L'Expression

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Mouloud Mammeri le rassembleur!

Pourquoi avons-nous besoin aujourd'hui et plus que jamais, de la présence de Mouloud Mammeri dans notre vie culturelle et intellectuelle?

Une culture sans symbole est une culture égarée, souffrante et piégée.
Notre société a besoin d'un symbole intellectuel, un modèle, capable de rendre à la culture algérienne dans toute sa diversité et sa densité une notoriété nord-africaine, arabe et méditerranéenne méritée.
Longtemps, et par tous les moyens, on a essayé de diaboliser Mouloud Mammeri, lui le sage, le lucide, l'éclaireur et le visionnaire.
Le 28 octobre 1963, après à peine quelques mois d'indépendance, représente une date phare dans la vie de Mouloud Mammeri, une expérience culturelle devant laquelle on doit impérativement s'arrêter, que l'on doit analyser et lire en profondeur. À cette date, Da LMmouloud et un nombre important d'écrivains algériens arabophones, francophones et amazighophones, ont fondé la première Union des écrivains. Mouloud Mammeri a été élu président de ladite union avec Jean Sénac comme secrétaire général et Kaddour M'Hamsadji comme vice-secrétaire général...
Cette union des écrivains présidée par Mouloud Mammeri était, et dès sa création, un espace libre et pluriel. On y trouvait des écrivains arabophones à l'image de Moufdi Zakariya, Djoneidi Khalifa, Ahmed Tawfik el Madani, Mohamed el Mili, Mohamed El Aïd Al-Khalifa, des écrivains francophones Jean Sénac, Kaddour M'Hamsadji, Ahmed Sefta, Mourad Bourboune, Bachir Hadj-Ali, Mohamed Dib, Malek Haddad et bien d'autres.
Dès la première année de son existence, l'Union des écrivains algériens sous la houlette de Mouloud Mammeri a procédé à la création du grand prix littéraire d'Algérie. Et pour sa première session, il a été attribué à deux écrivains, à savoir le romancier Mohammed Dib et le poète Mohamed El Aïd Al Khalifa. Ce choix des lauréats, en lui-même, révèle une tolérance politico-intellectuelle et une vision d'une Algérie littérairement plurielle. Dib fut un écrivain de gauche, proche des communistes, journaliste à Alger républicain et le deuxième, Al-Khalifa, fut le poète de l'Association des Uléma musulmans algériens (Jamiyat el olamae al mouslimine al jazairiyyine). Le premier écrivait en français et le deuxième en arabe. Le premier appartient à la mouvance des modernistes et le deuxième à celle des conformistes. Le jour de la remise du prix, Mohamed El Aïd Al Khalifa n'a pu se déplacer à Alger pour recevoir son prix, ce qui a poussé Mouloud Mammeri à se déplacer, en personne, en voiture, nous sommes en 1963, jusqu'à Biskra pour lui remettre le prix. Quelle grandeur et quelle noblesse!
La composition de l'Union des écrivains, le choix des lauréats, le déplacement à Biskra pour remettre le prix à Mohamed el Aïd Al-Khalifa, tout cela nous montre la vraie personnalité de l'écrivain Mouloud Mammeri. Une grande leçon historique se dégage de tout cela; Mouloud Mammeri est un intellectuel rassembleur, un écrivain qui a combattu l'exclusion linguistique, celui qui n'a jamais arrêté de lutter contre la ghettoïsation linguistique ou ethnique, un militant farouche contre la pensée unique, un anthropologue qui militait bec et ongles pour la réhabilitation de la langue et la culture amazighes, un nationaliste qui défendait son Algérie plurielle.
Aujourd'hui, avec tout ce qu'il y a de carences et de retard, notamment dans la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, nous pouvons dire que les rêves de Mouloud Mammeri, que son combat, ont donné leurs premiers fruits: le tamazight est constitutionnellement une langue nationale et officielle. Certes, le chemin est encore long, difficile et épineux mais, comme Da LMouloud, on reste optimiste et convaincu.
Da LMmouloud a passé sa vie entre le poétique et le politique.
Aujourd'hui, par sa vision prophétique et historique et par son engagement d'intellectuel rassembleur, nous avons besoin d'un Mouloud Mammeri comme modèle dans notre champ culturel aride, comme nous avons besoin d'un Abane Ramdane dans le champ politique confus ou égaré.

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