SOMMET DES AMÉRIQUES
Chavez, la voix de l’anti-impérialisme
Le président vénézuélien veut se battre pour le retour de l’île de la Liberté au sein de l’OEA dont Cuba a été exclu en 1962.
Le président vénézuélien, Hugo Chavez, mise sur le Sommet des Amériques, son premier rendez-vous avec son homologue américain Barack Obama, pour renforcer le camp de l´«anti-impérialisme», dont il se présente comme la figure de proue. «Nous sommes en train de préparer l´artillerie», a clamé le bouillant dirigeant socialiste à quelques jours du sommet du 17 au 19 avril à Trinidad et Tobago, qui réunira l´ensemble des pays du continent, à l´exception de Cuba, exclu depuis 1962 de l´Organisation des Etats américains (OEA). Proche allié du leader cubain Fidel Castro, M.Chavez a prévu de dénoncer à Port Of Spain l´absence de l´île communiste et de réclamer la fin de l´embargo économique imposé depuis 47 ans par les Etats-Unis. «Pourquoi Cuba n´est pas au Sommet des Amériques? Ce sera l´une des premières questions qui résonnera à Trinidad», a-t-il annoncé, promettant d´«exiger de l´empire que dirige Obama lève l´embargo».
La rencontre entre les deux hommes pourrait être l´un des moments forts du Sommet. M.Chavez, qui avait fait de l´ex-président américain, George W.Bush, sa cible principale, a jusqu´ici adopté une posture plutôt modérée à l´égard de son successeur, dont il avait salué l´«élection historique». Il a depuis durci le ton à l´égard de Barack Obama, le qualifiant de «pauvre ignare», après un rapport critique du département d´Etat américain sur les droits de l´Homme au Venezuela. «Nous allons voir s´il a vraiment une nouvelle vision sur l´Amérique latine et les Caraïbes, et montre du respect à nos peuples», a-t-il indiqué. La précédente édition du Sommet, il y a quatre ans en Argentine, avait déjà permis au président vénézuélien de rallier avec succès les opposants à la Zone de libre-échange des Amériques (Zlea), un projet de Washington resté lettre morte.
Pour faire contrepoids, le Venezuela a lancé en 2004 avec Cuba, l´Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba), dont M.Chavez a convoqué une réunion extraordinaire jeudi, à la veille du Sommet de Trinidad, destiné à constituer un front uni de la gauche.
Ce bloc économique antilibéral, financé par les recettes pétrolières du Venezuela, a été rejoint par la Bolivie, le Nicaragua, le Honduras et la République dominicaine. La venue du président cubain Raul Castro a été annoncée à la réunion de l´Alba, prévue dans la localité de Cumana, à 275 km à l´est de Caracas. Il devrait y retrouver son allié du Nicaragua, Daniel Ortega, ainsi que les présidents de gauche d´Equateur, Rafael Correa, et du Paraguay, Fernando Lugo, attendus en qualité d´invités. S´ils réclament également la fin de l´embargo contre Cuba, les présidents latino-américains de gauche ne partagent pourtant pas tous la vision conflictuelle de M.Chavez, à l´image des chefs d´Etat modérés du Chili, Michelle Bachelet, et du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva. Pour Lula, l´élection d´Obama «est une opportunité pour l´Amérique latine d´établir une nouvelle relation avec les Etats-Unis». Le président américain a commencé à assouplir les sanctions contre La Havane en levant lundi les restrictions sur les visites et l´envoi d´argent des Cubano-Américains sur l´île. Une mesure considérée toutefois comme une «aumône» par Fidel Castro «Si Obama parle à Port Of Spain comme il l´a promis (...), les leaders latino-américains devront être prêts à entamer une (nouvelle) étape débarrassée des vieux complexes dans les relations entre le Nord et le Sud», a admis l´ex-chef de la diplomatie vénézuélienne Simon Consalvi, dans un entretien au quotidien de Caracas El Nacional.