Toutes les guerres sont sales
Dans la tête des décideurs américains, les militants du parti Baâth, au pouvoir en Irak, sont des cibles militaires. Le bombardement, hier, d´un immeuble où se tenait une réunion des militants de cette formation politique, renseigne sur la volonté US d´anéantir tout encadrement des populations civiles, aux fins, sans doute, de réduire la résistance à sa plus simple expression. Présentée par Tomy Franks comme un haut fait d´armes, l´élimination de centaines de civils pour le simple fait qu´ils sont militants revient à constater que l´armée américaine ne fait plus une guerre classique, comme ses généraux se plaisent à le répéter à tout bout de champ.
Dans cette guerre, les deux camps, irakien et américain, ont déjà passé la ligne rouge de l´éthique militaire. Le premier habille un soldat en civil pour perpétrer un attentat kamikaze et le second ne semble avoir aucun état d´âme à bombarder un lieu occupé exclusivement par des citoyens, dont le seul tort est de croire à une idée. En fait, si aucune guerre n´est propre, c´est surtout de la faute des états-majors des armées qui trouvent toujours le moyen de contourner leur propre code de conduite pour trouver, là où ils veulent, des cibles militaires.
Dans le cas présent, on peut dire, à la décharge de l´armée irakienne, que celle-ci est en position d´agressée et est donc en droit de se défendre par les moyens du bord, même si pour cela, il fallait user de méthodes peu conventionnelles que les USA n´hésitent pas à qualifier de terrorisme. Cependant, cette manière de faire donne aux «coalisés» l´opportunité de tirer dans le tas au moindre mouvement de simples citoyens fuyant les horreurs d´une guerre qu´il n´ont à aucun moment souhaitée.
L´agression américaine contre l´Irak ressemble, en fait, à tant d´autres. Et ce ne sont pas les briefings quotidiens du général Franks ou du ministre irakien de l´Information qui changeront quelque chose. Dans tous les cas de figure, ce sont des populations innocentes qui payent le tribut de cette guerre qui est, du reste, aussi sale que toutes celles qui l´ont précédée. A son dixième jour, la comptabilité macabre faite par les deux camps en conflit donne dix fois plus de morts du côté des civils irakiens que dans les rangs des deux armées.
