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LE SINISTRE FEUILLETON DE L'ASSASSINAT DE JAMAL KHASHOGGI

Ankara a des "preuves" qui discréditent la version saoudienne

Le procureur général saoudien a requis la peine de mort contre cinq des accusés, pour leur rôle dans cette affaire, affirmant que le journaliste avait été «drogué, tué et démembré» au consulat même, à Istanbul, le 2 octobre. Mais il a totalement dédouané le prince héritier.

Tensions et rétentions, les rapports entre la Turquie et l'Arabie saoudite deviennent de moins en moins chaleureux. Ankara a réagi hier aux déclarations des autorités saoudiennes qui ont annoncé une condamnation à mort de 5 des 17 auteurs présumés de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans l'enceinte du consulat saoudien à Istanbul. Alors que le procureur général saoudien affirmait, une fois de plus, que le prince héritier est totalement absous dans cette affaire, Ankara a jugé bon de rétorquer en déclarant «disposer de preuves», notamment d'un deuxième enregistrement audio qui contredit la version donnée jeudi par le procureur saoudien sur le meurtre de Jamal Khashoggi, selon le journal turc Hurriyet. Le procureur général saoudien a requis la peine de mort contre cinq des accusés, pour leur rôle dans cette affaire, affirmant que le journaliste avait été «drogué, tué et démembré» au consulat même, à Istanbul, le 2 octobre. Mais il a totalement dédouané le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, selon lui «dans l'ignorance» de cette opération criminelle. Cette version raconte l'expédition d'une équipe auto dépêchée à Istanbul, dans le but de «ramener Jamal Khashoggi, de gré ou de force, à Riyadh», et elle avance la thèse d'un chef qui, sur place, a décidé de procéder à l'élimination pure et simple du journaliste «sans consulter ses supérieurs». Cela étant, il «reconnaît» que Khashoggi a été «drogué, tué et démembré» dans le consulat et que les différentes parties du corps ont été «confiées» à un «collaborateur», à l'extérieur du consulat. Saluée par Washington qui a aussitôt validé «l'enquête» saoudienne, suivie en cela par d'autres capitales occidentales, la version saoudienne n'a pas, du tout, plu à la Turquie, de sorte que le quotidien Hurriyet, sous la plume de l'éditorialiste Abdulkadir Selvi, a affirmé hier l'existence d'un enregistrement sonore du meurtre qui prouve qu'aucune tentative de négocier avec Khashoggi pour le persuader de rentrer en Arabie n'a eu lieu. Hurriyet précise, en outre, que Jamal Khashoggi «n'a pas été drogué», contrairement aux assertions du procureur saoudien, mais qu'il a bien été «étranglé ou étouffé», avec un sac en plastic. Plus grave encore, Hurriyet indique que les services turcs sont en possession d'un autre enregistrement sonore de 15 minutes, sur la période précédant le meurtre, à la lumière duquel il ne peut y avoir aucun doute sur le caractère délibéré du crime. Dans cet enregistrement, «on entend l'équipe saoudienne en train de discuter de la façon d'exécuter Khashoggi, passer en revue son plan préparé à l'avance et rappeler à chacun de ses membres son rôle». Enfin, «des preuves ont également été recueillies après le meurtre, sous forme d'appels téléphoniques à l'international effectués par l'équipe saoudienne»,écrit Hurriyet. On comprend, dés lors, pourquoi la Turquie a brusquement haussé le ton, jeudi dernier, lorsque le chef de la diplomatie Mevlüt Cavusoglu a qualifié d' «insuffisantes» les explications «détaillées» du procureur saoudien. On se souvient que le président turc Recep Tazyyip Erdogan avait, à plusieurs reprises, déclaré que l'ordre de tuer Khashoggi avait été donné «aux plus hauts niveaux de l'Etat», tout en écartant la responsabilité du roi Salmane, tandis que la presse et des responsables turcs incriminaient son fils, le prince héritier. S'il apparaît évident que Riyadh tente par tous les moyens de disculper le prince héritier, en refusant l'extradition des tueurs présumés et en rejetant catégoriquement la proposition turque d'une enquête diligentée part l'ONU, on demeure néanmoins perplexe face à la stratégie du président Erdogan qui use du bâton et de la carotte, depuis des semaines. S'il a bien «partagé» tous les enregistrements avec les capitales qu'il a lui-même citées, à savoir Washington (dont la CIA), Ottawa, Londres, Paris et...Riyadh, on comprend mal comment les Saoudiens peuvent avancer une thèse dont ils savent, par avance, qu'elle ne peut résister à l'épreuve des enregistrements invoqués. A moins que, la raison d'Etat aidant, il n'ait été convenu, entre tous ces mêmes pays, de privilégier la thèse mettant fin à la quête d'une vérité qui n'arrange personne, si ce n'est la vérité elle-même.

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