L'Expression

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S’adapter pour s’affirmer

Le rêve d'une nouvelle vie dans une Algérie prospère a traversé l'histoire contemporaine sous des postures diverses: riposte à la colonisation; quête de justice et d'égalité; focalisation sur des buts appelés tour à tour souveraineté, socialisme, développement, libéralisme, démocratie sociale et, aujourd'hui, «Nouvelle Algérie». Ce rêve s'est exprimé par le truchement de plusieurs vecteurs qui vont de l'action militante et révolutionnaire aux plans d'action gouvernementaux, en passant par la planification et toute une série de réformes. Dans le même temps, c'est un rêve qui a fait l'objet d'un nombre impressionnant de débats et d'écrits étalés sur plus d'un siècle grâce à une nombreuse élite patriotique dont beaucoup de membres sont tombés dans l'oubli en raison d'une carence mémorielle collective. Aujourd'hui, en tout cas, à la veille d'un autre moment fort de l'histoire du pays qui interviendra le 7 septembre 2024 avec une élection présidentielle anticipée, c'est naturellement le concept de «Nouvelle Algérie» qui retient l'attention des acteurs politiques, même si aucun d'eux ne s'est appliqué à en préciser le sens et le contenu. Aussi le moment est-il propice pour combler cette lacune en se demandant s'il ne répond pas avant tout à un besoin de changements dicté par l'inefficacité de nos pratiques de gestion, unanimement dénoncée, même au plus haut niveau de l'Etat. A y regarder de près, on s'aperçoit, en effet, qu'au regard des conditions nouvelles induites par l'évolution du monde, et malgré les efforts d'amélioration consentis, bon nombre de nos façons d'opérer sont obsolètes. D'où un foisonnement de critiques qui s'appuient sur un constat largement partagé et qui se répandent au sein de la société. Si elles influencent moyennement les générations déclinantes, elles agissent, en revanche, fortement sur les générations montantes, ainsi que sur les classes moyennes et sur les universitaires qui estiment que leurs mérites sont méconnus.

Concept de «Nouvelle Algérie»
A vrai dire, de telles critiques se révèlent aussi comme l'expression d'un décalage entre les intentions affichées par maints décisionnaires et la réalité qui se montre souvent tout autre sur le terrain où la routine, l'inefficience et la bureaucratie arrogante et bornée, ainsi que le formalisme aveugle et sourd qui y prévaut, font des ravages sur le fonctionnement des institutions et, par ricochet, sur le moral des gens. Il en résulte fatalement une exigence d'adaptation conduisant logiquement à la définition d'un contenu théorique et pratique du concept de «Nouvelle Algérie». C'est une exigence d'autant plus pressante que l'expérience historique des sociétés humaines montre nettement que l'une des causes les plus invariables ayant effacé maintes nations de la scène a été précisément leur défaut d'adaptation. Elle l'est encore davantage en ce début du XXe siècle où tout paraît ambigu. A ce propos, les pays forts persistent à se laisser mener par leurs appétits de puissance, tandis que les moins forts se trouvent dans la situation périlleuse d'un gibier vulnérable face à un chasseur impitoyable. La tragédie de Ghaza, par exemple, montre à quel point les maîtres du monde ne se soucient ni de paix globale ni de relations internationales fondées sur la règle de droit. Elle montre aussi que les nouvelles alliances qui se nouent ici et là n'ont qu'un seul but: permettre à des Etats d'isoler d'autres et de dominer ceux qui vivent au jour le jour et dans l'insouciance. Dans ce contexte, que dire de notre pays? Ayant subi à la fin du siècle dernier une crise tragique dont il est sorti exsangue, il tenta de se reconstruire en parant au plus pressé par le recours à un investissement massif dans toutes sortes d'infrastructures, ainsi qu'à l'importation pour satisfaire ses besoins de consommation tertiaires et autres.

Le déclic salvateur
Mais, à vrai dire, il ne semble pas s'être trop soucié de production industrielle, ni d'adaptation de ses modes opératoires et de son tempérament aux nécessités d'un environnement mondial complexe et multifacette. Ce qui a eu pour effet de lui faire perdre du terrain dans la course à l'émergence. Autant dire que le projet d'une «Algérie nouvelle» exempte d'insatisfactions postule la formulation d'un corps de doctrine similaire à ceux énoncés dans les nombreux programmes, plate-formes, chartes et résolutions parus depuis Novembre 1954. Il s'agira, en effet, de donner du sens à l'effort collectif en l'aiguillant davantage sur les dynamiques prédominantes dans le monde et sur l'adaptation aux mutations économiques, sociales, technologiques et politiques de notre époque qui ne feront sans doute que s'intensifier. Il s'agira également de provoquer un déclic par lequel la nation dans son ensemble fera évoluer sa mentalité, en appellera à l'énergie de ses élites résidentes et non résidentes, accélérera la réforme son administration et son système bancaire, instaurera la confiance en son sein et s'éveillera aux dangers de l'indolence, ainsi qu'au devoir de résilience face aux dérèglements, incertitudes et menaces des temps actuels. Il s'agira finalement de s'affirmer en s'en remettant carrément à l'industrie, à l'agriculture, au tourisme, à l'économie de la connaissance, ainsi qu'aux énergies renouvelables pour passer hardiment d'un niveau lacunaire à un niveau substantiel de développement.

Membre du Conseil de la nation

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