L'Expression

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Une Révolution à engager

Politologues et analystes arabes et internationaux se perdent en supputations et conjectures pour qualifier, sans doute comprendre, ce qui - à défaut de mieux? - a été labellisé de «Révolution arabe» au lendemain des révoltes tunisienne et égyptienne qui - nonobstant la chute des autocrates Zine El Abidine Ben Ali et Mohamed Hosni Moubarak - ont encore à dévoiler et établir qu´elles ont un projet politique, social, économique et culturel pour ces pays. Nous n´en sommes pas là en vérité. De fait, on a surtout surdimensionné en révolution un ras-le-bol de populations qui n´en pouvaient plus de plier sous le joug de tyrannies qui opéraient chirurgicalement, sans état d´âme, verrouillant tous les espaces d´expression, érigeant en dogme l´interdit politique, accaparant les biens de l´Etat quand leurs peuples ont été mis en marge de tout: du travail, de l´espoir, de la vie. L´effet de surprise, additionné à la retenue des armées tunisienne et égyptienne - qui ont, il faut leur en prendre acte, refusé de tirer sur le peuple, ce que les polices de ces deux pays n´ont pas répugné à faire - ont joué un rôle déterminant dans la chute de Ben Ali et Moubarak. L´effet «domino» ou entraînant n´a pas eu lieu dans les autres pays arabes malgré les récoltes libyenne, yéménite, syrienne - à un degré moindre - bahreïnie et jordanienne - qui perdurent depuis un à deux mois - pour la simple raison que la surprise s´est estompée et les dictateurs se sont repris. Aussi, sans autres affabulations, les peuples arabes en avaient marre de leurs tyrans, excédés par les situations de non-vie dans lesquelles ils les maintenaient depuis des décennies.
Si l´on peut schématiser, le Monde arabe est devenu comme une cocote minute dont la soupape de sûreté se serait détraquée qui, soudain, explose comme une bombe. Avec tous les dégâts que l´on peut supposer dans son entourage. C´est ce qui s´est passé simultanément dans le Monde arabe où, en fait, de Révolution il n´y en avait point. L´Histoire nous l´enseigne, la révolution ne s´improvise pas. Elle vient de loin, a besoin d´être travaillée, formalisée, avoir un projet de société à faire valoir, des moyens pour parvenir à ses fins. Tout cela est malheureusement absent des «révoltes» arabes dont le seul mot d´ordre entendu de Tunis au Caire, de Sanaa à Damas, de Manama à Amman a été «Dégage» «Arhel», «Go out», signifiant à leurs dirigeants, en termes peu protocolaires, de partir. Ainsi, si l´effet de surprise a joué dans le cas de la Tunisie et de l´Egypte, il aura fait long feu ailleurs dans les pays arabes où des despotes comme El Gueddafi et Saleh font de la résistance. Quitte à tirer, ou faire tirer, sur leurs peuples. Ce dont ils ne se sont pas privés. Il ne faut donc pas se leurrer sur ce qui se passe dans le Monde arabe dont, certes, les peuples aspirent aux libertés collectives et individuelles. Mais cela reste, semble-t-il, un objectif à long terme au regard des retombées des révoltes tunisienne et égyptienne où l´on note le retour de «vieux caciques» sortis de leur retraite en Tunisie, alors qu´en Egypte, c´est l´armée qui redistribue les cartes.
En Libye, les rebelles qui se sont approprié le drapeau d´Idriss 1er ne semblent avoir d´ambition que de se voir installés par la coalition occidentale sur le trône des Senoussi à Tripoli. A Bahreïn, la révolte a vite fait d´être décapitée par l´intervention de «frères khaligis» bien intentionnés. Ce qui est remarquable en fait dans toutes ces révoltes - avant-garde dans le Monde arabe?- c´est l´absence, outre d´un projet politique, de leaders qui s´assument et assument la «révolution» et les réformes à venir. Il est vrai que ce n´est certes pas des despotes qui règnent sur le Monde arabe depuis des décennies que viendraient les réformes et la libération.

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