissage a encore compliqué l'éventuelle solution même de partage des responsabilités, -5) la région évolue vers une nouvelle donne incarnée par les puissances économico-politiques asiatiques tels que le Japon ou la Corée du Sud (pour des raisons économiques), la Chine (essentiellement pour des motifs politiques) dont l'influence imposée par la conjoncture politico-économique n'a d'autres choix que de s'agrandir de leur zone d'influence d'hier.Cette situation me fait penser à l'Algérie à la veille de l'indépendance le 5 juillet 1962. En effet, les Européens, qui se sont accaparés des terres fertiles et des autres leviers économiques, l'entrée de l'OAS dans le jeu historique, les ont fait fuir alors qu'ils jouissaient de garanties juridiques et politiques incontournables dans les accords d'Evian mais également dans la déclaration du 1er novembre 1954.

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