L'Expression

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Petites histoires autour de Marianne

A trop vouloir se piquer d'être le rédempteur de la laïcité, Manuel Valls s'est carrément emmêlé les pinceaux en clamant que «Marianne a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple! Elle n'est pas voilée, parce qu'elle est libre! C'est ça, la République! C'est ça, Marianne!» Oh, my God! Quelle emphase et quel lyrisme. Sauf que, n'en déplaise au Premier ministre de la France, Marianne n'est en rien l'allégorie de la femme, mais celle de la République. Et elle est apparue dès 1792, en pleine révolution contre la monarchie, sans nomination véritable jusqu'à l'avènement de la IIIème République, à un moment où la femme française était encore loin d'être libre, puisqu'elle n'avait aucun accès aux affaires publiques, démunie qu'elle était du droit de vote! Représentée sous deux aspects, l'un en révolutionnaire, debout, altière, tête couverte, l'arme en main et le sein nu, comme dans le tableau d'Eugène Delacroix, l'autre assise, la coiffe sage et l'air benoît avec des seins bien voilés, eh oui, déjà, Marianne est une appellation née de la juxtaposition des prénoms les plus répandus à l'époque, Marie et Anne, pour incarner un idéal républicain inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme. Un idéal dont il semble que Manuel Valls n'a qu'une idée très approximative. Il est vrai que son algarade, en plein délire autour du burkini, ne s'embarrasse que peu ou prou du respect de l'Histoire et des messages qu'elle véhicule. Ainsi, le raccourci grandiloquent finit-il par n'être qu'une pitrerie, une de plus, dans le cirque Amar des sorties médiatiques de tous ces hommes politiques en France qui ne se soucient guère d'éviter les amalgames meurtriers et les anathèmes tout droit sortis des croisades. En stigmatisant, l'air de rien, une communauté citoyenne forte de cinq millions de personnes, en particulier les femmes, en s'agitant dans tous les sens et en jetant, comme dit Alain Juppé, droit dans ses bottes, «de l'huile sur le feu» alors que les Français attendent un vrai débat sur les questions majeures qui les préoccupent, la relance de la croissance et de l'emploi, la prise en compte des forces vives marginalisées dont la jeunesse, le retour de la France à son ancrage politique gaullien, pour ne pas dire gaulliste, car on voit les dégâts nombreux que l'atlantisme d'un Sarkozy lui a infligés, depuis l'aventure stérile du soi-disant «printemps arabe». Les hommes comme Valls, Sarkozy, Estrosi et consorts rament à contre-courant de ces attentes, de ces revendications pourtant manifestes, au point que le ras-le-bol a atteint des niveaux alarmants depuis que gauche et droite ont opéré une surprenante cause commune au plan socio-économique. Ce ne sera sûrement pas Hollande qui dira le contraire, surtout au moment où son Brutus, un certain Macron sorti du néant, décide de lui porter le coup...fatal? Pour en revenir au sujet du burkini, référence à peine voilée au voile islamique et à d'autres attributs vestimentaires de la religion musulmane, que Valls sache qu'à aucun moment, Marianne n'est vue les cheveux affranchis, mais toujours tête couverte, le plus souvent par le bonnet phrygien des révolutionnaires. En ce temps-là, seules les femmes légères, pour ne pas dire prostituées, arboraient les «cheveux au vent»! Fallait-il sonner l'hallali contre sa coiffe qui s'apparente bizarrement au foulard islamique? Ou la déchoir de sa représentativité? Pauvre Marianne, pauvre France...

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