A Ghaza c’est l’enfer

Le pire est à craindre. Le moment tant redouté est arrivé. L´artillerie israélienne pilonne, depuis hier, la bande de Ghaza. Nous avions signalé l´imminence de cette opération dans notre précédente édition. Tout le long de la frontière orientale du territoire palestinien avec Israël, les tirs d´artillerie font rage. Selon des témoins oculaires, cités par l´AFP, Beit Hanoun, Jabaliya et le secteur de Khan Younès dans le sud sont les cibles des chars israéliens.
Ce sont là les signes précurseurs d´une incursion terrestre planifiée, sans aucun doute, de longue date. Les tirs de l´artillerie lourde ont toujours précédé, comme cela fut démontré par le passé, les opérations terrestres de Tsahal.
L´opinion publique israélienne semble y avoir été préparée puisque la radio a annoncé le début de l´offensive terrestre. Un porte-parole de l´armée israélienne, interrogé par l´AFP, a laconiquement déclaré que «l´opération suivait son cours». De son côté, le mouvement palestinien Hamas, dans un message diffusé par sa radio, a affirmé que «si les Israéliens entrent dans Ghaza, Gilad Shalit aura de nouveaux amis», faisant allusion au soldat israélien fait prisonnier au mois de juin 2006 par le Hamas. L´offensive terrestre que prévoit de lancer Tsahal contre la bande de Ghaza ne ressemblera certainement pas à une promenade de santé. Des rebondissements aux conséquences diplomatiques et surtout militaires risquent très fort de contrarier les calculs de l´Etat hébreu. L´agression inhumaine de l´armée israélienne contre la bande de Ghaza a ravivé l´axe Damas-Téhéran. Bachar El Assad s´est entretenu, hier, dans la capitale syrienne, avec le secrétaire du Haut Conseil de la sécurité en Iran. Et cette rencontre ne peut en aucun cas présager de bonnes nouvelles pour l´Etat hébreu. Elle serait plutôt annonciatrice d´un développement de la situation qui, à défaut d´être circonscrit à la bande de Ghaza, marquerait le début d´un embrasement du conflit israélo-palestinien qui s´étendrait à toute la région du Moyen- Orient. Il impliquerait de facto la République islamique d´Iran. Ennemi juré d´Israël, Téhéran ne reconnaît pas son existence et affiche clairement et sans détour son soutien au mouvement islamiste palestinien en particulier et à la cause palestinienne en général. L´Iran apporte aides financière et matérielle au Hamas et ne s´en est jamais caché. Saïd Jalili et Bachar El Assad ont jugé «la situation dangereuse dans la bande de Ghaza», a rapporté l´agence de presse officielle syrienne Sana. Leurs pourparlers ont porté sur «les conséquences de la poursuite de l´agression israélienne sur la sécurité et la stabilité de la région et des moyens d´agir des pays islamiques pour contraindre Israël à cesser immédiatement les massacres contre le peuple palestinien, à briser le blocus imposé à Ghaza et ouvrir les points de passage», a poursuivi l´agence de presse syrienne Sana.
Les Iraniens ont affiché leur intention de redynamiser l´axe Damas-Téhéran et l´occasion leur est offerte par l´agression de Tsahal contre les Palestiniens de la bande de Ghaza. Le secrétaire du Haut Conseil de la sécurité en Iran a fait part au président syrien de «l´attachement de l´Iran à la coopération et à la coordination avec la Syrie concernant Ghaza». L´axe Damas-Téhéran, longtemps considéré par les Américains comme l´axe du mal, a souvent fait l´objet d´attaques verbales virulentes de la part de l´administration Bush. Il a constitué, par un passé encore récent, une des cibles potentielles de l´armée américaine. Il est accusé de collusion avec des mouvements extrémistes, fondamentaux classés comme terroristes à l´instar du Hezbollah libanais. Tous les ingrédients d´un embrasement de la région sont réunis. Khaled Mechaâl responsable du bureau politique du Hamas, en exil, a prévenu que son mouvement qui contrôle la bande de Ghaza depuis juin 2007 «ne capitulerait pas» face aux opérations israéliennes. Il a prédit «un sombre destin» aux militaires israéliens qui s´aventureraient en territoires palestiniens. De son côté, la communauté internationale ne cesse d´appeler à l´arrêt des bombardements sans relâche de l´aviation israélienne. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé «avec force pour un cessez-le-feu immédiat» Ehud Olmert l´entendra-t-il? Dans le cas contraire et peut-être pour la première fois l´Etat hébreu sera mis au ban des Nations.