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L'école et les limites du LMD

Au moment où l'on ausculte le LMD, dix ans après son entrée en application, il aurait été, sans doute, plus positif de se pencher sur l'école et ses méthodes d'enseignement. Or, l'Ecole algérienne a formé des... analphabètes diplômés. C'est à peine un euphémisme de le dire tant l'écolier et l'étudiant algériens ne maîtrisent aucune des deux langues pédagogiques (arabe et français) usitées à l'école. Beaucoup de bruit a été fait récemment autour de la «darija» quand il fallait s'inquiéter de la manière avec laquelle la langue d'Al Moutanabi était enseignée. La presse et les médias en général peuvent témoigner de la difficulté à trouver des diplômés capables d'écrire en bon arabe et/ou en bon français. En fait, c'est exceptionnel de trouver cet oiseau rare. Il faut bien se l'avouer, le niveau et la qualité de l'enseignement des langues sont faibles, voire très bas. Cela découle en particulier du niveau piteux des enseignants qui transmettent (mal) leur peu de savoir. De fait, dès les premières années de l'indépendance, le vers était dans le fruit et rien n'a été fait par la suite pour rectifier les erreurs pédagogiques et stratégiques alors commises. Si la faiblesse du corps enseignant pouvait s'expliquer lors des premières années de l'indépendance par la pénurie d'enseignants formés - ce sont des bénévoles, souvent très jeunes, qui ont pallié ces manques et assuré les cours avec les moyens de bord - rien n'explique l'absence d'une véritable politique éducationnelle. La première victime en a été l'enseignement des langues. Ce qui devait être provisoire - faute de temps et de moyens - avait perduré, imprimant une dérive durable et pénalisante au système éducatif. C'est la parfaite maîtrise de la langue dans laquelle on enseigne qui donne à l'élève l'envie d'en savoir plus sur les sujets qui lui sont inculqués. Cela n'a pas toujours été le cas. Bien plus, l'avènement de l'école fondamentale, loin de rectifier la donne et remettre l'Ecole algérienne dans le bon sens et la trajectoire qui devait, aurait dû, être la sienne - former les hommes de demain - a aggravé la fracture de l'école avec son environnement naturel. Ainsi, on a formé dans le tas - c'est le cas de le dire - avec le résultat qu'on connaît, aggravé, si cela se pouvait, par l'apport d'enseignants de langue arabe (recrutés au Moyen-Orient - sans s'assurer de leurs capacités réelles) qui n'avaient pas le niveau requis. C'est là une des réalités de l'Ecole algérienne - taxée à juste raison de sinistrée - qui au final aura formé des analphabètes diplômés. Un éminent pédagogue faisait remarquer récemment que l'oeuvre de Sayed Qotb, salafiste égyptien - dont les livres sont interdits en Algérie - était étudiée dans les écoles algériennes. Ce n'est là qu'un hiatus parmi d'autres relevé dans la gestion d'une école en perdition. C'est tellement vrai, que nombreux, sont les dirigeants politiques, diplomates hauts fonctionnaires, chefs d'entreprises qui envoient leurs progénitures étudier à l'étranger. C'est là un des aspects du problème de l'enseignement que l'on refuse d'aborder, que l'on n'évoque jamais, quoique sachant que l'Ecole algérienne, formait tout ce que l'on veut, sauf les cadres dont l'Algérie avait, aurait besoin. D'excellents cadres, aussi étonnant que cela puisse paraître, ont malgré tout émergé de cette école endommagée et peu engageante. Mais, ceux-là qui ont réussi, nonobstant les obstacles, quittent vite l'Algérie pour partir ailleurs. Ainsi, des générations d'Algériens ont été sevrés de la connaissance et du vrai savoir. Aux côtés de ceux qui, vaille que vaille, terminent leur cursus, il y a ceux - ils se comptent en dizaines de milliers - qui s'arrêtent en cours de route accroissant la cohorte des malformés et des sans perspective d'avenir. Le tableau est sans doute sombre, mais reflète une réalité que l'on a toujours escamoté pour ne pas avoir à rendre de compte. S'est-on interrogé sur la valeur des diplômes délivrés par l'Ecole algérienne (du primaire à l'université) et leur compétitivité au niveau international? Cela explique en partie - au moins - le fait que les universités algériennes ne figurent même pas dans le top 5000 des universités dans le monde. Nous restons aussi à la traîne en Afrique et dans le Monde arabe. Cela aurait été rédhibitoire, si à la base, on avait construit l'école sur du solide, avec une politique éducationnelle claire et bien structurée. Si notre école est mal partie, comment voulez-vous que notre université - qui est l'aboutissement d'une décennie de formation dans les écoles et les lycées - soit performante à l'international alors qu'elle ne l'est pas au niveau national? L'échec du LMD est d'abord à imputer à une Ecole nationale qui n'a pas été à la hauteur de ses rôles et missions, qui n'a jamais disposé des moyens de la performance. Et nous n'évoquons pas les dégâts que cause Internet parmi les écoliers et les étudiants dont les cybercafés ont été les «vraies» écoles où nos enfants ont parfaitement maîtrisé le «copier-coller». Les limites du LMD sont d'abord à chercher dans une école qui a échoué à former les enfants qui lui ont été confiés.

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