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Dans un bras de fer qui se durcit

Américains et Chinois comptent leurs troupes

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a rappelé à l’Allemagne les crimes de l’Holocauste, à la France les massacres en Algérie, aux Américains et Britanniques la traite des esclaves et aux Canadiens le traitement des populations autochtones.

Alliés européens et asiatiques d'un côté; Russie, Iran et Corée du Nord de l'autre. Après leur affrontement en Alaska, Américains et Chinois cherchent à consolider leurs alliances autour de leur point de rupture: la démocratie.
La première prise de contact sino-américaine de l'ère Biden a été suivie d'une dégradation tous azimuts de la relation entre la Chine et l'Occident, en particulier l'Europe, qui avait peu ou prou maintenu le contact avec Pékin sous Donald Trump. «On va vers une bipolarité et une nouvelle guerre froide opposant d'une part les bons (les démocraties, l'Occident) et les méchants (les dictatures, Chine, Russie, Iran et Corée du Nord)», résume le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'université baptiste de Hong Kong. «Il y a une nouvelle union sacrée des démocraties sur le Xinjiang, Hong Kong, les droits de l'homme en Chine (...) La nouveauté pour les Etats-Unis est qu'ils ont besoin de leurs alliés pour contrebalancer la montée en puissance de la Chine», observe-t-il. Comme un symbole, les diplomates de
26 pays ont accompagné lundi leur collègue canadien devant le tribunal de Pékin où était jugé à huis clos un des deux Canadiens arrêtés fin 2018 quelques jours après une dirigeante du groupe chinois Huawei au Canada. En remettant en tête des priorités américaines la défense des libertés mise de côté par son prédécesseur, le président Joe Biden est en train de réussir son pari de ressouder les démocraties face au défi chinois, souligne à Pékin le politologue indépendant Hua Po. Si les Américains et leurs alliés ont des intérêts divergents face à la Chine, en revanche «ils sont d'accord sur la question des droits de l'homme. C'est un symbole de la solidarité entre les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux», relève-t-il.
En face, le plus haut responsable communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, s'en est pris vertement le 18 mars à Anchorage au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, pour le plus grand plaisir des milieux nationalistes en Chine. «Les Etats-Unis pas plus que les pays occidentaux ne représentent l'opinion publique internationale», a-t-il lancé.
Le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a depuis enchaîné les contacts avec des Etats en délicatesse avec l'Occident, en commençant par Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, reçu lundi dans le sud de la Chine.
L'occasion pour les deux pays de réaffirmer qu'à leurs yeux «il n'existe pas de modèle unique pour la démocratie».
Le ministre a poursuivi avec une tournée en Turquie, en Iran et en Arabie Saoudite, pays où il a reçu le soutien du prince héritier Mohammed ben Salmane pour la politique chinoise au Xinjiang (nord-ouest). Samedi à Téhéran, Wang Yi a signé avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif un accord de coopération stratégique et commerciale sur 25 ans entre les deux pays. Côté américain, Joe Biden en personne avait fait précéder la rencontre d'Anchorage d'un sommet virtuel avec l'Inde, le Japon et l'Australie, dans le cadre de la «Quad», une alliance informelle destinée à contrebalancer l'influence chinoise en Asie-Pacifique.
La Chine se retrouve face à «une politique d'encerclement multiforme» de Washington: stratégique, technologique et commerciale, observe Hua Po. Face à cette triple menace, l'alliance avec la Russie, l'Iran ou la Corée du Nord ne fait pas le poids, reconnaît-il. Antony Blinken avait quant à lui préparé son premier face-à-face avec les Chinois lors d'une tournée au Japon et en Corée du Sud, voisins immédiats de Pékin. Il l'a poursuivie la semaine dernière à Bruxelles où il a promis de reconstruire l'alliance avec l'UE face à la Chine et à la Russie. Simultanément, Américains, Européens, Britanniques et Canadiens annonçaient des sanctions contre une poignée de hauts fonctionnaires chinois jugés responsables de la répression contre les musulmans ouïghours au Xinjiang. Ces sanctions coordonnées ont provoqué la fureur de Pékin, qui a pris des mesures similaires en expliquant n'avoir pas de leçons à recevoir en matière de droits de l'homme. Histoire à l'appui, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a rappelé à l'Allemagne les crimes de l'Holocauste, à la France les massacres en Algérie, aux Américains et Britanniques la traite des esclaves et aux Canadiens le traitement des populations autochtones. Mais derrière la rhétorique, la presse chinoise se concentre aussi sur les aspects positifs de la rencontre d'Anchorage, à savoir les points sur lesquels les deux puissances ont convenu de collaborer, comme le climat ou les vaccins, remarque la sinologue Bonnie Glaser, du Centre pour les études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington.
En se rapprochant de la Russie, la Chine répond avant tout au renforcement de la Quad et «cherche à montrer qu'elle a des amis et d'autres options», relève Mme Glaser. «Mais la Chine signale aussi clairement qu'elle veut une relation stable avec les Etats-Unis», ajoute la sinologue.
«Le monde n'est pas en train de se diviser en deux camps opposés.»

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