Quand Trump lâche Netanyahu
Artisan enthousiaste des «Accords d'Abraham», mis en oeuvre par un quatuor de conseillers ultrasionistes parmi lesquels son propre gendre, l'ancien président américain Donald Trump qui promettait, alors, une «solution» consensuelle du conflit semble prendre acte des vents contraires qui soufflent en pleine campagne électorale pour la présidentielle de novembre prochain. Candidat à un come-back revanchard et conscient des vagues de contestation d'un soutien inconditionnel des oligarchies, tant démocrates que républicaines, à Israël, Trump affiche, depuis quelque temps, une surprenante distance envers Netanyahu et n'hésite pas à critiquer sa politique, affirmant qu' «Israël est totalement en train de perdre la guerre de la communication». Récusant les images des «immeubles qui s'effondrent» à Ghaza sous les raids de l'aviation sioniste, Trump n'hésite pas à dire, même: « Revenons à la paix et arrêtons de tuer des gens». On croit rêver, quand on sait les liens profonds qui existent entre la famille de l'ancien président et le sionisme en général. Mais le contexte politique est tel que, sans être aussi menacé que son rival démocrate Joe Biden, désavoué pour son soutien au génocide poursuivi par Netanyahu depuis 7 mois, Trump mesure la nécessité de donner du lest à son électorat, tout en lorgnant, pourquoi pas, vers les mécontents du camp opposé. Parmi ces derniers, il y a, bien sûr, l'importante communauté arabo-américaine mais, aussi et surtout, une large frange de la jeunesse qui, aux Etats-Unis et partout dans le monde, s'insurge, dans les rues comme dans les campus, contre le double standard caractéristique de la doctrine occidentale. Du coup, l'administration Biden a dû revoir sa copie et tenter de donner le change, en insistant médiatiquement sur le fossé qui existerait entre le président-candidat et le Premier ministre extrémiste israélien. D'où des appels du pied, de plus en plus affichés, que conforte une critique, sans doute mesurée elle aussi, des exactions sionistes qui ont fait, sept mois durant, plus de 33 175 martyrs à Ghaza, enclave palestinienne totalement dévastée et où la population est en proie à la famine. Il reste exactement six mois pour la tenue de la présidentielle et Trump, loin devant Biden en terme de contributions à sa campagne électorale, veillera à ne pas laisser celle-ci s'enliser dans le bourbier du génocide poursuivi à Ghaza. Certes, il ne voit pas d'un mauvais oeil l'expansionnisme des colons juifs extrémistes que finance, notamment, Jared Kushner, partout dans les territoires palestiniens occupés mais il n'ira pas jusqu'à le proclamer sur tous les toits, en tout cas pas avant l'investiture promise.
